L’un de nos derniers articles en réponse à un autre article publié sur Infochrétienne.com  a suscité quelques réactions passionnelles sur ce blog (et ailleurs). Il était question des découvertes de la génétique sur les origines de l’humanité et d’Adam et Eve. Plusieurs lignes de preuves convergentes (exposées sur ce site par des généticiens) confirment en effet que l’humanité est bien issue d’un processus évolutif et qu’elle n’a jamais été réduite à seulement deux individus (« Adam et Eve »), comme le prétend cet article.

En analysant les différents échanges, un constat s’impose : ces découvertes (enseignées pour certaines dès la première S), reconnues par la communauté des biologistes font peur à beaucoup de chrétiens, (très) éduqués ou non d’ailleurs, au point qu’ils sont prêts pour les éviter à mettre en place des mécanismes de « défense » plus ou moins élaborés.

Loin de moi l’idée de mépriser ces réactions.

La plupart d’entre nous sommes passés (et passons encore) par des moments de doute, de réflexion intense à propos de la cohérence de notre foi. Le doute a très souvent été considéré comme un manque de foi, mais ce n’est pas toujours le cas. Le doute, même s’il est douloureux et inconfortable, peut être bénéfique. Evidemment, je ne parle pas du doute concernant Dieu lui-même, mais de la façon dont nous comprenons sa personne, sa parole, et son œuvre. Notre problème principal est donc que nous confondons quasi systématiquement notre compréhension de Dieu avec Dieu lui-même. Cette confusion engendre chez nous un réflexe de peur.

« Pour certains théologiens, le doute nous aide à abattre les idôles que nous avons construites en faisant Dieu à notre propre image. Ou, pour emprunter un terme de psychologie, le doute nous aide à voir la faillite de notre moi , ce moi que nous avons construit pour faire face à la confusion de la vie, et pour mettre toutes choses -« Dieu » y compris- en bon ordre. Le doute nous pousse dans un coin et nous oblige à regarder au delà de nos dysfonctionnements et de nos erreurs, de celles des « idôles du coeur », pour une plus grande intimité avec Dieu, ou Il contrôle et pas nous. »

 

Ne jamais douter peut-être très dangereux pour la foi. Je crois même que le doute peut « sauver notre foi ». Certains ont perdu la foi parce qu’à un moment donné de leur cheminement, ils ont refusé de la remettre en question, et que petit à petit, fissure après fissure, les incohérences de celle-ci se sont imposées d’elles-mêmes à leur intelligence, au point que l’édifice tout entier s’est écroulé d’un coup.

Plusieurs ont exprimé leurs craintes, et elles sont très compréhensibles :

  • Si l’homme est issu de l’évolution, l’homme peut-il être encore considéré comme créé à l’image de Dieu ?
  • L’existence d’Adam et Eve n’a-t-elle pas été le fondement de l’histoire du salut dans toute l’histoire de l’église ?
  • Si Adam et Eve n’ont pas existé, cela signifie-t-il que le salut de Jésus et l’évangile perdent toute signification…?
  • Si nous ne n’interprétons pas Adam et Eve comme parents de toute l’humanité, cela signifie que le péché n’est pas entré dans le monde ?
  • Si Genèse 1-11 ne sont pas historiques au sens moderne du terme, cela signifie-t-il que toute l’histoire biblique doit être remise en question ?

Une seule de ces questions peut faire s’écrouler l’édifice de notre foi. La stratégie adoptée par beaucoup est donc la plus évidente :

  • L’homme ayant été créé à l’image de Dieu, il n’est pas issu de l’évolution, mais il a été créé par Dieu « à partir de la poussière de la terre ».
  • Tous les chrétiens ont toujours cru qu’Adam et Eve étaient les ancêtres uniques de l’humanité, il s’agit donc d’un fondement de la foi.
  • Dieu se révèle dans l’histoire des hommes, Jésus a bien existé, il a accompli les miracles des évangiles, donc Adam est bien le père de toute l’humanité.

Ouf, la foi est sauvée !

Pourtant le prix à payer de cette réaction est bien plus élevé que beaucoup ne le soupçonnent. Il faut désormais croire que l’ensemble des scientifiques sont dans l’erreur, voire complotent contre la foi. On accepte bien leur découvertes quand il s’agit de prendre l’avion, de se faire opérer, d’allumer son ordinateur…mais là non !

Au point que même notre cher « agrégé de physique » anonyme (auteur de plusieurs commentaires sur cet article) en arrive à considérer que les programmes de science et vie de la terre de lycée sont forcément une monumentale erreur, pour ne pas dire plus !

Jésus nous délivre de nos peurs. Nous ne devrions pas être dans la crainte ou sur la défensive. Les découvertes des œuvres de Dieu dans la nature par les facultés rationnelles qui font partie de son image en nous, devraient nous faire sauter de joie et nous prosterner dans l’adoration.

Toutes les questions citées ci-dessus sont l’objet d’une intense réflexion de la part de nombreux théologiens, y compris des évangéliques, et beaucoup ont reçu des réponses tout à fait satisfaisantes. Le message de l’évangile n’est pas « atteint » par les découvertes de la science. Comment le serait-il puisque le Dieu Sauveur est aussi le Dieu Créateur ? « La croix reste debout », comme le dit un ancien cantique.

La foi en Jésus est une découverte, un chemin passionnant, n’en faisons pas une voie de garage incapable de toucher nos contemporains parce que nous aurons laissé notre incapacité à nous remettre en question nous paralyser !