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Evolution et Foi Chrétienne 2014


Dans le dialogue entre Science et Foi, la qualité et la cohérence des réflexions que propose l’Eglise à ses contemporains s’avèrent cruciales.

Ce jeudi 17 juillet 2014, la journée de clôture du séminaire d’été du programme « Evolution et foi Chrétienne » organisé par la fondation BioLogos démontre  la capacité de la communauté chrétienne à engager un dialogue serein et dépassionné sur des questions souvent sujettes à la division. Réunir des scientifiques et théologiens d’horizon variés pour aborder avec sérieux des questions épineuses comme celles de l’historicité d’Adam ou du péché originel témoigne de la maturité vers laquelle évolue le christianisme actuel. En cela, nous pouvons considérer ces journées d’historiques (comme ce fut la cas avec les rencontres du RSE à Paris) car elles permettront à terme de répondre à des interrogations qui se posent plus que jamais aujourd’hui concernant les origines de l’humanité et le sens du message biblique dans son ensemble. De ce dialogue riche se dégagent des pistes de réflexion à poursuivre et à explorer, le débat est lancé dans un esprit d’écoute et de respect, c’est bien là l’essentiel !

Nous reviendrons sur certains sujets spécifiques lors d’articles dédiés, pour l’heure, nous voulions partager avec nos lecteurs la grande satisfaction que nous avons d’avoir pu contribuer à ce travail en commun et d’avoir pu recevoir des enseignements d’un excellent niveau dans un esprit de collaboration et de partage sans faille.

Bruno Synnott (le théologien de l’équipe) nous rapporte les événements qui ont ponctué cette dernière journée.

Pour rappel, les différents lauréats (37 projets) réunissent des communautés de confessions très diverses, plusieurs dénominations évangéliques, l’église réformée, et différentes mouvances de l’église catholique.

Si tous sont d’accord sur les faits scientifiques de l’évolution, tous ne partagent pas les mêmes implications théologiques. Certaines positions dogmatiques se heurtent parfois assez sèchement à des interprétations non traditionnelles des textes bibliques, en l’occurrence des premiers chapitres de la Genèse.

bandeau Adam_eve

Ainsi sur le sujet d’Adam et Eve, si les faits scientifiques concordent sans ambiguïté sur le fait que l’homme moderne est issu biologiquement non pas d’un couple unique d’individus mais plutôt d’environ 10 000, les différentes lectures possibles des Ecritures et la notion d’héritage d’un péché originel laisse la place à différentes approches.

Aussi lors de sa dernière réunion, le groupe travaillant spécifiquement sur ce sujet s’est surtout attardé sur l’aspect pastoral de la question, à savoir garder l’unité dans la diversité. Le constat qu’il n’y a à peu près aucun consensus actuellement sur les points chauds de la question, comme l’historicité d’Adam et l’ancrage dans l’histoire des événements fondateurs, ne devrait pas être à l’avant-scène, mais devrait rester un débat calme et serein à l’arrière-scène, nous conduisant à plus d’humilité et surtout,  à mettre l’accent sur les éléments qui nous unissent, à savoir l’histoire biblique d’une création bonne, d’un péché qui entre dans le monde par la mauvaise utilisation de la liberté humaine, conduisant tous les hommes à l’esclavage du péché et à la mort, mais aussi de l’amour rédempteur de Dieu qui cherche à sauver tous les hommes, et dont la plus grande expression se révèle à la croix.

 

La dernière conférence clôturant ce séminaire 2014 à Oxford a été animée par le  professeur Irlandais (Queens university, Belfast) David Livingstone, et concernait  le débat entre Hodge et McCosh illustrant un conflit naissant entre la science et la religion sur la question de la théorie de l’évolution de Darwin.
Le conférencier a parlé du débat qu’il y a eu à Princeton au 19ième siècle concernant l’accueil de la théorie de Darwin dans le milieu académique et théologique de Princeton aux U.S.A. Le personnage clé de l’histoire fut bien sûr B.B. Warfield qui dès avant sa conversion était un partisan des théories de Darwin, position qu’il gardera toute sa vie et qu’il tentera de concilier avec sa foi chrétienne. Warfield fut l’élève du grand théologien presbytérien et anti-darwinien Charles Hodge. Ce dernier qualifiait la théorie darwinienne développée dans l’Origine des Espèces « d’athéisme ». Hodge est en quelque sorte le père du fondamentalisme américain, très littéraliste dans son interprétation du livre de la Genèse. David Livingstone a également mentionné l’influence d’un philosophe, James McCosh, devenu en 1868 président de Princeton. Au lieu de conflit entre la science et la religion, McCosh chercha à les réconcilier.  Il a ainsi fait valoir que le darwinisme n’était pas athée, ni irréductiblement hostile à la Bible. Les presbytériens en Amérique pourraient ainsi choisir entre deux écoles de pensée sur l’évolution, toutes deux basées à Princeton.

Le séminaire s’en est tenu à la position de Hodge jusqu’à ce que ses partisans en furent chassés en 1929, et le collège (Université de Princeton) est devenu un centre de classe mondiale de la nouvelle science de la biologie évolutive.

Il faut cependant noter comme le rappelle à juste titre, la page http://en.wikipedia.org/wiki/Charles_Hodge#Darwinism). que les deux hommes ont montré plus de similitudes en ce qui concerne les questions de science et de religion que la pensée populaire ne l’admet. ils soutenaient le rôle croissant de la recherche scientifique en histoire naturelle et résistaient à son intrusion dans la philosophie et la religion.

Un enseignement toujours valable pour nous aujourd’hui.


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