L’observatoire national des dérives sectaires évangéliques, animé par des chrétiens évangéliques a publié un article intitulé « Créationnisme et dérives sectaires ».
« L’antique concile de Nicée de 325 après Jésus-Christ avait ainsi arrêté la confession de foi des chrétiens : « Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, Créateur de toutes choses visibles et invisibles ». Cette foi en un Dieu créateur est inscrite dès les premiers mots de la Bible : « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre. » (Genèse 1 :1). Cette foi des chrétiens, et déjà des juifs bien avant eux, n’a jamais posé de problème au sein des sociétés dans lesquelles ils ont vécu mais qu’en est-il aujourd’hui ?…
La Bible invite les croyants à croire que Dieu est le créateur plus qu’à le démontrer par des moyens scientifiques. Nous pouvons lire dans le Nouveau Testament : « C’est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été créé par Dieu. » (Epître aux Hébreux 11 :3) Ce n’est pas par une démonstration scientifique que le chrétien est « créationniste » mais c’est par la foi. Le « créationnisme » est une croyance et a toujours été une croyance. L’étude du monde par les scientifiques peut les amener à se poser des questions sur l’origine de la création. L’ONDSE, composé de membres d’Eglises évangéliques, représentant plusieurs dénominations, réclame son attachement à la Bible qui enseigne aussi à ce sujet : « Les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. » (Epître aux Romains 1 :20) La création, dans sa beauté, sa grandeur, sa complexité, est à elle seule un merveilleux moyen d’interpeller les hommes, non seulement sur le « comment » de l’univers mais aussi sur son « pourquoi ».
Nous ne pensons pas que le créationnisme en tant que « donnée de la foi évangélique » puisse être un comportement sectaire ou qu’il puisse favoriser un comportement sectaire. La résolution du Conseil de l’Europe doit néanmoins nous appeler à la vigilance et à la prudence. La laïcité est en France un espace de respect et de liberté, espace que tous doivent protéger et respecter. L’école laïque doit veiller à ne pas se laisser infiltrer par des enseignements non scientifiques, quelles que soient leurs provenances. L’introduction, cette année 2011, de la « théorie des genres » dans les manuels scolaires de l’éducation nationale a suscité de vives réactions du monde protestant évangélique mais aussi de la classe politique française, Jean-Marc Nesme, député de l’UMP, a même saisi la Miviludes soupçonnant une dérive sectaire. Si les évangéliques veulent que des enseignements du type de la « théorie des genres » n’entrent pas dans l’école laïque ils se doivent aussi de garder leurs propres croyances dans la sphère privée, en accepter la nature « religieuse » sans l’imposer comme une science certaine et absolue. L’extrémisme n’est pas un lieu d’échange, ni de dialogue, ni de respect, ni de liberté et il doit être combattu partout et quelles que soient les formes sous lesquelles il se manifeste. »(Ma mise en gras)
Cet article équilibré prend bien soin de définir sa compréhension du mot « créationniste »: la foi dans le Dieu Créateur et pas une démonstration scientifique de la création.
Je crains que l’article ne souligne pas assez toute l’ambiguïté du vocable « créationniste ». Dans la compréhension courante, ce mot évoque les mouvements d’origine nord américaine qui rejettent l’évolution en tant que théorie scientifique pour la remplacer par une autre théorie scientifique issue d’une lecture littérale de la Genèse.
Ainsi l’affirmation: « Nous ne pensons pas que le créationnisme en tant que « donnée de la foi évangélique » puisse être un comportement sectaire ou qu’il puisse favoriser un comportement sectaire. » perd un peu de son impact, parce que chacun la comprendra comme il entend!
Ainsi, sur le site blogdei, qui défend assez souvent des positions créationnistes du type « créationnisme de la jeune terre », il est fait mention de cet article avec un contresens évident :
Cette compréhension du sens général de l’article est visiblement erronée, car celui-ci n’est en aucun cas un « soutien des positions créationnistes » (au sens « scientifique » du terme) « face au Conseil de l’Europe », mais tout le contraire.
« Si les évangéliques veulent que des enseignements du type de la « théorie des genres » n’entrent pas dans l’école laïque ils se doivent aussi de garder leurs propres croyances dans la sphère privée, en accepter la nature « religieuse » sans l’imposer comme une science certaine et absolue. L’extrémisme n’est pas un lieu d’échange, ni de dialogue, ni de respect, ni de liberté et il doit être combattu partout et quelles que soient les formes sous lesquelles il se manifeste. »