Introduction (Science & Foi)
Les éditions de la Ligue pour la lecture de la Bible ont publié en 2003 une traduction d’un livre de Phillip Johnson, leader du mouvement de l’Intelligent Design (I.D.): Comment penser l’évolution?
En 1996, une traduction de Darwin on Trial : Le darwinisme en question était déjà sorti chez Exergues. Phillip Johnson est un juriste. Depuis plus de trente ans, il enseigne le droit et l’argumentation juridique à Berkeley, Université de Californie. Voici une citation de Philipp Johnson figurant au dos de « Comment penser l’évolution? » résumant son état d’esprit et son combat au sein du mouvement de l’I.D.:
« Nous devons tous pouvoir tirer profit des possibilités de s’instruire que notre société nous offre, mais nous devons aussi pouvoir nous protéger de l’endoctrinement du naturalisme qui accompagne si souvent l’enseignement donné. En effet, les manuels pédagogiques tiennent désormais le naturalisme évolutionniste pour acquis, et ils présupposent donc une réponse fausse à la question la plus fondamentale qui se pose à nous: y a-t-il un Dieu qui nous ait créés et qui s’intéresse à ce que nous faisons? Nous devons résister à cet endoctrinement, il nous faut donc savoir ce que les écoles publiques ne sont pas autorisées à enseigner. C’est la tâche principale de ce livre. »
Tous les chrétiens croient que Dieu a conçu et créé le monde et la vie, cela en fait-il pour autant des partisans du mouvement de l’I.D.? Tous les chrétiens s’accordent pour dénoncer les utilisation philosophiques malhonnêtes de la théorie de l’évolution, pourtant tous s’accordent-ils avec Phillip Johnson pour rejeter l’évolution en tant que mécanisme choisi par le Créateur pour créer les espèces vivantes?
Ce débat est assez subtil pour des chrétiens non avertis et il est source de beaucoup de confusion. Pour ceux qui cherchent de vraies réponse à cette question, je recommande vivement la lecture de « Darwinism Defeated? », le débat entre Phillip Johnson et Denis Lamoureux à propos des origines biologiques, préfacé par le théologien J.I. Packer du Regent College (Canada), paru chez Regent College Publishing.
Le phénomène Phillip Johnson et le mouvement de l’ « Intelligent Design » : les évangéliques sont-ils en train d’hériter du vent ?
Denis Lamoureux, Université d’Alberta.
Denis O. Lamoureux est professeur assistant de science et de religion, au Collège St Joseph, à l’Université d’Alberta. Sa nomination à ce poste est le premier cas de titularisation dans cette discipline au Canada. Il détient trois thèses d’état (dentisterie, théologie et biologie). Lamoureux soutient que, si les limites du christianisme évangélique et de la biologie évolutive sont respectées, alors les relations qu’elles entretiennent sont non seulement complémentaires mais aussi nécessaires. Il est membre du conseil de direction de l’American Scientific Affiliation du Canada et membre de l’ASA (American Scientific Affiliation). Denis Lamoureux est l’auteur de Evolutionnary Creation : A Christian Approach to Evolution (2008), et I Love Jesus and I accept Evolution (2009).
Leader du mouvement de l’Intelligent Design (ou « dessein intelligent »), Phillip Johnson est aujourd’hui l’évangélique anti-évolutionniste le plus important au monde. Dans son livre Defeating Darwinism, il compare la controverse moderne évolution/création au film Héritiers du Vent. Sous forme de fiction, ce film raconte l’histoire du procès « Scope » qui, en 1925, a impliqué un professeur d’école accusé d’avoir enseigné la théorie de l’évolution à ses élèves. Selon Johnson, « Héritiers du vent est un chef d’œuvre de propagande, faisant la promotion stéréotypée du débat public à propos de la création et de l’évolution en donnant toutes les vertus et l’intelligence aux Darwinistes. » Il affirme que ceux qui succombent à une telle propagande héritent du vent. Mais cet argument peut fonctionner dans les deux sens. Ce pourrait-il que les livres anti-évolutionnistes de Johnson soient « des chefs d’œuvre de propagande, faisant la promotion stéréotypée du débat dans les églises évangéliques à propos de la création et de l’évolution, en donnant toutes les vertus et l’intelligence à lui-même et à ses collègues anti-évolutionnistes ?». Plus précisément, la popularité de l’anti-évolutionnisme de Phillip Johnson serait-elle un exemple dans lequel les évangéliques ont hérité du vent ?
Cet article examine les principes fondateurs de la pensée de Johnson, ses techniques rhétoriques et ses suppositions théologiques. Il se termine par des considérations pastorales à propos du débat sur les origines et répond à la question posée par le titre.
I. Les principes fondateurs de Johnson
Principe n°1 : L’invasion du naturalisme et du matérialisme philosophiques
Johnson affirme que la religion « non officielle » du monde moderne dont la science, la loi et l’éducation se font le reflet est le naturalisme ou le matérialisme. Il utilise ces termes de manière interchangeable et les définit comme la vision du monde qui voit la réalité uniquement en terme de « particules fondamentales qui forment la matière et l’énergie. » (1). C’est-à-dire un monde dans lequel il n’y a pas de Dieu. Cette façon de dénoncer le matérialisme et le naturalisme mérite qu’on s’y intéresse sérieusement. Alors que la science est élevée au rang de valeur culturelle et intellectuelle dans nos sociétés modernes, Johnson pointe à juste titre des exemples dans lesquels la science est élevée au rang de religion. Mais pour être tout à fait juste vis-à-vis de ceux qui l’ont précédé, il ne s’agit pas là d’une observation bien originale parce que beaucoup d’autres ont reconnu que la science peut être transformée en une vision athée du monde souvent appelée « scientisme » ou « matérialisme scientifique ».
L’affirmation de l’invasion du naturalisme et du matérialisme philosophiques doit être analysée. Par exemple, la communauté scientifique est-elle aussi « naturaliste » ou « matérialiste » qu’il le dit ? En ce qui concerne l’origine de la vie, Johnson a-t-il raison d’affirmer que les scientifiques modernes et les enseignants sont « absolument insistants sur le fait que l’évolution est un processus non dirigé et sans but, et que notre existence est donc fortuite plutôt que planifiée ? » (2). La preuve du contraire est fournie par Larson et Witham qui rapportent dans le prestigieux journal scientifique Nature que 4 chercheurs américains sur 10 croient en un Dieu personnel. Plus précisément, un sondage effectué en 1996 auprès de 1000 d’entre eux révèle que 40% souscrivent à l’affirmation suivante :
« Je crois en un Dieu qui est en communication affective et émotionnelle avec l’humanité, c’est-à-dire un Dieu que l’on peut prier en s’attendant à une réponse. Par « réponse », je veux parler de plus qu’un effet subjectif ou psychologique de la prière. » (3)
En conséquence, puisque la théorie biologique de l’évolution est le seul paradigme ayant cours dans le monde scientifique, il est raisonnable de penser qu’un nombre significatif de scientifiques américains croient que Dieu a créé les différentes formes de vie au travers d’un processus évolutif téléologique (avec un but). En 1994, un sondage CSA réalisé auprès des chercheurs français du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) montre que 70% s’accordent à penser que la science ne peut à ce jour exclure ou réhabiliter l’idée de Dieu et que 50% d’entre eux déclarent avoir la foi ou quelque chose qui s’en rapproche.
Ainsi Johnson a tout à fait raison de dénoncer des exemples flagrants dans lesquels le matérialisme et le naturalisme philosophiques sont indûment imposés à certains secteurs de la société. Pourtant, il déforme la situation en exagérant l’importance de l’« invasion conspiratrice » de ce point de vue philosophique. Il a tout simplement tort en affirmant que le matérialisme et le naturalisme sont nécessairement associés à la théorie biologique de l’évolution, ou que la communauté scientifique moderne a accepté universellement cette vision du monde sans objectif.
Principe n°2 : La conception intelligente dans l’Univers
Johnson a raison d’affirmer que la conception complexe de notre Univers est la preuve de l’existence d’un « Concepteur Intelligent ». La preuve de l’impact puissant que cette conception intelligente du Créateur dans la nature a sur l’esprit humain se retrouve tout au long de l’histoire des idées. Le fait que cette conception intelligente mette en évidence l’existence d’un Créateur n’est pas une idée spécifiquement chrétienne, mais transcende les cultures et les époques – des psalmistes hébreux jusqu’aux physiciens du XXème siècle en passant par les philosophes grecs. L’argument de la « conception intelligente » est l’un des plus puissant et des plus largement utilisés pour « défendre » l’existence de Dieu. Les Écritures Saintes affirment clairement cette notion dans le Psaume 19 et dans Romains 1.
Ces 20 dernières années, un groupe de théoriciens assez disparate formant le mouvement de l’ «Intelligent Design » s’est fait connaître dans les milieux évangéliques Américains avec Johnson à leur tête. Ils ont introduit une tournure particulière dans la notion de « conception intelligente » – celle de complexité irréductible. Ils affirment que certaines structures biologiques sont arrangées de telle manière qu’il est impossible qu’elles se soient développées par un mécanisme naturel tel que l’évolution. Pour rendre compte de l’existence de telles structures irréductibles, il est nécessaire que Dieu soit intervenu directement et miraculeusement à un moment donné au cours de l’histoire de la vie. C’est ce qu’on appelle le créationnisme progressif.
Cette position est une nouvelle version du « Dieu bouche-trous » (God-of-the-Gaps). Le problème avec cette vision de la nature et de Dieu est que lorsqu’on découvre les processus naturels qui permettent d’expliquer la création de ce qu’on qualifiait auparavant d’«irréductiblement complexe », l’intervention supposée de Dieu est rendue non nécessaire par les progrès de la science. Notre connaissance remplit peu à peu les trous, Dieu se limite alors à expliquer ce que nous ignorons encore.
Johnson a donc raison de mettre à l’honneur cette idée qui a fait ses preuves : l’Univers nous révèle l’existence et l’intelligence du Créateur. Il n’est pourtant pas logiquement nécessaire d’insister sur le fait que cette conception rende nécessaire une intervention divine directe, parce que des processus naturels et soutenus par le Seigneur pourraient très bien expliquer l’Univers, la vie et sa splendeur à la gloire de Dieu !
Principe n°3 : L’échec de la théorie de l’évolution
Johnson pense que la théorie biologique de l’évolution est désespérément erronée au regard des preuves la supportant et de la logique employée pour l’argumenter. Ce 3ème principe a procuré à Johnson une notoriété internationale. En tant que professeur de droit qui s’aventure en dehors de son domaine d’expertise, Johnson justifie son entrée dans la discussion scientifique en évoquant ses qualifications universitaires : « Je ne suis pas un scientifique mais un avocat de profession, avec une spécialité dans l’analyse de la logique des arguments et dans l’identification des suppositions qui sous-tendent ces arguments. Cette formation est plus adaptée que ce que l’on pourrait croire parce que les gens qui croient en l’évolution et au darwinisme dépendent beaucoup du type de logique qu’ils emploient et du type d’hypothèses qu’ils font. » (4)
Évoquons maintenant la connaissance du registre fossile de Johnson. Il affirme que les évolutionnistes « pointent fièrement vers un petit nombre de fossiles qui confirment soi-disant la théorie » et il conclut que « l’ensemble du registre fossile est extrêmement décevant au regard des attentes des darwinistes. » (5) Dit de cette façon, Johnson donne l’impression qu’il est familier avec les fossiles des vertébrés. Mais qu’en est-il ? Dans son livre Darwin on Trial, il affirme avoir « débouté les preuves scientifiques de l’évolution darwinienne, » Johnson traite de l’évolution des poissons aux amphibiens en une demi page, des amphibiens aux reptiles en un paragraphe, des reptiles aux oiseaux en une demi page, des reptiles aux mammifères en 2 pages ½, et de l’évolution humaine en 4 pages et ½. Ainsi, en 10 pages, Johnson tente de critiquer le registre fossile des vertébrés, un registre très documenté qui contient bien plus que les 30 000 espèces décrites.(6) Au total, Johnson utilise 16 fossiles dans son effort pour discréditer les preuves fossiles de l’évolution des vertébrés.
Pour mieux se rendre compte de la connaissance de la théorie de l’évolution de Johnson, considérons sa compréhension de l’évolution des baleines. Il demande : « Par quel processus darwinien les membres postérieurs se sont-ils réduits en des proportions vestigiales, et à quelle étape de la transformation des rongeurs aux monstres marins cela s’est-il produit ? Est-ce que les pattes avant des rongeurs se sont transformées par étapes graduelles en nageoires de baleines ? Nous n’entendons pas parler des difficultés parce que pour les darwiniens, les problèmes insolubles ne sont pas importants. » La biologie de Johnson est exposée dans ce passage.
1Aucun biologiste de l’évolution n’a jamais cru que les baleines descendaient des rongeurs. Le consensus suggère plutôt que les baleines ont évoluées il y a environ 55 millions d’années de mammifères ongulés à sabots. De manière tout à fait remarquable, la découverte de l’ambulocetus a renforcé cette hypothèse parce que cette baleine a des orteils qui se terminent par des « sabots convexes ».
2Une connaissance basique de la biologie moderne du développement résout le problème de la transformation des pattes en nageoires durant l’évolution des baleines. Des manipulations expérimentales d’une région qui contrôle le développement des pattes peut entraîner des variations remarquables dans leur anatomie. Finalement, il est intéressant de noter le dernier commentaire de Johnson à propos des « difficultés » et des « problèmes insolubles ». Il oublie que sa connaissance du registre fossile des vertébrés est basée premièrement sur le livre de Barbara Stahl (1985), L’histoire des vertébrés, un travail qui est sous titré « Problèmes dans l’Évolution ». (7) Le texte de Stahl est la preuve claire que les évolutionnistes reconnaissent ouvertement qu’il y a des difficultés avec la théorie de l’évolution (comme avec toute théorie scientifique), et qu’ils en parlent publiquement et librement dans la littérature.
Pour conclure, avant que Johnson puisse appliquer ses capacités analytiques, il doit d’abord approfondir sa connaissance des preuves de l’évolution. Ce bref survol est une biopsie révélant qu’il n’est tout simplement pas familier avec ces questions. Les conclusions de Johnson à propos de la biologie évolutive doivent être considérées comme suspectes au mieux, sinon inacceptables.
II. Les techniques rhétoriques de Johnson
L’un des facteurs significatifs d’acceptation des positions de Johnson dans la communauté évangélique est directement lié à la façon dont il présente ses arguments. Premièrement, ses trois principes fondateurs sont tellement interconnectés tout au long de ses écrits qu’il devient impossible pour les lecteurs de les distinguer, et cela ouvre la porte au problème de la confusion des idées. Lorsque ceci se produit, une idée peu rationnelle peut être « justifiée » en étant simplement juxtaposée à une vérité puissante. Comme nous l’avons déjà souligné, les deux premiers principes de Johnson sont puissants : (a) sa critique du naturalisme et du matérialisme, et (b) son emphase sur la conception intelligente de l’univers. Il est pourtant important de ne pas confondre ces deux vérités puissantes avec le troisième principe de Johnson -l’échec de la théorie biologique de l’évolution.
Une seconde technique rhétorique de Johnson est son utilisation d’arguments ad hominem, qu’il définit lui-même ainsi: il veut « attaquer la personne apportant un argument au lieu d’attaquer l’argument lui-même. » Il prétend que les scientifiques sont « notoirement faciles à tromper », « confus », prétentieux, racontant des histoires, sous la pression de l’orgueil et de la sécurité professionnelle. (8) Ce type d’argument est même appliqué à des frères dans la foi. Selon Johnson, il semble que les théologiens chrétiens partagent avec les scientifiques ces « prétentions », entraînés par le succès professionnel et les modes intellectuelles. L’utilisation d’arguments ad hominem par Johnson est décevante. La plupart seront d’accord pour dire que cette méthode d’argumentation ne fait qu’enflammer une situation explosive et décourage un dialogue ouvert.
III. Les présupposés théologiques de Johnson
Deux présupposés théologiques guident la vision de Johnson sur les origines. Il s’agit de l’interventionnisme dans la création et du concordisme scientifique dans la Bible : la recherche d’une correspondance nécessaire entre la Genèse et la science. Ces principes sont profondément ancrés dans sa pensée et n’apparaissent au grand jour qu’occasionnellement dans ses écrits.
Johnson affirme qu’« un Créateur qui met en place un processus et qui après croise les bras est facilement ignoré. »
Il soutient que seul un Dieu intervenant activement dans le processus créatif au cours du temps est digne de louange et d’adoration. L’acceptation de la notion de « Dieu bouche-trous » explique son enthousiasme pour reporter les difficultés à expliquer l’évolution prébiologique, la vitesse avec laquelle les espèces apparaissent lors de l’explosion Cambrienne, et les trous dans le registre fossile. Johnson affirme que ce sont des preuves des interventions intermittentes de Dieu dans la création. Pourtant, l’histoire a montré que la notion de « Dieu bouche-trous » s’est toujours montrée déficiente. Les « trous » ne se sont pas « élargis » avec les progrès de la science, mais ils se sont « réduits ». Avant la découverte de la gravité, de nombreux scientifiques croyaient que Dieu ou des anges déplaçaient les planètes ou les comètes le long de leurs trajectoires irrégulières. De même, il y a seulement 200 ans, les esprits les plus brillants en Europe et en Amérique interprétaient l’histoire de la terre avec de nombreux déluges catastrophiques causés par l’intervention divine, mais c’était avant que les principes de la géologie soient établis.
Le deuxième principe guidant Johnson est le concordisme biblique. Il écrit:
« L’évolution au sein d’une espèce est autant une doctrine biblique que scientifique, car la Bible nous apprend (bien avant la science) que toutes les races humaines descendent d’un ancêtre humain commun. Les différentes variétés de pinsons ne contredisent en rien que seul Dieu peut faire un oiseau. »
Johnson est certainement très attentif à ne pas faire intervenir la Bible dans le débat à propos des origines, et c’est l’une des rares occasions où il est clair que ses conceptions théologiques interviennent dans sa compréhension de la science. Pourtant, l’histoire de l’Église nous montre l’erreur des interprétations concordistes dans les Écritures. La plupart des chrétiens sont d’accord sur le fait que la Bible ne devrait pas être utilisée pour construire des théories en astronomie. De même, l’utilisation de Genèse 1 pour justifier un point de vue biologique paraît précaire.
IV Implications pastorales
Je considère que les implications pastorales constituent le problème le plus important pour les chrétiens dans ce débat sur les origines. Il est vrai qu’il s’agit d’un sujet important de discussion en théologie, mais pas si important pour qu’il devienne le sujet le plus important de la foi ! Le débat sur les origines peut avoir un impact dans trois domaines : les relations avec les autres chrétiens, avec nos enfants, avec les non croyants.
1
Comment des croyants qui ont des opinions différentes sur les origines devraient-ils réagir ?
Notre orthodoxie et notre amour pour Jésus sont-ils déterminés par la façon dont nous concevons sa méthode de création ? Ce sujet est-il si important qu’il cause des divisions entre chrétiens ? Ou bien s’agit-il d’une différence entre chrétiens qui, à la lumière de l’avertissement de Paul dans 1 Cor 11 :18-19, ne devrait pas les empêcher de cohabiter ? La position de chacun à propos des origines ne devrait certainement jamais entrer en ligne de compte dans le partage de la cène. Malheureusement, les attaques directes et ouvertes de Johnson envers des théologiens chrétiens et des enseignants ne fait qu’enflammer une situation déjà tendue dans le corps de Christ.
2
Que devrions-nous enseigner à nos enfants à propos des origines ?
Imaginez un instant que Dieu ait effectivement utilisé un processus évolutif dans la création. Que se passera-t-il si un enfant qui a été enseigné dans le créationnisme progressif de Johnson découvre les preuves scientifiques de l’évolution à l’Université ou au musée ? J’ai, comme d’autres, constaté ce scénario et ses conséquences spirituelles désastreuses.
3
Que diront les chrétiens aux non chrétiens à propos des origines de la vie ?
Dans 2 Cor 6 :3, Paul nous exhorte à ne pas créer d’obstacles à la foi pour ce monde qui nous observe. Encore une fois, imaginez que Dieu ait utilisé un processus évolutif pour créer l’univers et la vie. Peut-on imaginer la pierre d’achoppement posée par le créationnisme progressif de Johnson auprès de ceux qui constatent les preuves scientifiques de l’évolution quotidiennement ? De nombreux chrétiens comme Johnson associent leur anti-évolutionnisme à la croix de Jésus. Mais bien trop souvent, cette association produit un rejet de la croix dans les milieux universitaires parce qu’on se moque alors du manque de compréhension scientifique des anti-évolutionnistes.
V. Conclusion
Après que Johnson ait dénoncé l’influence du scientisme dans certains secteurs de la société, puis qu’il ait à juste titre souligné la réalité puissante de la révélation d’un Concepteur Intelligent dans la nature, il donne l’impression que les chrétiens n’ont plus qu’une option : l’acceptation d’une biologie anti-évolutive. Pourtant, il est tout à fait possible que toute cette conception de l’univers, qui témoignage si puissamment du travail du Créateur, soit le fruit d’un processus évolutif avec un objectif. En d’autres mots, le Père, le Fils et le Saint Esprit peuvent très bien avoir utilisé des lois et des processus physiques pour créer toute la vie glorieuse que nous voyons aujourd’hui d’une façon semblable à celle que Dieu utilise pour nous former dans le sein maternel.
Phillip Johnson a un plan pour corriger ce qu’il considère comme la soumission idéologique du monde scientifique au matérialisme et au naturalisme. Il appelle cette stratégie « the wedge » : le coin qu’il faut enfoncer. Johnson se vante ainsi:
« Mon livre représente le fer de la hache qui va abattre le matérialisme, le naturalisme et la théorie de l’évolution…Celle-ci s’effondrera avec une facilité étonnante. »
Pourtant, Johnson n’a pas assez de connaissance pour évaluer la théorie de l’évolution. Son anti-évolutionnisme sera certainement accepté par une partie du monde évangélique qui n’a pas encore été accepté l’évolution biologique. Le seul « coin » introduit par Johnson se situe entre la communauté évangélique et la communauté scientifique.
Pour conclure, la popularité de Johnson dans le monde évangélique est un exemple clair de notre communauté « héritant du vent ».
Sources
(1), (2), (5), (8), (9): Defeating Darwinism
(4), (6), (7): Darwin on Trial
(3) Nature 386