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La géographie cosmologique mésopotamienne dans la Bible


L’article d’aujourd’hui a été rédigé par Brian Godawa. Brian Godawa est le scénariste de « Pour Finir Toutes les Guerres » et d’autres longs métrages. Il a écrit et dirigé différents documentaires sur les relations entre l’église et l’état, sur la recherche sur les cellules souches et sur la politique de l’éducation supérieure. Il est l’auteur des Conceptions Hollywoodiennes : Regarder des Films avec Sagesse et Discernement (InterVarsity Press) et des Images de la Parole : Connaître Dieu par le Récit et l’Imagination (InterVarsity Press). Il parle dans tout le pays aux églises, aux lycées et aux universités sur les films, les conceptions du monde et la foi. Son blog cinématographique se trouve à l’adresse  www.hollywoodworldviews.com.

Traduction française: Christophe Crussière.

Article paru sur le blog de la fondation BioLogos ici.

Cet article est le premier d’une série de plusieurs articles basés sur le rapport universitaire de Brian Godawa sur la « Géographie Cosmique Mésopotamienne dans la Bible », qu’on peut lire entièrement ici.

Au cours de l’histoire, toutes les civilisations et tous les peuples ont agi dans l’hypothèse d’une cosmographie ou image de l’univers. Le mot Cosmographie est un terme technique qui désigne une théorie qui décrit et cartographie les caractéristiques principales des cieux et de la terre. Une Cosmographie ou « géographie cosmique » peut être une image complexe de l’univers qui inclut des éléments tels l’astronomie, la géologie et la géographie ; et ces éléments peuvent également inclure des implications théologiques. Nous connaissons très bien les changements historiques que traversa la science depuis la cosmographie Ptolémaïque de la terre au centre de l’univers (géocentrisme) à la cosmographie Copernicienne du soleil au centre de la galaxie (héliocentrisme).

Certaines mythologies maintenaient que la terre était un disque plat sur le dos d’une tortue géante ; les cultures animistes croient que des esprits habitent les objets naturels et les font se comporter d’une certaine manière ; les occidentaux modernes croient dans un continuum de l’espace-temps où tout est relatif à son référentiel en relation avec la vitesse de la lumière. Les Anciens avaient tendance à croire que les dieux causaient le temps qu’il faisait ; les modernes ont tendance à croire que des processus physiques impersonnels causent le temps. Toutes ces différentes croyances sont les éléments d’une cosmographie ou image de ce qu’est vraiment l’univers et de comment il fonctionne. Bien que les cultures « pré-scientifiques » comme celle des Hébreux n’aient pas eu les mêmes notions de science que nous autres modernes, ils observaient encore le monde qui les entourait et faisaient des interprétations sur la structure et le fonctionnement de l’univers. La Bible contient aussi une cosmographie ou image de l’univers qu’habitent ses histoires.

Je l’ai déjà dit, et je le redirai encore : je ne suis pas scientifique, je suis scénariste, et donc mon intérêt dans la cosmographie Biblique vient de mon étude de l’image, de la métaphore et du récit.

Mais une image du cosmos s’appuie sans nul doute sur des notions scientifiques de ce qu’est l’univers et de comment il fonctionne.  L’imagination et la science ne sont pas complètement sans liens. Je suis aussi un chrétien qui croit que la Bible est la Parole de Dieu. Mais cela signifie-t-il que la Bible aura une cosmographie qui est en accord avec la science occidentale moderne ? Je croyais que c’était le cas.

Je croyais que si la Bible s’écartait scientifiquement en quelque façon, alors elle ne pouvait pas être la Parole de Dieu, parce que Dieu ne nous communiquerait jamais une fausse information. Cela ferait de Dieu un menteur, du moins le pensais-je.

Cela conduisait au corollaire selon lequel tout ce que la science avait démontré devrait être en accord avec la révélation même de la Bible. Cela s’appelle le concordisme scientifique. Ainsi, si nous savons désormais que la terre est une sphère et que l’univers est en expansion, alors l’Ecriture ne contredirait pas cette vérité. Qui plus est, il se peut même que je puisse trouver un verset qui porterait cette vérité cachée : Tenez-vous bien, je pensais l’avoir trouvé : « c’est Lui qui habite au-dessus du cercle de la terre … Il étend les cieux comme une étoffe légère » (Esaïe 40:22). Dans ce paradigme scientifique concordiste, la Bible contient des vérités scientifiques voilées avant leur temps dans un secret gnostique qui est découvert par des initiés à ces mystères.

Malheureusement, ce paradigme conduisait pour moi à trop de dissonances cognitives alors que je torturais le texte pour faire coller toute vérité scientifique que je tentais de défendre à l’époque. Tout d’abord, j’acceptais que la Genèse expliquait littéralement la chronologie de la création matérielle et reléguais les scientifiques de l’Evolution au rang de manipulateurs de faits malhonnêtes.1 J’ai alors essayé de trouver les dinosaures dans la Bible en interprétant le Léviathan ou Behemoth comme une référence à l’ichtyosaure et les sauropodes. 2 Puis J’ai essayé de faire correspondre symboliquement les six jours littéraux et la chronologie jeune de la création dans la Genèse avec l’âge très ancien de la terre.3 J’ai ensuite essayé de réconcilier de façon créative les milliards d’années du Big Bang avec l’espace temps des jours de 24 heures liés au soleil par la gravité.

A suivre

Notes

  1. Je n’ai jamais cru qu’ils mentaient tous, mais que beaucoup étaient certainement aveuglés par les préjugés de leur vision du monde. Je crois encore que certains scientifiques mentent en réalité, trichent, et manipulent les faits et les études comme dans toute autre discipline parce qu’ils sont des êtres humains comme tout le monde et peuvent être motivés par des agendas personnels et politique. Un bon livre qui nous démontre ceci est Betrayers Of The Truth: Fraud And Deceit In The Halls Of Science de Nicholas Wade William Broad (Ebury Press, 1983); Michael Fumento est un journaliste scientifique qui rapporte des fraudes scientifiques courantes et leurs effets répandus dans les domaines politiques et économiques www.fumento.com.
  2. Scientific Creationism de Henry M. Morris (Master Books, 1974, 1985)

3. Creation and Time: A Biblical and Scientific Perspective on the Creation-Date Controversy by Hugh Ross (NavPress, 1994)

 


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