Introduction
Dans notre vie quotidienne, nous reconnaissons l’existence d’un lien de cause à effet. Il est probable qu’un acte particulier de notre volonté consciente, ou bien qu’une série de circonstances précises conduisent à un aboutissement prévisible. Sans cette possibilité de prédiction, la vie et la communication seraient impossibles. La « science » s’intéresse dans les détails et d’une manière systématique à de tels liens de cause à effet, en explorant comment les circonstances du passé ont produit tel ou tel évènement, et en prédisant comment des évènements futurs arriveront.
Mais quel est le lien exact entre un effet et sa cause ? On peut argumenter sur le fait que 2+2 = 4 est une affirmation nécessairement vraie, le nier serait bien sur absurde. Mais en est-il de même pour les relations de cause à effet ? Serait-il absurde de penser qu’en certaines occasions, un lien de cause à effet ne s’est pas produit ? Non ! Supposez, par exemple que nous sachions qu’en général, un élément de numéro atomique de 63,546 (que nous appelons habituellement le cuivre) conduit l’électricité. Il n’y aurait pas de contradiction logique au fait que la prochaine fois que nous chercherons à observer ce phénomène, il ne se produise pas. Une loi scientifique est tout au plus une généralisation de ce que nous observons habituellement, et la description de ce qui se passe habituellement ne pourra jamais nous dicter le fait qu’il puisse y avoir des évènements anormaux. En utilisant une analogie un peu grossière : dire que l’homme est un bipède n’est pas refuser le titre d’humain à quelqu’un qui a une jambe de bois.
Maintenant, si la bible nous avait dit que les naissances virginales étaient des évènements quotidiens, alors on aurait peut-être pu le vérifier par l’observation.
Si elle dit qu’une naissance de ce type ne s’est produite qu’une seule fois dans l’histoire, alors aucune généralisation scientifique n’est pertinente. On ne peut pas nier le fait qu’un événement unique et inhabituel se soit produit il y a 2000 ans dans l’histoire en montrant qu’ils n’arrivent pas quotidiennement aujourd’hui.
Maintenant, il est vrai que (1) en général nous expérimentons effectivement la régularité dans les événements naturels, et que (2) il est de notre devoir de chercher et de mettre en évidence cette régularité pour pouvoir vivre et communiquer. Chacun sait, en effet, qu’habituellement, l’eau ne se change pas en vin. Tout ce que fait la science, c’est d’ajouter certains détails à cette généralisation de l’observation. L’alcool se forme lorsque des levures transforment le sucre en l’absence d’oxygène pour produire CH3CH2OH. Il faut que des atomes de carbone soient ajoutés à l’hydrogène et à l’oxygène de l’eau, pour former des molécules d’alcool bien précises. Ceci ne peut pas habituellement se réaliser en versant simplement de l’eau (H2O). Mais tout ce que la science a fait ici est d’ajouter des détails à l’observation courante : verser de l’eau ne produit jamais d’alcool. On ne peut pas prouver qu’il existe une impossibilité logique à un tel événement. Le fait que les atomes de carbone ne surgissent habituellement pas de nulle part est en soi une conclusion tirée de l’observation.
Alors, des événements miraculeux tels que celui là se produisent-ils vraiment? Pour répondre à cette question, il nous faut reconnaître qu’il existe une relation complexe entre l’observation, la croyance, et la vision du monde. « Voir c’est croire » n’est pas nécessairement vrai- ce que nous voyons est interprété afin d’ »avoir un sens » dans notre conception habituelle du monde . Il semble qu’il n’y ait aucune possibilité pour que cela se produise dans une séquence habituelle de cause à effet. Donc, ou bien (1) cela c’est vraiment passé, et les lois de la nature n’ont pas été « respectées », ou bien (2) il y a eu un truc ou une hallucination.
Si la personne est un prestidigitateur, alors, quelque soit notre vision du monde, il est clair pour tous qu’il s’agissait d’un truc ou d’une hallucination.
Mais supposez que cette personne soit Jésus de Nazareth.
Pour un athée matérialiste comme Daniel Dennett, parce qu’il n’existe aucune réalité en dehors du monde matériel, toute rupture dans les relations physiques de cause à effet serait purement arbitraire et sans aucun sens. Cette personne n’aurait dons aucune autre option que de conclure qu’il s’agissait d’une erreur, d’un truc ou d’une hallucination.
Il en serait tout autrement pour un chrétien observant ce même événement, parce que les chrétiens croient que Dieu n’est pas simplement une cause parmi toutes les autres, mais à un autre niveau de causalité, Dieu est la cause grâce à laquelle tout continue d’exister. Dieu « soutient toutes choses par sa parole puissante » (Hébreux 1 :3). C’est-à-dire que tout ce qui existe continue de le faire parce qu’il le veut bien. Pour que la vie puisse exister, un tel Dieu doit maintenir en place les séquences régulières de cause à effet, mais il n’existe aucune nécessité absolue à cela. Dans un tel monde, il n’y a donc rien d’irrationnel à supposer que parfois, Dieu peut changer de schéma dans un but précis. Habituellement, l’eau ne se transforme pas en vin, mais en ce qui concerne Jésus, rien n’empêche Dieu de le faire. Ce serait un « miracle », pas simplement un événement que l’on peut expliquer, mais un instant dans lequel il faut sortir des considérations habituelles de cause à effet. Et il n’y aurait absolument rien de différent si l’observateur chrétien était lui-même scientifique.
Des considérations du même genre s’appliquent lorsque nous observons des miracles apparents aujourd’hui. En fait, la science a renforcé les preuves de tels événements plutôt qu’elle ne les a affaiblies, parce que le diagnostique est aujourd’hui plus sur. La disparition soudaine d’une tumeur cancéreuse, scientifiquement inexplicable, est un événement inexplicable pour un athée, mais un « miracle » pour un chrétien. Toutefois, aucun miracle ne sera jamais une preuve indiscutable que Dieu existe et que Jésus est son Fils. On pourra toujours invoquer un truc, une hallucination, etc…si l’on est un athée suffisamment déterminé.
Quelques remarques supplémentaires :
Tout d’abord, Dieu travaille effectivement au travers de miracles, mais aussi au travers de séquences naturels et causales. Jésus dit que Dieu lui-même nourrit les oiseaux (Matthieu 6 :26), mais Dieu le fait au travers de séquences naturelles de cause à effet. Les lois de la nature ne sont pas indépendantes de Dieu, elles ne font que décrire sa manière habituelle d’agir. D’un point de vue moderne, il serait peut-être utile de distinguer deux types différents de « miracles » :
- Type 1 de miracles: lorsque l’enchaînement des événements est miraculeux, mais qu’il est possible d’un point de vue des relations de cause à effet (comme la plaie des mouches en Egypte)
- Type 2 de miracles: lorsqu’il n’y a apparemment aucune relation possible de séquence de cause à effet (comme l’eau changée en vin)
Cette distinction remonte au moins au 5ème siècle, mais elle n’est pas dans la bible elle-même. Le Nouveau Testament utilise généralement deux mots pour miracle : les « signes « et les « prodiges » et les auteurs inspirés ne s’occupent pas de savoir si Dieu a utilisé des processus naturels ou bien si ceux-ci ont été suspendus. La seule préoccupation biblique est (1) qu’il s’agit d’un événement remarquable, et que (2), cet événement était investi d’une intention particulière de Dieu.
Ainsi, si Dieu a calmé la tempète en utilisant les relations normales de cause à effet (Marc 4:49), ça n’en est pas moins un signe dans le langage du Nouveau Testament.
Deuxiémement, cela a toujours été le travail de la science de chercher des explications naturelles, c’est à dire des explications mettant en jeu des relations habituelles de cause à effet. Si un cancer a disparu, c’est le travail du scientifique (quelles que soient ses opinions religieuses) de chercher une explication naturelle. Il n’y a rien d’anti-chrétien la dessous, et , en effet, si on trouve une explication « naturelle », le chrétien n’en louera pas moins le Seigneur pour la guérison et le rétablissement du malade. Simplement, un chrétien qui est aussi scientifique de métier doit être préparé à reconnaître que parfois, lorsque la science ne peut pas trouver d’explication naturelle de cause à effet, soit on en trouvera plus tard (et c’est aussi son rôle de scientifique de persévérer dans cette recherche), soit un miracle super naturel est la conclusion la plus logique.
Pour conclure, l’idée forte de relation de cause à effet a été essentielle dans le développement des sciences. Parmi ses premiers défenseurs, il y avait des savant comme Robert Boyle (1627-1691)- l’un des fondateurs de la chimie moderne. Boyle était un chrétien convaincu, parlant les langues anciennes dans lesquelles la bible a été écrite. Et cet homme croyait fermement aux miracles bibliques. En tant que croyant dans un Dieu qui soutient l’univers entier par sa parole, Boyle n’avait aucun problème avec cette question. Nous ne devrions pas non plus en avoir.
L’original en anglais de cet article peut être consulter en cliquant ici