Denis O. Lamoureux est professeur de science et de religion à l’Université d’Alberta. Sa nomination à ce poste est le premier cas de titularisation dans cette discipline au Canada. Il détient trois thèses d’état (dentisterie, théologie et biologie). Lamoureux soutient que, si les limites du christianisme évangélique et de la biologie évolutive sont respectées, alors les relations qu’elles entretiennent sont non seulement complémentaires mais aussi nécessaires. Il est membre du conseil de direction de l’American Scientific Affiliation du Canada et membre de l’ASA (American Scientific Affiliation).
- Denis Lamoureux
Ceci est un extrait de Evolutionary Creation aux éditions Wipf and Stock
Reconnaître que les caractéristiques anciennes derrière Genèse 1-11 a une implication significative- les chrétiens doivent apprendre à respecter ceci quand ils lisent la Bible. C’est certain, c’est contre-intuitif. Pourtant, nous faisons déjà cela avec la révélation naturelle. Par exemple, y a-t-il des chrétiens qui n’ont pas expérimenté la puissance de révélation d’un coucher de soleil ? Bien sur, c’est naturel pour eux de voir le soleil « disparaître » derrière « l’horizon ». Mais quand ils s’arrêtent et y pensent, ils savent qu’il y a là derrière une réalité physique plus profonde qui n’est qu’incidente à cette révélation non verbale de Dieu dans la nature. Le « mouvement » du soleil n’est en réalité que le résultat de la rotation de la terre, et l’aspect « plat » de l’horizon n’est due qu’à la vision étroite, parce qu’ils ne peuvent pas voir que la terre est ronde. Pourtant, alors que les croyants regardent un coucher de soleil et expérimentent ce moment divin, beaucoup pensent-ils à la réalité astronomique sous-jacente ? La connaissance des faits scientifiques derrière le phénomène nuit-elle au fait que la révélation d’un coucher de soleil déclare la gloire de Dieu ? Non.
De même, il est naturel de lire Genèse 1-11 comme de l’histoire littérale. La plupart des chrétiens en ont fait autant au travers des âges, et ceci a révélé leur caractère et leur relation avec Dieu. Mais il y a des réalités conceptuelles plus profondes (traditions orales, épistémologie ancienne, motifs anciens, sources écrites) dans ces premiers chapitres de la Bible qui nous montrent que ces événements ne sont pas historiques au sens moderne du terme. Tout comme la connaissance astronomique moderne, les anciennes catégories de Genèse 1-11 ne changent en aucun cas le message de foi. Au lieu de cela, une plus grande appréciation du processus de révélation divine émerge, et ceci est analogue à la compréhension des mécanismes réglés précisément d’un coucher de soleil. Faire comprendre aux chrétiens modernes ces réalités conceptuelles anciennes sera comparable au moment où les croyants ont pris conscience de l’astronomie de Galilée. A cette époque, il était contre intuitif d’accepter que la terre tourne, et il en est de même aujourd’hui pour croire que Genèse 1-11 ne constitue pas un « DVD » des origines de l’homme. Pourtant, l’église du 17ème siècle a fini par digérer la science de Galilée, et les chrétiens du 21ème siècle finiront par saisir le fait que cette conception ancienne de l’histoire dans les premiers chapitres de l’Ecriture n’est que secondaire.