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hommage rétrospectif au courage d'Henri Blocher


Georges Daras m’a récemment fait part de la publication d’un échange de correspondance entre Jean Marc Berthoud et Henri Blocher.  Il est publié en annexe d’un livre de Berthoud intitulé « Création, Bible et science » aux éd. l’Âge d’Homme. Vous pourrez consulter certaines lettres sur google books.

J.M. Berthoud est un créationniste strict, de la tendance fondamentaliste « néo-calviniste » comme P. Courthial par exemple.

Cet échange de lettres est très violent dans les attaques dont Henri Blocher a été la cible, malgré une courtoisie de politesse. Il est à mon sens assez représentatif du type de raisonnements des chrétiens pour qui une interprétation littéraliste des premiers chapitres dela Genèse est un fondement de leur foi. Remettre en cause une interprétation historique de Genèse 1 et leur édifice théologique s’écroule, voire leur conception de l’évangile tout entier. Cela me fait froid dans le dos de réaliser la fragilité d’une telle construction menaçant à tout instant de céder sous le poids des évidences !

En parcourant cet échange, j’ai réalisé à quel point Henri Blocher avait réussi à tenir ferme malgré toutes les accusations dont il était l’objet, et les amalgames qu’il avait eu à supporter. Par son courage et son influence, il a permis à tout un pan du monde évangélique francophone de ne pas sombrer dans une mentalité anti-science et anti découverte scientifique.

Les lecteurs de ce blog ont bien compris en me lisant que je regrette que par certains côtés, Henri Blocher n’aille pas plus loin, par exemple en ce qui concerne l’historicité de Genèse 1-11 et la reconnaissance d’une « science » ancienne dans le Bible, illustrée par exemple par le firmament. Pourtant, en lisant cette correspondance, j’ai réalisé davantage le chemin parcouru et je n’ai pu que ressentir de l’admiration pour le courage de ce théologien français reconnu mondialement.

 

Pour que vous puissiez bien comprendre ce qui lui était reproché, voici quelques extraits des lettres de J.M. Berthoud :

Mon choix étant forcément sélectif, j’invite les lecteurs à consulter cet article

Jean Marc Berthoud et Henri Blocher: débat public sur la doctrine biblique de la création

Henri Blocher accusé de favoriser le libéralisme de certains théologiens par ses thèses dans la Révélation des origines.

 

« Comme le lui faisait remarquer son ami  Pierre Courthial, présent à cette occasion (il était à l’époque Doyen de la Faculté libre de Théologie Réformée d’Aix-en Provence où il enseignait l’éthique et l’apologétique), si le premier chapitre dela Genèse n’était pas vrai historiquement et scientifiquement le troisième devait avoir le même caractère ; ces adversaire libéraux avaient certainement raison de le considérer sur ce point comme étant des leurs. L’historicité et le caractère du serpent parlant du troisième chapitre n’est guère plus conforme à la raison raisonnable que la création en six jours du premier. Mais si le troisième chapitre dela Genèseest un mythe, il en est fait de la doctrine du salut. Sans péché historique, il ne peut y avoir de salut historique… » J.M. Berthoud, février 1990

 

Autrement dit, celui qui ne croit pas que l’univers a quelques milliers rejette le sacrifice de la croix de Jésus-Christ !!!!

 

Lisons un peu plus loin

« …Certes, comme il s’en défendait vigoureusement auprès de son ami Pierre Couthial, telle n’était pas l’intention d’Henri Blocher. Mais ici c’était les libéraux qui avaient raison et les meilleures intentions du monde pavent fort bien le chemin large et libéral qui mène à l’apostasie de l’Eglise… »

 

Autrement dit, les chrétiens (et les pasteurs !) qui pensent que l’évolution est le moyen choisi par Dieu pour créer sont tout simplement en train d’entraîner son peuple dans l’apostasie !!

 

«  Il s’agit d’un coin durement enfoncé dans les fondements bibliques de notre foi…C’est ainsi que le libéralisme néo-orthodoxe fait son entrée dans nos milieux évangéliques et fait disparaître le véritable témoignage chrétien dans notre monde. »

 

J’ ai envie de répondre :

« C’est par de tels raisonnements que vous empêcherez les dizaines de milliers d’étudiants en science qui savent très bien que l’évolution est prouvée de façon aussi puissante que la terre tourne autour du soleil,  d’accéder au glorieux évangile de Jésus-Christ. »

 

Dans une autre lettre datée du 10 février 1990 :

« Le sujet nous paraît trop important pour que le débat soit évité. Le glissement que représente la position que vous défendez, qui ouvre la porte à la tendance évangélique si courante qui est de aujourd’hui de mettre en doute la véracité de la Parole de Dieu en faveur de pensées plus conformes au monde actuel, mérite une discussion sérieuse. Dans différents milieux où cette question a été posée le débat a été esquivé au nom d’une négation de la clarté inhérente à l’Ecriture. Ainsi est ouverte toute grande la voie à cet agnosticisme exégétique dont nous n’avons pas fini de voir les ravages. »

Je complète avec un extrait d’une lettre de l’Association Création Bible et Science

« Dans l’adoption ou le rejet de nos hypothèses d’interprétation c’est le principe de l’analogie de la Foi qui est déterminant. Je constate qu’en dépit de votre affirmation véhémente de la valeur historique et scientifique du récit de la Genèse vous avez encore récemment préfacé l’ouvrage du doyen des évolutionnistes théistes francophones, Jean Humbert, dont les positions qui préconisent une conciliation entre évolutionnisme et récit biblique de la création sont connues depuis longtemps. Cette position contredit explicitement d’innombrables faits bibliques et l’enseignement explicite de notre Seigneur lui-même.

Or, cet évolutionnisme théiste, ce créationnisme progressif, établit la mort de l’ensemble des êtres vivants (animaux et hommes) comme moteur de l’évolution et la place antérieurement à, et indépendamment de, la chute de l’homme. Ceci, il faut le dire, n’est pas vrai seulement de la. mort de l’homme mais également de celle des animaux. ( … )
Dans le système évolutionniste théiste ce n’est plus le péché qui fait pénétrer la mort dans le monde, mais la mort, elle, qui précède l’apparition du péché. Vous voyez sans autre les implications dogmatiques d’une telle affirmation tant pour la doctrine du salut que pour celle de l’inspiration elle-même ! Sûrement que vous ne désirez pas cautionner de telles conclusions, conclusions que l’on doit déduire de votre exégèse interprétative de la Genèse? Ce sont évidemment ces conclusions que tirent de vos hypothèses bon nombre de vos propres disciples. Ne comprenez-vous pas que l’évolutionnisme théiste de M. Humbert vide, en fin de compte, l’expiation elle-m~me de son sens salvateur unique: la mort d’un Sauveur comme propitiation des péchés du monde puisque la mort n’est plus le salaire du péché? »

Ainsi, les dinosaures n’ont pas connu la mort avant qu’Adam ne mange du fruit de l’arbre défendu! On est en pleine science fiction…

Heureusement que nous ne vivons plus au temps de Galilée !!


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