Luc Plateaux, ancien professeur de biologie animale et d’évolution à la faculté de Nancy a eu la gentillesse de me faire parvenir gracieusement un exemplaire de « Pour lire la création, l’évolution » aux éditions du Cerf. Il a coécrit cet ouvrage avec Christian Montenat, directeur de recherche au CNRS (géologie), et Pascal Roux, prêtre et Polytechnicien. Cet ouvrage est de très grande qualité, et j’en recommande l’étude.
Les catholiques me paraissent moins dérangés par la théorie de l’évolution que les protestants en général, et les (certains) évangéliques en particulier!
Nous sommes sur ce blog et sur celui de Bruno Synnott en pleine discussion à propos du péché originel.
Ce thème est traité rapidement mais en profondeur dans l’ouvrage ci dessus. Pour vous donner un avant-goût, voici quelques extraits.
« L’épreuve de la liberté et le drame du choix.
Nous choisirons de commenter le deuxième récit de la création, celui qui est appelé « yahviste », car c’est le seul qui comporte l’épisode fondateur de la tentation du Paradis, de la désobéissance et de l’expulsion du jardin d’Eden. Nous nous limiterons au chapitre 3 de la Genèse en rappelant que sa rédaction définitive se situe aux alentour de la chute de la monarchie judéenne au VIème siècle avant Jésus-Christ. Cette tradition yahviste, qui rapporte des éléments beaucoup plus anciens dont certains remontent à l’époque des patriarches, se caractérise par un style naïf et concret qui n’hésite pas à parler de Dieu en termes très imagés. »Ils entendirent la voix du Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin au souffle du jour. » (Genèse 3,8) »
Nous sommes entièrement en accord avec cette analyse soutenue par un très grand nombre de spécialistes de la Genèse.
« Pour bien comprendre la portée doctrinale du choix qui est proposé à nos premiers parents, il faut savoir que l’expérience d’Israël, modelée par la sortie d’Egypte et le long passage par le Désert, était structurée par un choix fondamental: bonheur ou malheur, vie ou mort, fidélité ou infidélité à l’Alliance…
Israël a vécu ce choix dramatique au long des siècles depuis Abraham…
C’est cette expérience de l’Alliance, et du choix, qui est épreuve et combat pour ou contre Dieu que l’on retrouve projetée aux origines dans le récit de la chute d’Adam et Eve. »
Les évangéliques n’ont pas l’habitude d’une telle approche du texte biblique parce que pour eux, le récit inspiré est une « révélation historique du passé ». C’est aussi tout le changement de perspective que Daras nous a proposé en ce qui concerne l’interprétation d’Adam par Paul dans le N.T.
« Ce récit nous éclaire sur la condition pécheresse de l’homme à la lumière de l’expérience de l’Alliance et des choix historiques dont Israël garde la mémoire, mais il ne peut être en aucune sorte la description fidèle du « commencement » de cette chute dont seules les conséquences sont connues. Si nous acceptons cette lecture, nous nous dégageons de la théorie ancienne du peccatum originans, c’est à dire péché-origine, supposé être la cause du peccatum originatum, c’est à dire péché originé. Or cette représentation ancienne, trop historicisée, de la faute d’Adam continue de peser chez nombre de ceux qui sont tentés, cédant au besoin de sécurité, par un retour à une lecture littérale, voire fondamentaliste de l’Ecriture…
Les conséquences de la rupture
Ne nous y trompons pas. Ce n’est pas parce que nous ignorions le comment de cette rupture, fruit du mauvais choix de l’homme, que nous ne pensons pas qu’il y a vraie rupture et tragique fossé entre Dieu et les millions d’hommes qui ont précédé Abraham. »
Ce livre fait partie des meilleurs ouvrages de synthèse existant sur ces sujets en Français!