Un mot d’introduction

Par Marc Fiquet, Webmaster de Scienceetfoi.com

Dans l’article les semeurs de doute, publié par Antoine Bret, nous avons été  interpellé dans les commentaires sur un sujet qui revient de temps à autre dans les discussions à propos du réchauffement  climatique, les températures moyennes du globe seraient stables ces vingt dernières années donc le réchauffement climatique est un leurre. Malheureusement un dialogue constructif n’a pas pu s’établir avec notre détractrice sur l’article précédent, nous avons donc choisi d’en faire un article à part entière pour que chacun puisse disposer des éléments concrets touchant à ce qui est une fois encore de l’information falsifiée et mal comprise.

Je laisse donc la parole à Antoine Bret, physicien chercheur et enseignant en université sur la thématique énergie/climat, répondre à ce sujet avec le style qui le caractérise 😉


C’est l’un des arguments zombies qui hantent le soi-disant débat sur le réchauffement climatique. Zombie, car il est mort, mais bouge encore :

Les températures seraient stables ces vingt dernières années
exit le réchauffement climatique !

Voici une série de graphes tirés du site de la NASA pour la plupart, sur lesquels j’ai repéré l’année 1998 (parfois 2002) par une ligne rouge. De graphes similaires se retrouvent par exemple sur le site du MetOffice anglais.

Un petit dessin valant mieux qu’un long discours, voyons donc en image si le réchauffement climatique s’est arrêté en 1998.

La banquise Arctique a-t-elle donc cessé de maigrir depuis 1998 ?

Non.

Et la masse de la banquise Antarctique, est-elle stable depuis 1998 ?

Que nenni.

Et la masse de la banquise du Groenland, rien depuis 1998 ?

Balpeau ! (traduction)

Et le volume total des glaciers du globe (Alaska, Alpes, Himalaya…), encéphalogramme plat depuis 1998 ?

Niet.

Et l’énergie contenue dans les océans, a-t-elle cessé de monter depuis 1998 ?

Nein.

Energie contenue dans les océans, mesurée selon diverses méthodes, par 5 équipes différentes[1].   Source

Et la température globale. Stable depuis 1998 ?

Ben non.

Les données parlent d’elles-mêmes. Tous les indicateurs continuent dans le même sens depuis 1998.

D’où vient donc cet argument zombie ? Probablement du fait que l’épisode « El Niño » 1998 était assez fort, ce qui a produit une année plus chaude que ses voisines.

Un peu comme le 4 avril 2017 à Lausanne fut bien plus chaud que les jours suivant[2], comme le montre le graphe ci-dessous. Nos amis helvètes étaient-ils pour autant en droit de décréter que la terre s’est arrêtée de tourner autour du soleil, paralysant le cycle des saisons ? Bien sûr que non.

Température journalière à Lausanne en 2017. Source.

On le voit, les 2 ingrédients de « l’argument 1998 » sont:

1 Se concentrer uniquement sur les quelques années de la courbe de température globale suivant 1998, en oubliant soigneusement la tendance globale. Ne montrer, ou ne faire semblant de voir, que la partie orange de la courbe de température globale ci-dessous (c’est exactement la même que celle qui figure au-dessus)

2 Oublier tous les autres indicateurs du réchauffement

L’amnésie de ses concepteurs est remarquable. Mais malheureusement pas leur probité intellectuelle. Il appariement à chacun de rester vigilant dans le flots d’informations « légères » et de contre vérités que véhicule la jungle internet.


[1] Cheng et co-auteurs (CHEN), Pacific Marine Environmental Laboratory (PMEL), Meteorological Research Institute (MRI), National Centers for Environmental Information (NCEI) et Atmospheric Potential Oxygen (APO).

[2] Il fallut attendre plus d’un mois, le 15 mai, pour trouver un jour plus chaud.