Dans un numéro récent du magazine scientifique mondialement reconnu “Nature”, un certain nombre de biologistes s’expriment pour souligner que selon eux, la théorie de l’évolution telle qu’elle est aujourd’hui énoncée néglige certains mécanismes clés, et a besoin d’être étendue en tenant compte d’autres facteurs clés, moteurs de l’évolution. Bien entendu, cette information risque d’être déformée par les “antiévolutionnistes” de différents bords selon une tactique bien connue désormais… Nous y voyons plutôt une preuve de la dynamique de la pensée scientifique, telle qu’elle a toujours existée, et qui rend cette entreprise intellectuellement stimulante. Il ne s’agit en aucun cas pour ces savants de nier le fait de l’évolution: les espèces partagent un ancêtre commun et descendent donc les unes des autres par modification, mais plutôt d’en affiner les mécanismes. Einstein a étendu la théorie de la gravitation de Newton et l’a remplacée dans le cadre plus vaste de la théorie générale. Les théories scientifiques fonctionnent souvent comme des “poupées russes” qui s’emboitent les unes dans les autres. (lisez à ce propos cet article d’Antoine Bret). Reste à savoir si cette revendication d’élargissement finira par s’imposer. L’histoire des sciences nous montre bien que si cette théorie est fondée, elle vaincra les réticences, comme cela a été le cas du Big Bang, idéologiquement suspect pour certains athées…
La théorie de l’évolution a-t-elle besoin d’être élargie? oui certainement
Voici une traduction du début de l’article en ligne
“Charles Darwin a conçu la théorie de l’évolution sans connaître l’existence des gènes. L’actuelle théorie de l’évolution par sélection naturelle s’est focalisée exclusivement sur l’héritage génétique et les processus qui changent les fréquences des gènes.
Pourtant, de nouvelle données de champs adjacents remettent en question cette vision étroite. Une vision alternative de l’évolution commence à cristalliser, dans laquelle les processus par lesquels les organismes grandissent et se développent sont reconnus comme causes de l’évolution…
Nous croyons que cette synthèse évolutive élargie (EES) va procurer une nouvelle lumière à propos des mécanismes de l’évolution. Nous soutenons que les organismes se construisent au cours de leur développement, et ne sont pas “simplement” programmés” pour développer certains gènes. Les êtres vivants ne se développent pas pour s’adapter à des environnements pré-existants, mais se construisent et évoluent en même temps que ces environnements, en changeant ainsi les écosystèmes.
Le nombre de biologistes appelant au changement de conceptualisation de l’évolution grandit rapidement. Des supports viennent aussi des disciplines alliées comme la biologie du développement, mais aussi la génétique, l’épigénétique, l’écologie et les sciences sociales. Nous soutenons que la biologie évolutive a besoin d’être révisée si elle veut pleinement profiter de ces autres disciplines. Les données supportant cette position s’accumulent tous les jours davantage…”
Lire la suite de l’article en anglais sur le site du magazine Nature