Source: Sciences et avenir
La vision du mal commis par l’homme en raison de sa faculté unique de conscience développée par Françoise Héritier n’est pas sans résonance avec la vision biblique de la notion de péché. Le passé évolutif de l’homme n’est pas une excuse une mal!
Extraits choisis
« Françoise Héritier est anthropologue, professeure émérite au Collège de France. elle travaille notamment sur la parenté, les systèmes d’alliances et la question du genre. elle est l’auteure de Masculin/Féminin: dissoudre la hiérarchie.
Que dit-on de l’Homme ? On répond spontanément à cette question qu’il est à la fois un animal comme les autres et unique en son genre. Le seul à se tenir debout, capacité considérée par la philosophie comme le point d’ancrage de la conscience. Le seul à avoir développé des mains préhensiles, un grand cerveau, un gosier apte au langage.
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A ces caractéristiques et à d’autres que nous pouvons subsumer sous l’idée de conscience (de soi, des autres, du monde), j’en ajoute volontiers une nouvelle, qui me paraît à la fois irréductible et condensant en un point précis l’ensemble de ces différences: l’Homme est la seule espèce où les mâles tuent les femelles de leur espèce.
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C’est parce que l’Homme pense, érige des systèmes de pensée intelligibles et transmissibles, qu’il a construit le système validant la violence jusqu’au meurtre à l’égard des femelles de son espèce, qu’il le légitime et continue de le transmettre. L’Homme est donc, certes, doué de raison, mais c’est justement cette capacité qui le conduit à avoir un comportement déraisonnable.
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C’est parce que l’Homme est un produit de la culture que, seul parmi les espèces animales, il pense avoir le droit de frapper ou de tuer des femmes dont il pense qu’elles sont à sa disposition. Mais c’est aussi, puisqu’il ne s’agit pas d’une «nature» contraignante de l’Homme, une raison de croire en la possibilité d’un bouleversement radical de ces représentations archaïques infondées parvenues jusqu’à nous. «