L’évolution est en effet une théorie, mais ce mot doit être compris au sens scientifique du terme et non dans le sens populaire d’une simple opinion ou d’une hypothèse peu fondée. L’évolution (c’est-à-dire le fait que les espèces vivantes partagent un ancêtre commun et descendent biologiquement les unes des autres) est aujourd’hui un fait soutenu par une accumulation considérable de données concordantes et indépendantes.
La difficulté de prouver l’évolution au grand public, c’est de lui faire prendre conscience de l’abondance, la diversité et la pertinence de ces preuves dans des domaines aussi variés que la génétique, l’anatomie comparée, l’embryologie, les fossiles, la répartition géographique des espèces passées et présentes…
Les scientifiques continuent d’affiner leur compréhension des mécanismes très complexes de l’évolution, mais ils n’ont pas plus de doute à propos du fait qu’elle a eu lieu (et continue d’ailleurs) qu’ils ne doutent du fait que le soleil attire la terre par la gravité, sans que l’on ait pu savoir exactement comment pendant des siècles après les premières formulations de la théorie de la gravité.
Cet article est très modeste dans son ambition, il s’agit ici simplement de citer les domaines d’investigation qui prouvent l’évolution. Il existe d’excellents ouvrages de vulgarisation scientifique permettant de découvrir ces preuves.
– Benoit Hébert
La répartition géographique des espèces
La preuve la plus simple à saisir, et celle qui a frappé Darwin en premier, concerne la répartition des espèces vivantes sur le Globe. Lors de son voyage autour du monde à bord du Beagle, Darwin remarque que les espèces présentes sur les îles Galápagos sont différentes mais très voisines de celles présentes sur le continent le plus proche : l’Amérique du sud. Les espèces ne sont pas réparties au hasard sur la terre. Les espèces qui se ressemblent morphologiquement sont toujours géographiquement voisines, mais presque toujours séparées l’une de l’autre par un large fleuve, une forêt, un désert. Or, à une certaine époque, certains individus ont franchi cette séparation pour aller fonder une nouvelle colonie, et l’espèce s’y est modifiée progressivement. On explique ainsi la présence des marsupiaux en Australie (kangourous, koalas …), des lémurs à Madagascar, de la faune et de la flore des îles comme Hawaï ou la Nouvelle Zélande, ou encore, la présence d’espèces marines « sœurs » de part et d’autre de l’isthme de Panama qui s’est refermé il y a sept millions d’années environ. On comprend aussi pourquoi certaines espèces ne sont pas présentes dans certains endroits, alors que l’environnement se prêterait tout à fait à leur développement.
L’ordre des fossiles et les chaînons présents
En allant des couches géologiques les plus anciennes aux plus récentes, on retrouve toujours les fossiles dans un ordre qui confirme l’évolution : les premières cellules, les premiers poissons, sans mâchoires puis avec mâchoires, les premiers batraciens, les reptiles, les mammifères. Beaucoup ignorent que l’on dispose aujourd’hui de beaucoup de fossiles intermédiaires que certains qualifiaient parfois de « chaînons manquants ». Des poissons aux premiers tétrapodes (premiers animaux terrestres à quatre membres), des dinosaures aux oiseaux (Archéoptéryx), des reptiles aux mammifères, des mammifères terrestres aux mammifères marins (Basilosaurus), des hominidés à l’homme moderne… Pour contredire l’évolution, il suffirait de trouver un fossile au mauvais endroit, par exemple le fossile d’un mammifère au Cambrien.
Les fossiles et la dérive des continents
Les continents que nous connaissons aujourd’hui se sont regroupés à plusieurs reprises dans le passé. Ce qu’illustre, par exemple, la forme complémentaire de l’Amérique du sud et de l’Afrique, qui continuent de s’éloigner l’une de l’autre de quelques centimètres tous les ans. Certains fossiles (Cynognatus, Mesosaurus) sont présents dans certaines zones de ces deux continents qui formaient clairement des bandes de terre lorsqu’ils étaient soudés. Après la séparation, on observe des fossiles d’espèces qui divergent peu à peu de façon différente à cause de leur isolement géographique.
Les vestiges d’organes et les « atavismes »
Les organes vestigiaux sont des organes aujourd’hui sans fonction, mais qui en avaient une chez certaines espèces ancestrales. Par exemple le coccyx chez l’homme est clairement le vestige d’une queue chez un primate ancêtre de l’homme. Certains oiseaux (kiwi, autruche…) sont incapables de voler mais disposent de vestiges d’ailes. Des serpents et les baleines ont des vestiges de pattes arrière sous la peau, parce que leurs ancêtres en avaient pour marcher à quatre pattes.
Parfois, certains gènes habituellement inactifs sont accidentellement réactivés. Des membres réapparaissent chez certains individus et rappellent ainsi le passé évolutif de l’animal. Une baleine a été pêchée avec une patte arrière, des dauphins avec des membres arrière, des enfants humains avec des queues que l’on peut heureusement opérer…
Les fossiles de l’ADN
La lecture complète des codes ADN de plusieurs espèces, dont l’homme, dans les années 2000, a confirmé l’évolution de façon très convaincante. L’ADN de chaque organisme contient de multiples traces de son passé évolutif. Ce sont les « fossiles de l’ADN », c’est-à-dire les mutations qui n’affectent pas la bonne santé de l’organisme, et qui peuvent ainsi être transmises de génération en génération. Certaines de ces mutations sont si rares que tout organisme qui les porte descend très probablement d’un même ancêtre ayant pour la première fois connu cette mutation. En analysant ces milliers de mutations différentes, les généticiens peuvent reconstituer les relations de parentés entre les organismes, et les comparer aux données complètement de la biogéographie ou de la paléontologie.
D’autres types de preuves
La place manque pour évoquer comment la comparaison anatomiques des espèces passées et présentes confirme l’évolution. L’étude du développement d’embryons très semblables au début (morue, poulet, humain) montre qu’ils divergent progressivement lors de leur développement, pour être finalement très différents à la naissance. À l’état embryonnaire, tous trois développent des fentes brachiales qui disparaîtront chez l’homme et le poulet, mais pas chez la morue… C’est bien le témoignage d’un passé évolutif aquatique commun. Nous descendons tous des poissons !
Conclusion :
Dans une perspective science et foi, tout ceci peut paraître incroyable à plusieurs. Pourquoi Dieu aurait-il choisi un tel mécanisme pour créer les hommes à son image ? Nous l’ignorons, mais Dieu le sait. Cela ne change rien à ce que nous sommes aujourd’hui. Cela bouscule peut-être notre lecture des textes bibliques, mais ces textes inspirés sont plus que jamais nécessaires pour nous révéler que Dieu nous a créés et qu’il nous offre la vie éternelle dans la personne et l’œuvre de Jésus-Christ !