Original de cet article (partie 1, partie 2, partie 3)
Deux histoires de la création d’Israël
Le livre de la Genèse inclut deux histoires très différentes de la création. La première, « Genèse 1 », va du verset 1:1 jusqu’au milieu du verset 2:4 (2:4a). La seconde, « Genèse 2 », va du verset 2:4b jusqu’au verset 2:25.
A partir du 18ème siècle, les spécialistes Européens de l’Ancien Testament discutèrent ce point sérieusement. Les deux siècles suivants apportèrent la découverte de nombreuses histoires sur la création issues des Mésopotamie, Egypte et Canaan antiques. Avec la découverte de ces histoires sur la création, les spécialistes ont alors disposé de preuves claires pour appuyer l’idée d’une lecture non littérale des textes de la Genèse, puisque chaque histoire biblique partage les caractéristiques de différentes histoires proches-orientales. (Nous étudierons cette question dans de futures parutions).
Certains spécialistes modernes savourèrent le fait de « diviser » simplement ces deux histoires, un moyen d’infirmer la Bible. Cette attitude découragea certaines personnes d’explorer la double nature de ces histoires de la création. Mais le fait de voir deux histoires de la création dans la Genèse n’est pas l’invention des spécialistes bibliques modernes.
Par exemple, l’interprète Juif antique Philon d’Alexandrie (20 av. JC – 50 apr. JC) comprit que Genèse 1 et 2 étaient contradictoires. Ce ne fut toutefois pas un problème pour Philon. Au contraire, cela lui indiqua que les deux histoires ne devaient pas être comprises au plan historique. Dieu voulut qu’elles soient comprises comme désignant des réalités plus profondes que des faits simplement historiques.
Pour les lecteurs d’aujourd’hui, il y a quatre très bonnes raisons de regarder de près les différences entre les histoires de la création de la Genèse.
1Si c’est là ce que l’Ecriture présente, comme l’indiquèrent bien des lecteurs vigilants, c’est une raison suffisante pour que nous y regardions avec attention.
2Deux perspectives différentes sur la création dans la Genèse suggèrent (comme cela fut le cas pour Philon) que l’important n’est pas l’enregistrement historique. C’est là clairement un point très important à considérer dans la discussion entre le Christianisme et l’évolution.
3Le fait de brosser les caractéristiques des deux histoires de la création encourage à respecter ce qui est véritablement écrit, plutôt que d’obscurcir ces éléments afin de parvenir à une unité artificielle. Genèse 1 et 2 ne sont pas le seul endroit dans la Bible où deux versions différentes de la même histoire sont placées côte à côte. (Par exemple, il y a deux généalogies dans Genèse 4 et 5 et deux récits de la dispersion de l’humanité dans Genèse 10 et 11. Il y a aussi deux histoires distinctes d’Israël, une dans Samuel / Rois et l’autre dans Chroniques, et quatre récits distincts de l’histoire de Jésus). Ainsi, lorsqu’on voit la dualité de l’histoire de la création, on devrait porter une attention particulière à ce qu’on peut en apprendre.
4Peut-être ironiquement, le fait de voir comment Genèse 1 et 2 diffèrent nous aidera à apprécier quel rôle elles jouent ensemble au début de la Bible.
Gardant ces choses à l’esprit, voici quelques-unes des différences entre les deux histoires de la création. Nous continuerons ce point plus loin dans notre article.
Combien de temps fallut-il à Dieu ?
Genèse 1 décrit la création comme un évènement de six jours suivi de repos. Certains lecteurs prennent ces jours au sens propre et d’autres au sens figuré. De quelque manière qu’on le prenne, l’histoire est racontée comme une séquence de six actes de création, chacun ayant lieu à des jours différents.
Genèse 2, cependant, ne présente pas une séquence de plusieurs jours. Genèse 2.4b commence avec la phrase hébreu « be-yom ». Cela indique que le second récit de la création s’est déroulé soit en un jour, soit comme une série continue d’évènements non marquée par le temps qui passe. (Mettez côte à côte les deux traductions pour voir les différences que cela fait).
La version NIV (1) traduit cette phrase hébreu par « quand ». Cela est possible en principe, mais cela occulte la particularité de Genèse 2. La version NRSV (2) préserve la meilleure traduction « au jour où ».
Différentes descriptions du commencement Les deux histoires décrivent deux scènes primitives différentes.
Genèse 1 débute avec une matière pré-existante désordonnée – des ténèbres et un abîme – qui est sur le point d’être « apprivoisée » par Dieu dans une séquence de six jours. L’esprit de Dieu de meut au-dessus de l’abîme et commence la séquence de la création en créant la lumière (1:3-5) en premier lieu, puis en séparant les eaux (3)(1:6-10). Genèse 1 montre comment Dieu rend habitable ce qui est inhabitable.
Genèse 2 décrit une transition similaire de l’inhabitable à l’habitable, mais elle ne décrit pas l’état primitif de la même façon. Au contraire, nous nous retrouvons sur une terre qui n’est pas encore complètement habitable. On voit des courants qui arrosent la terre. La problématique présentée n’est pas le chaos (le vide) mais l’absence de flore parce qu’il n’y avait ni pluie ni personne pour travailler la terre.
Le cadre de la scène de la création est différente dans ces deux récits.
Un ordre des événements différent
Genèse 1 et 2 ne commencent pas seulement avec une scène primitive différente. Ils présentent des descriptions distinctes de l’enchaînement des choses, tant dans l’ordre que dans le contenu.
Genèse 1 décrit la mise en ordre du chaos primitif dans la séquence suivante :
En premier, Dieu crée l’espace habitable : la lumière, la séparation des eaux, la terre sèche (jours 1 à 3).
En second, Il remplit l’espace : les plantes, les luminaires célestes, les créatures de la mer et du ciel, les animaux terrestres, et les hommes (homme et femme) ensemble à la fin (jours 4 à 6).
Genèse 2 suit un ordre différent.
Dieu crée ha-`adam (l’homme, ou Adam) à partir de la poussière et avant toute flore (Genèse 1 dit que la flore a précédé l’humanité).
Ensuite (4), Il crée un jardin et y place l’homme pour le travailler.
Après avoir placé l’homme dans le jardin, Dieu crée les animaux pour l’aider.
Puis, ne trouvant pas une aide convenable pour l’homme parmi les animaux, Dieu forme la femme à partir d’une côte de l‘homme (alors qu’il forme les êtres humains ensemble le sixième jour dans Genèse 1).
Les deux histoires de la création ne disent pas la « même chose », Genèse 2 n’est pas non plus la suite chronologique de Genèse 1. Il y a deux histoires distinctes de la création, à la fois en termes de contenu et d’ordre. Les deux récits ne peuvent pas être harmonisés – ils n’ont jamais été prévus pour cela.
J’ai donc expliqué en quoi Genèse 1 et 2 constituaient deux différents récits de création; ils ne sont pas censés être harmonisés ou lus de façon séquentielle. J’ai présenté trois arguments pour venir corroborer cette affirmation : le nombre de jours diffère (six dans l’un, un seul dans l’autre), ils ne commencent pas de la même manière (un chaos liquide dans l’un, une terre aride dans l’autre), et la séquence des événements est différente. Voici maintenant deux arguments supplémentaires.
Des styles littéraires différents
Genèse 1 et 2 ne sont pas rédigés dans le même style littéraire.
Certains n’hésitent pas à qualifier Genèse 1 de « récit poétique » et Genèse 2 de « récit narratif ». Ces appellations sont suffisantes pour constituer le point de départ d’une discussion, même si la plupart des spécialistes estiment qu’elles doivent être affinées, particulièrement en ce qui concerne Genèse 1.
Genèse 1 est certainement plus proche de la poésie que Genèse 2. Par exemple, le rythme répétitif trouvé dans ce passage relève plutôt d’un style poétique : Dieu voit, parle, déclare comme « bon » et bénit le jour. La même chose est vraie pour la structure parallèle des six jours : le cosmos est « informe et vide » dans Gen. 1:2, il est façonné lors des 3 premiers jours et est remplit lors des 3 jours suivants. Le 1er jour correspond au 4ème, le 2ème au 5ème et le 3ème au 6ème. Genèse 1 met l’emphase sur l’organisation plutôt que sur le plan narratif.
Genèse 2 est lui plutôt envisagé dans un style littéraire différent par la plupart des lecteurs. Le chapitre commence par le récit d’une histoire qui comprendra par la suite des dialogues, des conflits et une intrigue. Genèse 2 se lit en fait comme un texte narratif, tout comme ce qui constituera le reste de la Genèse.
Et pourtant, la distinction poésie/narration n’est pas absolue. Premièrement, la bible hébraïque n’est pas seulement composée de deux styles littéraires uniques, mais d’une large variété de styles. Certaines portions de texte peuvent être classées de façon très claire dans l’une de ces deux catégories, mais nombre de passages ne se prêtent pas à ce genre de distinctions génériques (un « no-man’s land réthorique » tel que le formule James Kugel dans son ouvrage classique L’idée de la poésie biblique)
Ensuite, Genèse 1 est dénué de certaines des caractéristiques poétiques présentes ailleurs dans l’Ancien Testament (notamment le laconisme ou la structure parallèle des versets). Même si les styles littéraires de Genèse 1 et 2 sont significativement différents, il est préférable d’éviter ce genre de catégorisation définitive.
Plus important encore, ce genre de classement peut s’avérer problématique. Par exemple, certains considèrent que le caractère poétique de Genèse 1 l’affranchit de ce fardeau d’historicité, et que Genèse 2, en raison de son caractère narratif, est censé être lu comme une description littérale d’événements historiques.
Quoique l’on puisse penser des fondements historiques de l’un ou de l’autre des récits de création, le style littéraire ne doit absolument pas entrer en ligne de compte.
Un style narratif n’implique pas une plus grande valeur historique. Même dans la Bible, un passage narratif peut ne pas être historique. Par exemple, Job 1 & 2 est l’introduction narrative du livre poétique de Job, mais très peu de théologiens considèrent que ce prologue apporte une description historique d’une scène de la cour céleste. En dehors de la Bible, l’histoire de l’humanité est semée de narrations relatant des histoires fictives, et non historiques.
De même, si nous acceptons le caractère poétique de Genèse 1, rien n’implique que le chapitre soit moins historique. Des événements historiques sont fréquemment relatés par le biais de procédés littéraires poétiques. On peut par exemple citer ces « psaumes historiques » faisant le récit des mémoires historiques d’Israël (par exemple : les Psaumes 105 et 106) ou encore le Cantique d’Exode 15 relatant l’épisode de la Mer rouge.
Parfois, les styles de Genèse 1 et 2 sont à tort classés de façon trop catégorique en « poésie » et « narration ». Et quelques fois, d’autres implications négatives sont tirés de ces différences stylistiques, notamment le caractère historique de l’un plutôt que l’autre. Toutefois, les différences stylistiques de Genèse 1 et 2 sont largement reconnues. Ceci, ajouté à d’autres éléments, étaye l’interprétation qui consiste à dire qu’il est question de deux récits distincts.
Des visions différentes de Dieu
Plus importante encore que la différence entre les deux récits de création : la façon dont Dieu est présenté.
Dans Genèse 1, Dieu est transcendant : il se meut au-dessus des eaux, il est au-dessus de tout et appelle à l’existence. Il est souverain sur la création, tel un roi élevé donnant des ordres. Il crée à distance.
Dans Genèse 2, le tableau est différent. Dieu ne se tient pas à l’écart. Il est un protagoniste actif dans le déroulement de la pièce. Il est plus « concret », quasiment humain. Il intervient dans les affaires des hommes.
Cette présentation de Dieu n’implique pas de façon intrinsèque une distinction nette entre Genèse 1 et 2. On attribue à Dieu des caractéristiques comportementales purement humaines (anthropomorphisme) dans chacun des deux récits. Il est en réalité impossible de parler de Dieu sans le décrire avec un langage humain (en faisant par exemple référence à Dieu avec le prénom « lui », comme je le fais ici).
Mais la plupart des théologiens voient effectivement une différence de degrés dans les présentations de Dieu des deux récits. Ceci est d’autant plus manifeste si l’on examine Genèse 2 avec le texte qui suit. Nous voyons ici un Dieu tenant des conversations avec Adam, Eve et un serpent se promenant dans le Jardin ; interrogeant Adam et Eve et réagissant aux actes des premiers êtres humains en les punissant.
Voici donc plusieurs des problèmes que nous aborderons plus loin. Exposer les différences entre Genèse 1 et 2 est le premier pas menant à ces questions plus vastes et d’autant plus intéressantes.
Les noms de Dieu
Dans Genèse 1, le narrateur fait référence à Elohim, traduit par « Dieu ». Dans Genèse 2, le narrateur fait référence à la divinité par le nom Yahweh Elohim, traduit par « le Seigneur Dieu ».
Elohim est le nom courant de Dieu dans l’Ancien Testament. Ce nom fait aussi référence à un dieu non hébreu ou à des dieux, à des anges, ou même à des juges humains. On trouve ce mot dans tout le Proche Orient ancien. C’était un nom générique et universel pour la divinité, un peu comme nous utilisons le mot « Dieu » aujourd’hui.
Yahweh est le fameux tétragramme, les quatre lettres du nom hébreux Dieu YHWH. On le traduit généralement par SEIGNEUR parce que les spécialistes ne sont pas surs de la façon dont on prononçait ce nom. On ajoutait les voyelles pour prononcer le mot « Yahweh ». Traduire YHWH par SEIGNEUR est aussi une façon de montrer notre respect pour le nom divin dans le judaïsme.
Lorsqu’on lit SEIGNEUR dans une Bible en français (et en anglais), il ne s’agit pas d’un titre comme « souverain » pas plus d’un nom impersonnel comme Elohim. Yahweh est le nom hébreu personnel pour le Dieu d’Israël, comme les autres nations avaient leur propre dieu : par exemple Molech, Chemosh, et Baal, parmi d’autres.
Dans le second récit de la création, Eve et le serpent (Genèse 3 :1-5) fait référence à Dieu parElohim seulement, pas Yahweh Elohim. Ceci suggère une déconnection de l’utilisation du nomYahweh.
Nous avons donc vu que Genèse 1 est plus universel dans son appel et son sujet, alors que Genèse 2 est plus terrestre. Les noms de Dieu utilisés dans les chapitres suivants confirment cette distinction.
Différentes méthodes de création
En Genèse 1, Dieu crée en tant que monarche souverain donnant ses ordres d’en haut. Dieu dit « qu’il y ait » et les choses viennent à l’existence. Il sépare et divise, place les luminaires dans les cieux, nomme, et bénit son activité. Ensuite, il se repose, contemplant d’en haut son travail bien fait.
En Genèse 2, il crée d’une manière plus proche de la terre. Yahweh n’appelle pas la vie à l’existence depuis en haut. Il forme plutôt l’homme à partir de la terre comme un potier (il forme aussi les animaux). Dieu souffle la vie dans cette forme pour l’animer. Il plante un jardin. Pour donner à l’homme une compagne adaptée, il plonge l’homme dans le sommeil et construit (littéralement) une femme à partir de son côté.
Les deux histoires décrivent deux méthodes divines de création différentes.
Des visions différentes de l’humanité
En Genèse 1:27, les hommes (adam en Hébreu) sont créés le sixième jour. Ces humains sont à la fois male (zakhar) and femelle (neqeyvah) et ils sont créés en masse et simultanément. En Genèse 2, un mâle (adam) est formé à partir du sol (adamah).
Puis un peu plus tard, dans un acte de séparation créateur, une femme (ishah) est formée à partir de l’homme (ish).
Genèse 1 parle d’une création de masse d’humains (mâle et femelle) en même temps. Genèse 2 commence avec un homme, puis une femme tirée de l’homme en un acte séparé. La différence dans le vocabulaire reflète la différence de perspective.
Une chose en commune dans ces deux histoires, c’est leur vision très élevée de l’humanité. Ceci distingue l’histoire biblique des autres histoires du monde antique. Nous en reparlerons. Ici, nous notons comment les deux histoires bibliques décrivent différemment cette haute vue de l’humanité.
Genèse 1 présente les hommes comme des figures royales, ils sont créés à l’image de Dieu. Pour certains spécialistes, ceci reflète l’ancienne pratique des rois plaçant leurs statues dans différentes parties de leur royaume. De cette façon, les rois peuvent être « présents » au travers de leur image, même quand ils sont absents. En tant qu’image de Dieu, les hommes sont placés sur la terre pour représenter Dieu et exercer la domination sur ce que Dieu a créé. Les hommes sont le couronnement de la création divine et , en tant que tel, sont des médiateurs entre Dieu et la création.
Genèse 2 présente les hommes non pas comme des figures royales, mais comme des serviteurs dans le jardin. L’épopée d’Atrahasis présente les hommes en tant qu’esclaves des dieux, mais ce n’est pas du tout ce que Genèse 2 présente. Genèse 2 :15 dit qu’Adam doit « travailler » et « prendre soin » du jardin. John Walton a souligné que les termes hébreux sous entendant ces mots sont du langage sacerdotal concernant les devoirs envers le temple.(5)
En d’autres mots, le jardin est le sanctuaire de Dieu, et l’homme est le prêtre placé pour en prendre soin. En tant que sanctuaire, le jardin est l’endroit où Dieu réside. Lorsque Dieu parcours ce jardin (3 :8), il ne descend pas d’en haut pour prendre l’apparence d’un invité. C’est son jardin, son sanctuaire. Il habite ici. Adam a l’autorisation de partager cet espace avec Yahweh.
La différence dans la façon dont l’humanité est décrite est l’une des différences les plus significatives entre les deux histoires, c’est pourquoi je l’ai gardée pour la fin. Il est très clair que ces deux histoires ne racontent pas la même chose.
Mais pourquoi sont-elles placées l’une à côté de l’autre ? Il y a une intention la derrière.
Je l’ai déjà dit et je le répète ici : Genèse 1 nous parle de la création universelle alors que Genèse 2 et ce qui suit est plus restreint dans son sujet. Mais même si ces deux histoires sont clairement différentes, elles doivent être lues de concert. Genèse présuppose Genèse 1, et Genèse 1 n’est pas complet sans la création d’Adam dans Genèse 2.
Genèse 1 et Genèse 2 étaient au départ deux histoires anciennes distinctes de la création. Elles ont été assemblées pour former un tout riche de signification, pour raconter une seule histoire, la création du peuple de Dieu (Genèse 2) au sein de l’histoire universelle du cosmos et de tous les peuples (Genèse 1).
J’en reparlerai mais pour le moment : s’en tenir aux différences de ces deux histoires nous aidera effectivement à comprendre pourquoi l’éditeur final de l’Ancien Testament les a mises côte à côte. Si nous minimisons ces différences, nous ne serons tout simplement pas en mesure d’apprécier la raison pour laquelle l’Ancien Testament débute avec deux histoires distinctes telles que celles-ci. Dans mon prochain article, j’illustrerai comment d’autres histoires de création du Proche Orient ancien nous aident à voir les objectifs différents entre les deux histoires bibliques de façon encore plus évidente.
Nous suggérons aux lecteurs de cet article de lire aussi l’article traitant d’une approche incarnationnelle de la Bible et de son inspiration ainsi que celui nous montrant comment les mythes babyloniens et mésopotamiens peuvent aider à calibrer le genre littéraire très complexe de la Genèse.
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Notes
[1] NIV : New International Version
[2] NRSV : New Revised Standard Version. [Note du traducteur : en français, la Nouvelle Bible Segond rend la même traduction que la version NRSV « au jour où »]
[3] note du traducteur : les eaux d’en haut et les eaux d’en bas.
[4] A ce point (v.8), la version NIV traduit le passé simple Hébreu « Le Seigneur Dieu planta un jardin » comme un plus-que-parfait français « Le Seigneur Dieu avait planté un jardin ». Tout au long de cette histoire, la version NIV manipule le passé simple comme un passé simple, mais pas ici. Pourquoi ? La version NIV choisit le plus-que-parfait afin de faire remonter la création du jardin avant celle de l’homme pour préserver la séquence de Genèse 1. La version NRSV est meilleure ici car elle préserve le passé simple, et lit par conséquent Genèse 2 de manière séquentielle. Le même point vaut pour le v.19 et la création des animaux. Genèse 2 les fait créer après l’homme, mais la version NIV là encore utilise le plus-que-parfait pour faire remonter la création des animaux avant celle de l’humanité, pour harmoniser les séquences des deux histoires de la création. Là aussi, la version NRSV préserve le passé simple. [Note du traducteur : en français, la Nouvelle Bible Segond rend la même traduction que la version NRSV par le passé simple « Dieu planta un jardin… » et « Dieu façonna … les animaux »]
[5] John H. Walton, Zondervan Illustrated Bible Backgrounds Commentary (Grand Rapids: Zondervan, 2000), volume 1 (Genesis), p. 31.