Introduction ( Benoit Hébert) :
Josepha Faber Boitel, docteur et professeur en littérature, chrétienne engagée anime un blog que je vous invite à découvrir. Elle y partage ses réflexions dont certaines touchent de près les préoccupations de ce blog (création et évolution).
A réécouter :
Une émission qui aborde les découvertes de Darwin puis les créationnistes américains :
« La révolution Darwin« , Franck Ferrand, podcast Europe 1.
Alain Cirou, consultant scientifique d’Europe 1 ne manque de véhiculer l’image populaire mais fausse de la pensée de Darwin: le « hasard » serait en compétition avec l’existence d’un créateur. Ceux qui connaissent les écrits de Darwin savent bien que Darwin n’était pas athée mais agnostique, et que jusqu’à la fin, il fera part de sa perplexité à propos des conséquences « spirituelles » de ses découvertes.
Voici un extrait de l’excellente série d’articles écrits par Denis Lamoureux et publié sur ce blog dans la catégorie « Darwin ».
« Les écrits historiques révèlent clairement que Charles Darwin n’a jamais été athée. A travers sa carrière, le père de la théorie moderne de l’évolution a pris sérieusement en considération les implications religieuses de sa science. Pour cette raison, il a souvent intégré ses croyances dans sa théorie de l’évolution comme on peut le voir dans ses carnets de notes scientifiques, sa correspondance privée et ses publications professionnelles. Darwin apporte en particulier un aperçu théologique précieux et méritant toute considération au sujet du dessein intelligent révélé dans la nature, du problème de la douleur et de la souveraineté divine sur le monde. De plus, ce bref aperçu historique des croyances religieuses intimes de Darwin soulève des questions intéressantes pour nous aujourd’hui. »
« Je dirais peut-être que mon jugement fluctue souvent. Dans mes fluctuations les plus extrêmes, je n’ai jamais été un athée dans le sens de nier l’existence d’un Dieu. Je crois qu’alors que je vieillis,agnostique correspond le mieux à mon état d’esprit, mais pas toujours …Il parait absurde de douter qu’un homme peut être un Théiste ardent et un évolutionniste. » à J. Fordyce, 7 mai 1879
« Le darwinisme revisité » par Josepha Faber Boitel
L’approche agréable et efficace de Franck Ferrand offre une synthèse historique et un aperçu des mentalités du moment assez éclairants sur ce tournant scientifique.
Retrouvez Darwin puis l’Amérique protestante de 1925 confrontés en leurs époques respectives à une rupture entre leurs croyances religieuses et les découvertes scientifiques sur la théorie de l’évolution.
Darwinisme et créationnistes
De quoi mettre à jour ses connaissances sur Darwin qui aurait pu devenir médecin ou pasteur mais qui sera celui qui perturbe les convictions théologiques et scientifiques de son temps.
40 minutes audio pour passer du transformisme scientifique, précurseur du darwinisme, au créationnisme du 20ème siècle, devenu le « dessein intelligent » du Créateur à savoir le principe d’une sélection originelle des lois de l’univers afin de favoriser notre apparition.
Darwinisme et créationnisme.
Les intervenants rappellent avec raison la spécificité française, par opposition aux controverses américaines un tantinet caricaturales, qui consiste à ne pas opposer le darwinisme et le créationnisme sur le plan de la démonstration scientifique ni de la foi mais d’en traiter comme d’une question de sociologie des religions.
Ainsi se met en place une démarche dialectique permettant de progresser dans la compréhension de l’humain, plutôt qu’un antagonisme stérile avec des positions qui sont irréconciliables, du point de vue de la conviction personnelle, mais complémentaires du point de vue de l’évolution des mentalités.
Doutes et interrogations sur la scientificité du darwinisme sont d’ailleurs soulevés pour comprendre pourquoi le darwinisme est plausible.
Notamment grâce à une théorie que le darwinisme inclut dans son développement, un de ces corollaires dirions-nous, qu’est la théorie de la « réversibilité ».
Le Darwinisme et « la théorie de la réversibilité »
La réversibilité est l’idée selon laquelle le darwinisme ne se résume plus à une évolution dans l’espèce par la sélection naturelle. Cet aspect empirique d’adaptation à l’environnement ne prédomine plus en ce qui concerne l’espèce humaine.
Dans le cas de l’homme, la sélection naturelle cède le pas a une sélection sociale positive. Ainsi la réversibilité explique comment un instinct de conservation sociale, d’entraide entre individus, vient contrebalancer la sélection naturelle entre le plus fort et le plus faible, entre celui qui sait s’adapter et l’autre qui en est incapable.
La sélection naturelle par le biais de la sélection des instinct sociaux se donne une nouvelle orientation. Finalement, la théorie de la réversibilité, grande oubliée du darwinisme, redécouverte en 1980, aurait pu nous épargner bien des désaccords sur le rapport de l’homme à son animalité.
Ne pourrions-nous pas considérer qu’à un stade de l’évolution naturelle, l’homme sort de ce domaine de l’instinct de survie et de l’animalité pour entrer dans un système de connaissance de l’autre et de compassion ?
Nous serions alors un peu réconciliés avec Darwin qui, somme toute, n’a jamais voulu faire de nous des animaux évolués.
Pour aller plus loin, les scientifiques actuels, qui certes ne sont pas très conciliants avec les créationnistes, insistent sur les conséquences éthiques de cette théorie de la réversibilité. Actuellement, elle aboutit à une compréhension des relations humaines qui ré-sacralise, sans vouloir abuser de ce terme, l’alliance entre les hommes.
Au-delà du darwinisme : l’épigénétique et les relations humaines
Il faudrait poursuivre avec une réflexion sur les phénomènes de coopération dont traite l’épigénétique : les gènes, comme les espèces doivent être replacés dans leur relation aux autres gènes, aux autres individus et aux autres espèces, pour être compris. De sorte qu’il y a un effet d’inter-relation, comme au niveau des bactéries…
Ainsi l’épigénétique souligne l’interdépendance entre individus qui fonde les piliers de l’humanité dans le sens où je suis homme parce que je prends conscience et j’accepte une tendance ancrée en moi : mon besoin de l’autre et sa réciprocité chez autrui.
Aurions-nous une démonstration scientifique de l’amour du prochain ?
Vous pourrez vous forger votre propre opinion à partir des lectures proposées si vous voulez poursuivre cette première approche :
L’Effet Darwin
La Filiation de l’homme
Le Cinquième rêve
Le Dictionnaire du darwinisme et de l’évolution
Darwinisme et marxisme (une réflexion sur les liens possibles entre matérialisme historique de Marx et le matérialisme naturel de Darwin)
Du Pithécanthrope au Karatéka. La longue marche de l’espèce humaine.
J.F.B.