Crédit Photo :  Katherine Hayhoe :  by Kai T. Dragland / NTNU

 

L’hebdomadaire Science est probablement, avec Nature, la revue scientifique la plus prestigieuse au monde. En feuilletant son dernier numéro vendredi dernier, j’ai eu la bonne surprise de constater que le journal avait confié son éditorial à la plume de Katherine Hayhoe.

 

Katherine est une scientifique du climat de renommée mondiale[1]. Elle est également Chrétienne évangélique, épouse d’un pasteur Américain. J’ai connu Katherine en 2012, un peu avant que sa qualité de climatologue Chrétienne ne la mette sur la sellette et que Time Magazine ne la nomme l’une des 100 personnes les plus influentes au monde en 2014.

En tant que climatologue, Katherine est bien placée pour savoir que le changement climatique  est bien réel, et que l’activité humaine en est la cause. Mais en tant que Chrétienne évangélique aux USA, elle évolue dans un milieu extrêmement sceptique sur cette question.

C’est donc assez naturellement qu’elle s’est intéressée aux origines du déni du changement climatique et de son origine de la part de gens qu’elle aime et qu’elle connait bien. Quelles sont ses conclusions ? Elle en livre quelques-unes dans l’éditorial qui nous intéresse.

 

D’abord, le titre (de son éditorial) : « Les faits ne suffisent pas ». Face aux difficultés qu’ont certains à se faire à l’idée du changement climatique , la tentation est d’offrir toujours plus de données, toujours plus de faits. Mais, nous dit-elle,

cette approche ne fonctionne souvent pas et peut même produire l’opposé de l’effet désiré. Pourquoi ?

Parce qu’en matière de changement climatique, les objections d’apparence scientifique ne sont qu’un écran de fumée masquant les vraies raisons, qui ont beaucoup plus à voir avec l’identité et l’idéologie qu’avec les données et les faits. 

 

Aux USA en effet, le débat sur le sujet est extrêmement politisé, au point que

aujourd’hui, le meilleur indicateur de l’acceptation du public de la réalité du changement climatique anthropique n’est pas la quantité d’information scientifique disponible. C’est le positionnement des uns et des autres sur l’échiquier politique.

Après avoir tout essayé ou presque pour convaincre, Katherine nous confie,

la chose la plus importante que j’ai faite pour rendre ma communication scientifique plus efficace n’a rien à voir avec la science. Aussi inconfortable que cela puisse être pour un scientifique dans le monde d’aujourd’hui, la chose la plus efficace que j’ai faite est de faire savoir aux gens que je suis Chrétienne.

 

Nulle sortie du placard ici. Katherine est Chrétienne et ne s’en cache pas depuis des années. C’est juste qu’elle ne compartimente pas. Elle s’est rendu compte que si elle veut vraiment servir, elle ne peut ôter sa casquette de Chrétienne quand elle met celle de climatologue. Elle doit porter les deux en même temps, précisément parce que les gens n’ont pas uniquement besoin de faits et de science.

 

Il me semble qu’elle donne un exemple à suivre pour tous ceux d’entre nous qui jouent un rôle similaire, même si c’est de manière plus confidentielle. Et puis il est toujours réconfortant de voir une Chrétienne s’afficher en tant que telle sur une tribune de cette importance. Aux dernières nouvelles, son université ne l’a pas mise à la porte.

 

 


[1] Vous trouverez ici la liste de ses publications dans les revues à comité de lecture.