Une petite tempête médiatique vient d’agiter le petit monde des écoles évangéliques suisses romandes.
« Suite à un article publié par l’agence de presse réformée Protestinfo, sept écoles chrétiennes de Suisse romande sont soupçonnées d’enseigner le créationnisme à la place de la théorie de l’évolution en cours de biologie. «
Ceci a mis en émoi le monde de l’éducation suisse et l’inspection officielle.
En réalité, on s’aperçoit que s’agissait au fond d’une tempête dans un verre d’eau basée sur un malentendu de vocabulaire!
« Ce qui a dû induire en erreur les journalistes, c’est certainement la « Déclaration sur la Création, la Bible, la science et notre réponse », à disposition sur le site de l’Association des écoles chrétiennes de Suisse romande : Instruire.ch. Au point 5, il est fait mention en titre des « différents modèles d’interprétation créationniste ». Contrairement à ce qu’une lecture rapide pourrait laisser entrevoir, le mot « créationniste » ne renvoie nullement ici à une compréhension littéraliste du texte biblique. Il s’agit simplement pour ces écoles de confesser leur attachement au fait que Dieu est le créateur de toutes choses. Et loin de trancher entre les différentes interprétations en vigueur dans le milieu évangélique (1), ce document rappelle que nos interprétations sont toujours secondes par rapport au texte biblique et que toutes sont sujettes à débat et à critique. En fait le mot « créationniste », choisi ici de manière malheureuse, serait avantageusement remplacé par « des origines du monde » ! »
Les cours de science correspondaient bien aux programmes officiels
« Nathalie Corboz, la directrice de l’Ecole chrétienne du Potier, à Oron, précise : «Nos enseignements sont basés sur les valeurs bibliques, mais il n’y pas de cours de créationnisme ! Nos cours de sciences sont les mêmes que dans les écoles publiques, ils suivent le Plan d’étude romand (PER). Et, selon le PER, tout ce qui concerne les origines de l’humanité est enseigné en histoire, pas en sciences. » En d’autres termes, l’enseignement donné dans cette école est conforme aux exigences légales. »
Je cite cette petite histoire parce qu’elle est révélatrice de l’importance du choix des mots et de toute l’ ambigüité dans l’usage de certains d’entre eux. Ainsi, le mot créationniste faisait uniquement référence au fait de croire dans un Dieu Créateur, et pas au fait de s’opposer aux découvertes de la science. C’est en fait l’usage « professionnel » de ce mot défendu par Denis Lamoureux dans son cours en ligne que je suis en train de traduire. Il n’hésite pas à se qualifier lui-même de « créationniste » et aussi d' »évolutionniste ». Pour beaucoup, ces deux qualificatifs sont tout simplement incompatibles. Pas pour Denis Lamoureux. Etre « créationniste » signifie croire au Créateur (ce n’est pas un concept scientifique). Etre évolutionniste signifie reconnaître l’évolution comme une théorie validée par les faits, ce n’est pas un concept philosophique. Nul doute que quelqu’un de mal informé ou de mal intentionné pourrait facilement détourner l’usage de ces mots et ainsi discréditer la position de Lamoureux! (et la nôtre puisque nous publions son cours en ligne!)
Comme le dit très bien Mike Poole dans son article sur les enjeux du débat création/évolution pour l’éducation des sciences, que nous avons publié sur notre site:
« Le problème avec le mot « créationnisme », c’est qu’il ne laisse plus de mot disponible pour les croyants qui désire s’identifier à la fois avec la croyance dans la création et prendre des distances avec la croyance dans une terre géologiquement récente. »
On peut donc être évangélique, croire au Créateur (je n’ose pas utiliser le mot « créationniste » 😉 ), et reconnaître la validité de l’évolution.
Qu’on se le dise!