Dans quelques semaines, le réseau des scientifiques évangéliques organisera une journée de réflexion concernant la question explosive pour beaucoup d’évangéliques de l’évolution des espèces, des origines évolutives de l’homme, de l’historicité d’Adam et Eve… C’est donc une question d’actualité.
Les évangéliques ont souvent tendance à croire que les catholiques ont une vision monolithique de cette question, il n’en est rien.
Luc Plateaux, ancien professeur de biologie animale et d’évolution à la faculté de Nancy a eu la gentillesse de me faire parvenir gracieusement un exemplaire de « Pour lire la création, l’évolution » aux éditions du Cerf. Ouvrage coécrit avec Christian Montenat, directeur de recherche au CNRS (géologie), et Pascal Roux, prêtre et Polytechnicien. Cet ouvrage est de très grande qualité, et j’en recommande l’étude, que l’on soit d’accord ou pas avec ses conclusions.
Les catholiques me paraissent moins dérangés par la théorie de l’évolution que les protestants en général.
Pour prendre conscience de l’état de la réflexion, voici donc un extrait du catéchisme pour adultes publié par la conférence épiscopale allemande à propos du péché originel, extrait tiré de cet ouvrage de Luc Plateaux et associés.
« La doctrine de l’Ancien et du Nouveau Testament sur l’universalité du péché, dont provient la doctrine du péché originel dans la tradition de l’Eglise, a souvent été mal comprise et suscité de nos jours, chez de nombreux chrétiens, de sérieuses difficultés. Une première observation vient de ce qu’aujourd’hui, la plupart des savants admettent que l’humanité entière n’est pas issue d’un couple unique (monogénisme), mais que la vie humaine est apparue à peu près en même temps en plusieurs endroits, à l’issue d’un long processus d’évolution (polygénisme ou même polyphylétisme). Le magistère ecclésiastique a longtemps répugné à admettre cette théorie, car elle ne voyait pas comment elle pouvait se réconcilier avec la doctrine du péché originel. L’idée d’un couple humain unique à l’origine veut exprimer l’unité et l’égalité foncières de tous les hommes. Aujourd’hui, on admet que dans le langage biblique, Adam n’est pas seulement le nom d’un individu, mais aussi une appellation collective pour l’ »homme » ou l’ »humanité ». Dans ce débat, le deuxième concile du Vatican a adopté une position très réservée. Il maintient que les hommes ont failli « en Adam », mais il formule également la même doctrine de manière plus ouverte en parlant seulement de l’ »homme » et de son péché. Le sens de la doctrine de l’Eglise est donc conservé quand on maintient que l’humanité, qui forme un tout,a rejeté depuis le début l’offre divine du salut, et que la situation funeste qui en résulte est une réalité universelle, dont nul de peut se libérer par sa propre force. Une fois ceci admis, le problème de savoir si l’on doit préférer au monogénisme le polygénisme est une question purement scientifique, et non une question de foi. » (p. 161) (ma mise en gras)