En lisant ce week end une Histoire de la réforme protestante de Bernard Cottret, un passage m’a particulièrement interpellé. L’historien y fait un parallèle entre l’oeuvre réformatrice de Luther en matière de théologie et celle de Copernic en astronomie. En cette période de Pâques riche de signification pour chaque croyant, j’aimerais partager avec vous ces quelques lignes qui nous permettent de nous recentrer sur Jésus-Christ, notre soleil de justice et son oeuvre:
« La véritable révolution de Luther est spirituelle. Elle retentit d’abord dans la conscience du frère Martin. Luther, qui n’avait trouvé qu’asservissement dans les exercices stériles de la piété monastique, découvre enfin, avec la miséricorde de Dieu, la clé de l’Ecriture:
« Aussitôt, je me sentis renaître et il me sembla être entré par des portes largement ouvertes dans le paradis même. Dès lors, l’Ecriture tout entière prend à mes yeux un aspect nouveau. Je parcourus les textes comme ma mémoire les présentait et notai d’autres termes qu’il fallait interpréter de la même façon, tels que l’oeuvre de Dieu, c’est à dire de l’oeuvre qu’il accomplit en nous. »
Justification par la foi. Luther ne nie pas l’importance des oeuvres désormais. Mais il attribue leur origine à Dieu et non à la justice des hommes. Dés lors, il comprend le sens du mot justice. Autant il avait détesté ce terme de « justice de Dieu », autant il goûtait désormais la suavité de ce « mot si doux ».
Avec Luther, la théologie accomplissait sa révolution copernicienne. Quelques années plus tard, un autre moine, polonais celui là, devait expliquer que ce n’est pas le soleil qui tournait autour de la terre, mais la terre qui tournait autour du soleil. Ce que Copernic découvrait à propos des orbes célestes en 1543, Luther le mettait au jour dans sa théologie: l’homme n’était pas justifié par ses oeuvres devant Dieu, mais c’était Dieu qui librement justifiait l’homme. Rien dans ses mérites propres ne prédisposait l’homme à un tel don. Se croire justifié par l’observance de la loi équivalait à une illusion d’optique, renforcée par l’anthropomorphisme d’une religion renfermée sur elle même.
Le Christ, et plus encore le Christ crucifié que le Christ glorieux de la résurrection ou des derniers temps, est la clé de voûte de l’expérience luthérienne. Il écrit à l’un de ses frères augustins:
« Mon cher frère, apprends à connaître le Christ, et Christ crucifié; apprends à chanter sa louange et à dire: »Toi, Seigneur Jésus, tu es ma justice, mais moi je suis ton péché; tu as assumé ce qui est à moi, et tu m’as donné ce que je n’étais pas. »