L’ajustement fin a été décrit amplement sur ce site, par exemple ici ou ici. Il s’agit du constat que les constantes de la nature qui interviennent dans les lois de la physique sont très précisément ajustées pour que la vie soit possible. Si vous bougez un tant soit peu la charge de l’électron, ou la vitesse de la lumière, ou la constante de gravitation, ou n’importe laquelle des 26 constates indépendantes qui, à ce jour, nourrissent nos équations, vous accouchez d’un univers ou rien d’intéressant ne se passe.

Ce fait donne effectivement l’impression qu’un agent extérieur a dû ajuster toutes ces constantes pour que nous soyons là. Il s’agit d’un argument très courant en faveur de l’existence d’un Dieu, et nombreux sont ceux qui s’en font l’écho. Son usage est loin d’être restreint aux cercles créationnistes terre jeune, et c’est ainsi qu’on le retrouve sous la plume de gens comme Rodney Holder ou bien Tim Keller.

 

J’aimerais ici partager une réflexion au sujet de l’ajustement fin. Ce dernier implique en effet la validité des lois de la physique telles que nous les connaissons. Il implique également la constance dans le temps de ces fameuses constantes fondamentales. Si en effet ces lois ont changé dans le passé, ou bien dans l’espace, ou bien si la constante de gravitation ou la vitesse de la lumière n’ont pas toujours eu la même valeur, l’argument ne tient plus. Bien plus encore, l’ajustement fin exige des lois et des constantes fixes, puisqu’il repose sur le constat qu’on ne peut les toucher sans tout mettre par terre.

Il est donc surprenant de voir le créationnisme jeune terre s’emparer de l’ajustement fin, tout en affirmant haut et fort que les lois de la nature, et avec elles la vitesse de la lumière ou bien les taux de décroissance radioactive (qui dépendent des lois de la nature), ont pu varier par le passé. L’ajustement fin implique que si la vitesse de la lumière, ou les constantes qui déterminent les taux de décroissance radioactive, avaient varié, nous ne serions pas là pour en parler. Ou alors, l’ajustement en question n’a rien de « fin ». Il est au contraire si grossier qu’on peut faire n’importe quoi tout en retombant sur un univers qui marche très bien.

Il faut donc choisir. Admettre l’ajustement fin, c’est aussi admettre que les lois que nous connaissons sont les bonnes et que les constantes le sont bel et bien. Et tout cela est complétement incompatible avec un univers jeune (ce même site regorge d’articles qui expliquent pourquoi).

Ajustement fin ou univers jeune, il faut choisir !