Crédit illustration : depositphotos image fourni par la NASA, modèle 3D.

 

Le James Webb nouveau est arrivé

Le 12 juillet dernier à 16h00 heure, heure de Paris/Madrid, s’est tenue une conférence de presse pour présenter les premières images (Voir ici sur le site de la NASA) du télescope spatial James Webb. Profitant d’un déplacement aux Etats-Unis, j’ai suivi sa transmission en direct depuis le « Phillips Auditorium » aux côtés d’une centaine de scientifiques du « Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics ».

On avait déjà Hubble dans l’espace. Maintenant, on a en plus James Webb !

 

Pourquoi Webb est-il mieux que Hubble ?

Quand on dépense 9 milliards de dollars pour un nouveau télescope, ce n’est pas pour qu’il soit juste un petit peu mieux que le précédent. Pourquoi donc Webb est-il bien mieux que Hubble ? C’est la première question qui m’est venue à l’esprit. Mes voisins y ont vite répondu.

  • Webb est plus grand. Le capteur de lumière de Hubble fait 4 m2. Celui de Webb, 25 m2. Webb collecte ainsi 6,2 fois plus de lumière.
  • Webb est mieux placé. Hubble est en orbite autour de la terre, à 550 km au-dessus de nos têtes. La terre elle-même lui cache donc une partie du ciel[1]. Comme le montre la figure ci-dessous (pas du tout à l’échelle), Webb est au Point de Lagrange L2, environ 1,5 millions de km à l’opposé du soleil. Le résultat est que aucune partie du ciel n’est jamais cachée à Webb.

 

telescope James Webb distance

 

  • Hubble est sensible à la lumière visible. Webb à la lumière infrarouge. Voir ici une très jolie comparaison des 2 gammes de sensibilité. L’infrarouge traverse mieux le gaz et la poussière qu’on trouve un peu partout dans l’univers. De plus, le décalage vers le rouge d’objets très lointains fait que leur lumière nous arrive vers l’infrarouge. Enfin, les objets « froids », comme les exoplanètes, émettent plutôt dans l’infrarouge.
  • Les instruments de détection infrarouge nécessitent une température basse et stable. L2 offre cela naturellement. Pas une orbite terrestre.

 

On veut faire quoi avec Webb ?

Ces points forts devraient permettre de progresser dans l’étude des cibles précédemment citées,

  • Univers lointain : premières étoiles et galaxies formées après le Big Bang, formation et évolution des galaxies.
  • Cibles « froides » : formation des étoiles et des planètes, systèmes planétaires extra solaires.

En attendant, les premiers images sont spectaculaires. Mes voisins, qui auraient toutes les raisons d’été blasés puisqu’ils passent leur vie à potasser ce genre de photos, ne pouvaient retenir des « oh » et des « ah » en découvrant les clichés de Webb. Les exclamations les plus fortes furent pour l’image ci-dessous. Pour comparaison, je mets la même, prise par Hubble. Sans commentaires.

 

Nébuleuse de la Carène, une région favorable à la création d’étoiles.

etoiles en formation nébuleuse de la Carène James Webb
Crédits : NASA, ESA, CSA, et STScI.

 

Hubble nébuleuse de la Carène
Crédits : NASA, ESA, and The Hubble Heritage. Team (STScI/AURA).

 

 

 


Notes

[1] Si la terre était un ballon de basket, Hubble serait à 2 cm de sa surface. Autant dire que pratiquement la moitié du ciel lui est cachée en permanence.