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Débat sur une Bible sans erreur


 

Un débat fondamental et très passionnel a actuellement lieu dans les milieux théologiques évangéliques : celui de l’exactitude historique et scientifique des textes bibliques. D’un côté, les partisans de l’inerrance « absolue » qui affirme que la Bible est parfaite non seulement d’un point de vue « spirituel », mais aussi scientifiquement et historiquement. De l’autre côté, les partisans de l’inerrance « limitée » à ce que l’homme a besoin de connaître pour accéder au salut en Jésus-Christ et vivre selon la volonté de Dieu, tout en reconnaissant que les auteurs bibliques s’exprimaient avec leur niveau de connaissance scientifique et historique, et avec leurs propres critères d' »exactitude ». Ce second groupe est parfois qualifié par le premier groupe et de façon souvent péjorative de « néo-évangélique ».

Une pétition sur internet vient même d’être lancée pour « défendre la Bible avant qu’il ne soit trop tard. », et plusieurs pasteurs/théologiens français ont déjà apposé leur signature.

Norman Geisler à l’initiative de cette pétition explique dans cet article que le débat porte bien sur la définition de l' »inerrance biblique », tant il est vrai que cette expression a pour beaucoup des sens différents.

Certains affirment que la Bible est innérante dans ses objectifs (vs ses propositions). D’autres soutiennent qu’elle est innérante en ce qui concerne les enseignements « essentiels » (vs les enseignements périphériques). Parmi les deux grandes catégories d’innérantistes, le débat porte sur l’innérance limitée vs l’inerrance illimitée. Dit d’une autre manière, le problème est de savoir si la Bible est sans erreur à propos de tous les sujets à propos desquels elle parle ou si cette absence d’erreur est limitée à ce qui concerne le salut…

L’innerance est donc la conviction que la Bible est entièrement vraie sur tous les sujets qu’elle aborde, que ce soit à propos de la rédemption, mais aussi l’histoire ou la science. Elle ne trompe pas ni ne se trompe pas parce que la vérité est ce qui correspond aux faits, et l’erreur est ce qui ne correspond pas aux faits.

Ceux qui signent la pétition affirment donc que

La Bible seule, dans son intégralité, est la Parole infaillible de Dieu dans le texte original et est, par voie de conséquences, inerrante dans tout ce qu’elle affirme ou nie sur tous les sujets qu’elle aborde.

A ce jour, plus de 48 500 personnes ont signé. C’est le cas du théologien Henri Blocher.

Le débat est bien interne au monde évangélique et concerne les facultés de théologie les plus influentes, comme le Wheaton College par exemple. John Walton, professeur mondialement connu et spécialiste de l’A.T. reconnaît que la Bible ne contient aucune révélation en matière de science et qu’elle a été écrite avec une compréhension ancienne du cosmos. Il rejoint en cela Denis Lamoureux, autre théologien évangélique qui cristallise les attaques du camp des inerrantistes.

Ce débat pourrait paraître anecdotique, voire d’un autre âge si les enjeux en matière de crédibilité intellectuelle de la foi évangélique n’étaient pas vitaux. Ils le sont en effet.

Les rapports entre science et foi ainsi que l’interprétation de la Genèse et les origines évolutives de l’homme sont au centre des débats. Bon nombre d' »inerrantistes » (mais pas tous), rejettent les origines biologiques évolutives de l’homme ainsi que le polygénisme (l’humanité issue d’une population de plusieurs milliers d’individus et non d’un couple unique créé de novo), certains vont même jusqu’à questionner l’âge ancien de la terre au nom de leur interprétation « concordiste » des Ecritures.

Ainsi Steve Lagoon, qui rejette toute forme d' »accommodation » dans l’inspiration biblique,  évoque « le champ de bataille édenique » :

Le premier étage de cette bataille entre ceux qui épouse l’inerrance et les évangéliques qui se compromettent concerne la façon d’interpréter les premiers chapitres de la Genèse…

Lamoureux lui-même affirme : »l’histoire réelle dans la Bible commence approximativement au chapitre 12 avec Abraham. Comme beaucoup d’autres théologiens évangéliques, je vois Genèse 1-11 comme un genre littéraire unique distinct du reste de la Bible… je ne crois pas qu’Adam était historique… »

Il est important de comprendre que tous ces spécialistes ne sont pas considérés comme des libéraux, mais des théologiens évangéliques enseignant dans des universités et des séminaires « conservateurs »…

La négation qu’Adam et Eve étaient les fondateurs historiques de la race humaine est incroyable, à la lumière d’un enseignement clair de la Bible (Actes 17:26)

 

On comprend donc que ces questions ne peuvent pas être prises à la légère ! Bien sûr, les lecteurs de ce site savent que nous ne pensons pas que l’inerrance absolue soit une caractéristique de la Bible. C’est une question que nous avons déjà abordée, et qui n’est pas prête d’être épuisée.

Le titre de cette pétition devrait-il être « faut-il prendre position pour la Bible avant qu’il ne soit trop tard ? » Ou « Faut-il prendre position pour le concordisme en matière d’interprétation biblique avant qu’il ne disparaisse ? »

On peut aborder ce débat sous plusieurs angles. Dans l’article qui suit, David Vincent, titulaire d’un Master en Histoire ancienne nous expliquera s’il est légitime, comme l’affirme Norman Geisler, de considérer qu’historiquement, la position qu’il défend était celle des Pères de l’Eglise qu’il évoque avec de multiples citations.


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