Faraday Paper 20
Est-il rationnel de croire aux miracles ?
Dans cet article du Faraday Institute de Science et Religion de Cambridge, Denis Alexander qui en est le directeur propose une réflexion à propos des miracles et de la science.
Traduit avec autorisation par Hélène Mayhew pour Science & Foi.
Denis Alexander fait remarquer que dans l’esprit du grand public, les scientifiques ne sont pas sensés croire aux miracles. Néanmoins la majorité des pères de la science moderne y croyaient. De nombreuses discussions ont ponctué l’histoire des sciences et de la philosophie sur ce sujet et l’auteur nous propose de la prolonger sur le terrain académique afin de répondre à la question finale « si aujourd’hui encore des miracles se produisent. »
L’article traite des points suivant :
Une présentation de la thèse de David Hume sur les miracles
- Hume était un philosophe empiriste, il conçoit les miracles comme une violation des lois de la nature, ce qui lui parait comme a priori impossible. Entre des lois immuables et des témoignages faillibles, il faut toujours choisir la première voie. De plus on a souvent constaté la propension aux ragots et à l’exagération.
Une critique de la thèse de Hume
- Alexander dénonce l’argument a priori de Hume qui est contraire à toute démarche scientifique et fonctionne comme un raisonnement circulaire. Il engage alors une discussion (toujours ouverte à ce jour) sur ce qu’on entend par « lois de la nature ». Car en fonction de notre compréhension, « violation des lois » prend alors un sens ou un autre. C’est pourquoi Alexander précise que notre conception contemporaine des lois naturelles est plutôt « descriptive » que « prospective ». Il ne s’agit pas de lois juridiques qu’il s’agiraient de respecter, mais plutôt de la meilleurs façon de décrire à ce jour le comportement constant de la matière et de l’énergie dans l’univers. Pour le théiste, cet ordre provient de Dieu lui-même qui est libre d’agir au travers de ces lois ou en dehors d’elles ce qui apparaîtra comme un miracle aux yeux de la science. Le théiste est alors mieux qualifié pour évaluer la preuve d’un événement miraculeux puisqu’il n’écarte pas d’emblée cette possibilité.
- Enfin Alexander entend les critiques de Hume quant aux diverses exagérations et il serait difficile de les nier, il invite donc à la prudence et à l’esprit critique. Le sensationnel a toujours eu bonne presse, mais il ne faut pas en faire un prétexte pour nier d’un bloc toute manifestation miraculeuse.
La compréhension biblique des miracles
- le point essentiel développé par Alexander est que dans la Bible, ce n’est pas le caractère surnaturel du miracle qui est mis en avant, mais sa finalité. Dieu peut très bien choisir d’intervenir par le bais des lois naturelles pour répondre à une situation précise, mais le miracle témoigne avant tout de l’action divine et l’impact de cette action reste mesurable dans l’histoire humaine.
- Dans les trois points que détaille l’auteur, on remarque que la conception biblique, contrairement à la définition de Hume, ne met pas l’accent sur le miracle lui-même, mais sur Dieu, il a un but, un sens, il met l’action de Dieu en avant.
Les miracles se produisent-ils encore aujourd’hui ?
- Dans le cadre du dialogue science et foi, Alexander répond affirmativement à la question posée, rien ne s’oppose à ce que des miracles se produisent encore aujourd’hui
- cependant il insiste sur deux points importants
- l’importance d’une évaluation rationnelle théologique afin de ne pas se laisser entraîner dans des divagations chimériques
- le fait que notre foi ne repose pas sur des signes miraculeux à répétition mais sur la résurrection du Christ, un événement qui dépasse l’entendement de la science mais qui est bien ancré dans l’histoire !
Les miracles et la science
(article complet)
crédit illustration : Golgotha à Jérusalem, https://fr.123rf.com/profile_sopotniccy