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Quelques commentaires à propos de la "Genèse revisitée?" par Serge Tarassenko


Nous poursuivons en toute amitié fraternelle et franchise quelques commentaires suggérés par l’article du physicien bien connu Serge Tarassenko à propos de la Genèse. Notre désaccord à propos de quelques points secondaires ne saurait occulter le fait que nous sommes d’accord sur l’essentiel!

 

« LA GENESE RE-VISITEE? » 

« Et c’est dans ce remarquable texte des premiers chapitres du livre de la Genèse que l’essentiel de l’oeuvre divine pour rendre cette rencontre réelle est déjà exposé, bien avant les écrits de la Bonne Nouvelle, celle des Évangiles. J’aimerais mettre en évidence trois versets pour illustrer mon propos.

Tout d’abord, dans Genèse 1 verset 2, nous lisons : “La terre était informe et vide ; il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux”. Sans entrer dans une analyse détaillée de ce verset, arrêtons-nous aux mots du début, c’est-à-dire, “la terre était informe et vide” :
• la “terre” ce n’est pas notre planète, c’est le monde de la matière, qui, au tout début, immédiatement après le “big-bang” était limité à la particule X, bien avant l’apparition des protons et des électrons. »

Serge Tarassenko fait ici clairement une projection des connaissances scientifiques modernes sur le texte biblique, ce qu’on appelle du « concordisme scientifique ». La plupart des spécialistes de l’A.T. (et ils m’ont convaincu) pensent au contraire que le Saint Esprit n’a jamais cherché à dépasser le niveau « scientifique » des auteurs inspirés mais qu’il s’est servi de leurs connaissances anciennes du monde qui les entourait. C’est tout l’objet de la rubrique Bible et science de ce blog. Pour les anciens, la terre est plate…Plutôt que de comparer le texte biblique à la science moderne, il faut le comparer aux récits babyloniens et égyptiens de création du monde, pour « calibrer » le genre littéraire dans son contexte historique et culturel…

 

 « Quant aux mots “informe et vide”, ils sont la traduction du mot composé hébreu “tohou-bohou” : “tohou” veut dire “vide de sens” ainsi que “désolation”. Cette dernière caractérise l’état d’âme d’un observateur fictif qui aurait découvert que, malgré l’impressionnante et très rapide formation de l’Univers, on ne pouvait distinguer le sens ultime de cette structuration de l’univers. »

De même, les anciens ignorent tout de « la très rapide formation de l’Univers »et du Big Bang. Pour eux, le ciel est dominé par le « firmament » (Genèse 1 :6), dôme solide qui retient les eaux d’en haut qui seront relâchées lors du déluge, et au dessus desquels Dieu a sa demeure (« les cieux au dessus des cieux »)

 

« L’existence même de l’être humain, bien qu’apparaissant beaucoup plus tard, allait être marquée par ce vide, cet immense point d’interrogation existentiel. On aura beau jouir de l’existence, où tout cela, y compris notre mort, nous mène-t-il ? “bohou” veut littéralement dire “en lui, c’est”.[…] »

La plupart des spécialistes de l’A.T. nous explique que Dieu doit résoudre deux problèmes à partir de la situation de chaos initial, celle du désordre « tohu », ce qui sera fait lors des trois premiers jours de « séparation », et celle du vide « bohu », lors des trois derniers jours. C’est ce qui donne sa structure poétique au premier chapitre de la Genèse.

 

«
Ensuite, comme deuxième point fort, lisons le passage du livre de la Genèse, chapitre 1 verset 31, qui montre l’oeuvre divine effectuée, après avoir donné un sens à toutes choses, pour amener la créature humaine à trouver la porte d’entrée dans ce sens à toutes choses. Nous y trouvons ces mots: “Dieu vit tout ce qu’Il avait fait ; et voici cela était très bon”. Arrêtons-nous ici aux mots “très bon” de la dernière phrase.
• en hébreu : “tov meod”, littéralement “bon très”.
Cette inversion des mots “très bon” est utilisée dans le texte original pour souligner le fait que le mot important de cette juxtaposition est le mot “très” (“meod” en hébreu). Comme les rabbins le rappellent, “meod” vient de “maveth”, qui veut dire “mort”. Ainsi le “très bon” signifie “bon, grâce à la mort” (“c’est bon, la mort”, littéralement en hébreu). L’adjectif “bon” utilisé plusieurs fois dans le chapitre premier de la Genèse montre la “conformité avec le dessein divin de ce qui apparaît”. “Dieu vit que cela était bon”, c’est dire que Dieu se réjouit de constater que tout est exactement en accord avec ce qu’Il avait projeté de faire. Mais cette fois-ci, parvenu à la fin de la dernière étape de son ouvrage, Dieu se réjouit encore davantage. Parce que la “mort” fait partie intégrante de cet ouvrage. Mais s’agit-il ici de la mort physique, (“sommeil” en hébreu) comme le pensent les commentateurs (rabbins) ? Non, et les Juifs érudits ne pouvaient le discerner. Il s’agit du décès à la Croix du Calvaire, cette mort du Christ dans laquelle ont été associées toutes les générations humaines. Cette mort ouvre la porte d’entrée dans la nouvelle création, la seule qui dure éternellement. La tragédie de la Croix prolonge ainsi, nous dirons “parachève”, l’oeuvre de la création narrée dans le début de la Genèse. Cette dernière, grâce à cette mort, est transformée en réalité éternelle. »

Ce lien entre le « très bon » qui signifie « très bon, grâce à la mort » est un aspect très intéressant du texte. Le Saint–Esprit a-t-il vraiment voulu faire allusion à la croix du Christ par cette expression, ou bien au fait que la mort physique fait effectivement partie du projet de création…? Il est clair en tout cas que l’interprétation donnée Serge Tarassenko aurait échappé à l’auteur inspiré ainsi qu’à ses premiers auditeurs.

L’allusion à la mort du Christ et à la promesse d’un messie me paraît plus évidente dans la prophétie concernant la « postérité de la femme » qui « écraserait la tête du serpent ».

 

Poursuivons notre lecture ( en sautant un paragraphe)
 « Finalement, et c’est ici que se trouve mon troisième point saillant, la lecture du verset 9 du 2ème chapitre de la Genèse nous présente “l’arbre de la vie”, mentionné avant même celui de la “connaissance du bien et du mal”. Le mot “arbre” (“ets” en hébreu) est utilisé plus de trois cents fois dans l’Ancien Testament. Il peut également prendre plusieurs significations. Tout dépend du contexte dans lequel il est placé. On pouvait laisser le choix de la signification aux interprètes qualifiés. Comme nous l’avons vu au début, il est probable que ce choix se montrera brillant sur le plan académique. Néanmoins il sera le reflet d’une investigation purement cérébrale, et se projettera comme tel. Il est vrai que l’intelligence humaine ne peut que fournir une interprétation. Toutefois, et c’est ici que réside une différence capitale, l’interprétation peut être motivée et conduite par l’Esprit Saint. De ce fait elle s’aligne parfaitement sur le sens profond donné aux mots bibliques par l’Esprit de Dieu, Celui-là même qui a présidé à l’énoncé des Saintes Ecritures en inspirant directement ceux qui ont participé à la rédaction des Saintes Lettres.

C’est ainsi qu’il m’a été donné le privilège de rechercher dans l’Esprit le sens et la place du mot “arbre” dans l’harmonie et la cohérence cachées des Ecritures. Et sans cesse j’ai été ramené au sens des paroles trouvées dans Deutéronome chap. 21, versets 22 et 23. En bref, les mots “arbre” de Genèse chap. 2 verset 9 et “bois sur lequel on pend le condamné”, le “gibet” en quelque sorte, ont un seul et même sens. Ainsi dans ce verset 9 de Genèse 2, les mots “arbre de vie” peuvent être également interprétés spirituellement par les mots “arbre sur lequel est pendu le condamné et d’où sortira la vie éternelle” (voyez aussi Genèse 3:22). N’est-ce point là la Croix du Calvaire, qui se révèle ainsi comme réalité invisible présente dans notre histoire dès son commencement ?[…] »

D’autres auteurs ont aussi donné cette interprétation de l’arbre de la vie comme préfigurant la croix du Christ. Cet arbre que l’on retrouve dans la description donnée par Jean dans l’Apocalypse…et qui renforce bien sûr le caractère symbolique de l’arbre de la vie de la Genèse. J’aime aussi beaucoup la suite de la conclusion de Serge Tarassenko qui place la Genèse dans le grand schéma biblique de l’Histoire

 


« En résumé, ce qui est extraordinaire dans le texte biblique en considération (chap. 1 et 2 de la Genèse), c’est la place donnée à ce qui fera le sens de l’Histoire et la force motrice de son déroulement. Un déroulement qui amènera l’Histoire, donc notre histoire personnelle, dans une apothéose de vie éternelle, en union totale avec Dieu : Père, Fils et Saint-Esprit.
[…]
 « Que devient alors le débat créationnisme-évolutionnisme dans un tel contexte ? Certes, intéressant sur un plan académique, toutefois source de conflits intellectuels, et pouvant conduire à des conclusions à caractère dogmatique, voire totalitaire. Et tellement aveugle quant au sens ultime des choses. »

Il est clair qu’un débat purement scientifique sur les origines est incapable de nous faire comprendre le « sens ultime des choses ». Pourtant, il serait inutile d’en faire le reproche à la démarche scientifique, puisque ce serait lui demander de sortir de son cadre ! Affirmer que l’homme est biologiquement issu d’un processus évolutif n’a rien de dogmatique ni de totalitaire, il s’agit d’une conclusion purement scientifique, étayée par des millions de preuves, génétiques en particulier. Il s’agit donc de remettre chaque domaine de connaissance dans son cadre, à la science la description des phénomènes biologiques, et donc du mode physique de création choisi par Dieu. A la révélation biblique le soin de nous révéler ce « sens ultime des choses ». Mais n’opposons pas ces deux modes de connaissances complémentaires comme semble le suggérer Serge Tarassenko.

 

Il est bon de conclure sur une déclaration d’unité de tous les chrétiens, et j’en laisse le soin à Serge Tarassenko qui conclut magnifiquement !

 « Merci au Seigneur, Père Fils et Saint-Esprit, pour nous révéler, dans les Saintes Ecritures, et ceci dès les deux premiers chapitres du livre de la Genèse, l’extraordinaire réalité de Son dessein pour la création et Sa créature. Une réalité centrée depuis toujours sur le Christ et la Croix qui libère. N’est-ce point là une démonstration sans ambiguïté de Son Amour infini et de Sa Sagesse éternelle ? »


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