Darwinisme
Lorsque Darwin publia L’Origine des Espèces en 1859, il produisit un changement profond dans la compréhension scientifique de la biologie. Darwin proposa un mécanisme spécifique pour expliquer le changement progressif des espèces. Le nom de ce mécanisme était la sélection naturelle. La théorie de l’évolution par la sélection naturelle prit le nom de darwinisme, bien que le darwinisme moderne reconnaisse aussi d’autres types de sélection évolutive. Le fait que la théorie de l’évolution soit attachée au nom de Darwin pourrait laisser penser qu’il s’agit là d’un culte rendu servilement au travail d’un seul scientifique. Ce n’est absolument pas le cas. De nombreux scientifiques indépendants ont contribué depuis 150 ans à la théorie moderne de l’évolution et celle-ci est devenue le noyau central de la biologie.
Lorsque Darwin proposa le mécanisme de la sélection naturelle, il ne comprenait pas en détail la façon dont les caractéristiques des espèces sélectionnées naturellement pouvaient être héritées par leurs descendants. Heureusement, les recherches en génétique de George Mendel étaient déjà en cours. En croisant des plants de petits pois, Mendel découvrit la méthode grâce à laquelle les traits sont hérités1. Ni Mendel, ni Darwin ne connurent l’intégration de la génétique mendélienne intégrée à la sélection naturelle darwinienne. La synthèse de ces deux théories – qui plus récemment incorpore la découverte de la nature chimique des gènes et le développement de la biologie moléculaire- s’appelle le néo-darwinisme, ou la théorie synthétique moderne de l’évolution. On l’appelle plus simplement darwinisme.
Notre position :
Nous pensons que le darwinisme est scientifiquement valable, que cette théorie décrit la méthode choisie par Dieu pour créer les différentes formes de vie. Nous pensons que le darwinisme est tout à fait compatible avec la foi en Dieu.
Le darwinisme social
Bien qu’ils aient une partie de leur nom en commun, le darwinisme social et le darwinisme sont des concepts entièrement différents. Le darwinisme social résulte de l’application de concepts biologiques évolutifs à des groupes de personnes dans un contexte social. Il s’agit de l’idée que la théorie de Darwin peut être étendue et appliquée au domaine social, comme si la survie du plus apte était un mécanisme approprié au développement social. Dans sa version extrême, le but est la discrimination des membres de la société qui ne sont pas en position de pouvoir.
Un exemple d’application du Darwinisme Social est la pratique de l’eugénisme. L’expression a été inventée par Francis Galton, le cousin de Darwin, et provient du mot Grec qui signifie « bien né ». Galton fit la promotion de l’eugénisme dans son livre Hereditary Genius, il y proposait que la société moderne « remplace la sélection naturelle par d’autres processus qui sont plus compatissants et pas moins efficaces.2
Malheureusement, l’histoire prouve que l’eugénisme a été tout sauf compatissant ! Dans la 1ère moitié du 20ème siècle, les États-Unis ont ouverts la voie en adoptant une législation eugéniste 3.
En 1917, plus de 15 États avaient décidé la stérilisation obligatoire pour les membres « non adaptés » de la société, et plus de la moitié des États imposèrent des restrictions au mariage de ceux qui présentaient des troubles mentaux.4
En 1927, la Cour Suprême condamna Carrie Buck à la stérilisation sur la base de sa « faiblesse d’esprit » et de sa « débililité ». Des preuves ultérieures démontrèrent qu’elle n’était rien de tout cela.5
Justice Oliver Wendell Holmes Jr exprime le sentiment de ceux qui soutenaient le darwinisme social : « Il est préférable pour tout le monde qu’au lieu d’attendre l’exécution pour des crimes d’individus dégénérés, ou de les laisser mourir de faim à cause de leur débilité, que la société empêche ceux qui sont visiblement inadaptés de se reproduire. » 6
Comme le commentaire de Holmes le montre, le darwinisme social affirme que si les hommes ont évolué à partir d’un processus de sélection naturelle, il est approprié d’exercer une discrimination envers les personnes les plus faibles de la société. Cette façon de penser est bien entendu contraire et incompatible avec nos convictions. Plutôt que d’être des conséquences de l’évolution biologique, ces applications extrêmes du darwinisme social sont un résultat malheureux d’un exercice dommageable de la liberté de l’homme. Alors que Darwin lui-même n’a pas promu le darwinisme social, on le cite souvent à mauvais escient dans ce sens :
« Chez les sauvages, ceux qui sont faibles d’esprit ou de corps sont bientôt éliminés ; et ceux qui survivent possèdent souvent un état de santé vigoureux. Nous, les hommes civilisés, d’un autre côté, faisons notre possible pour contrer le processus d’élimination ; nous construisons des asiles pour les débiles, les mutilés et les malades ; nous instituons des lois pour les pauvres ; et notre personnel médical fait le maximum pour prolonger la vie de chacun jusqu’au dernier moment.[…] Ainsi les membres faibles des sociétés civilisées se reproduisent. Personne ayant assisté au croisement des animaux domestiques ne doutera que cela ne soit très préjudiciable à la race humaine.[…] Personne n’est ignorant au point de laisser ses pires animaux se reproduire. »7
Comme beaucoup d’auteurs l’ont souligné, cette citation extraite de The Descent of Man de Darwin a malhonnêtement été citée hors de son contexte.8
Une autre citation, prouve que même si Darwin pensait que la charité et la philanthropie avaient une origine évolutive, il désavouait le darwinisme social. La citation ci-dessus se poursuit ainsi :
« L’aide que nous nous sentons appelés à fournir aux démunis est principalement le résultat de l’instinct de sympathie, qui a été acquis originellement avec les autres instincts sociaux, diffusé d’une façon plus tendre et plus vaste tel que nous venons de le décrire. Nous ne pourrions pas non plus aller contre notre sympathie sans détériorer la partie la plus noble de notre nature, même si la pure raison nous y poussait. Le chirurgien peut peut-être s’endurcir en opérant, parce qu’il sait qu’il agit pour le bien de son patient ; mais si nous négligions volontairement les faibles et les démunis, cela ne pourrait être que pour un bénéfice provisoire, avec un mal certain et très grand. »
Sans tenir compte des croyances personnelles de Darwin, on entend souvent qu’une acceptation de sa théorie est associée au darwinisme social.
Un exemple populaire de cette idée est l’affirmation que les idées de Darwin ont beaucoup influencé Adolf Hitler. Pourtant, comme Jeffrey Schloss l’a souligné,10 à partir du simple fait qu’aucun darwiniste depuis l’époque d’Hitler n’ont été conduit vers les mêmes idées, il est évident que le darwinisme ne produit pas inévitablement la philosophie d’Hitler. De plus, l’histoire humaine contient une longue et triste liste d’exterminations raciales et d’interprétations racistes, la plupart ayant eu lieu avant la publication de la théorie de Darwin. Schloss explique aussi que la mauvaise application par Hitler des idées de Darwin a son parallèle dans sa mauvaise compréhension du Christianisme, car Hitler prétendait y puiser une partie de son inspiration dans sa persécution des Juifs ; Il parait évident que quelqu’un qui peut à ce point tordre le message d’amour du Christ pour son prochain ne devrait pas être considéré sérieusement quant aux implications philosophiques du darwinisme biologique.
Conclusion
Le darwinisme est la théorie scientifique de l’évolution par sélection naturelle, synthétisée plus tard avec la génétique mendélienne et la biologie moléculaire. Nous pensons que ce modèle évolutif est basé sur des données massives et des preuves, et nous pensons que Dieu est l’auteur de ce processus. Ainsi, l’évolution est la réponse au « comment ? », mais Dieu est toujours la réponse au « pourquoi ? ». Le darwinisme social est un ensemble erroné de croyance obtenu en appliquant des concepts biologiques à la réalité sociale. Nous ne soutenons en aucun cas cette démarche.
Notes
- Museum of Paleontology University of California, « Discrete Genes Are Inherited: Gregor Mendel, » Understanding Evolution, http://evolution.berkeley.edu/evolibrary/article/_0_0/history_13 (accessed 12/20/08).
- E. J. Larson, “Biology and the Emergence of the Anglo-American Eugenics Movement,” in Biology and Ideology: From Descartes to Dawkins, eds. D.R. Alexander & R.L. Numbers (Chicago: Chicago University Press, In Press). Galton, Francis. Memories of My Life (New York: E.P. Dutton and Co, p. 323, 1909).
- Harry Hamilton Laughlin, Eugenical Sterilization in the United States (Chicago: Psychopathic Laboratory of the Municipal Court of Chicago, 1922).
- Laughlin, Eugenical Sterilization in the United States.
- Steven Jay Gould, “Chapter 20: Carrie Buck’s Daughter,” in The Flamingo’s Smile (New York: W.W. Norton and Company, Inc., 1985).
- Encyclopedia Britannica Online, s.v. « Eugenics, » http://www.britannica.com/EBchecked/topic/195069/eugenics (accessed December 28, 2008).
- Charles Darwin, The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex, (London: J. Murray, 1871), 168. Also available online at John van Wyhe ed., The Complete Work of Charles Darwin Online, http://darwin-online.org.uk/ (accessed 12/20/08). A similarly misleading quote is used in Nathan Frankowski, « Expelled: No Intelligence Allowed, » (USA: Rampant Films, 2008).
- See, for example, Jeff Schloss, « The Expelled Controversy: Overcoming or Raising Walls of Division?, » American Scientific Affiliation, http://www.asa3.org/ASA/resources/Schloss200805.html
- Charles Darwin, The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex, (London: J. Murray, 1871), 168-9. Also available online at John van Wyhe ed., The Complete Work of Charles Darwin Online, http://darwin-online.org.uk/(accessed 12/20/08).
- Voir, par exemple Jeff Schloss, « The Expelled Controversy: Overcoming or Raising Walls of Division?, » American Scientific Affiliation, http://www.asa3.org/ASA/resources/Schloss200805.html. Schloss, “The Expelled Controversy.”