Article 3 sur un total de 6 pour la série :

Science et Foi au Gordon College 2013


Nous avons assisté ce soir à la conférence de John Walton, théologien de l’A.T. bien connu pour ses livres et ses articles. Je ne ferai pas ici un compte rendu complet des propos de John Walton mais partagerai plutôt quelques glanures captées au vol.

John Walton a évoqué la façon dont beaucoup de croyants traitent les rapports entre les découvertes de la science et l’interprétation des textes de la Genèse. Pour beaucoup, il s’agit d’un problème de compatibilité entre ce que la science dit et ce que la Bible dit. Pour John Walton, la vraie question est de savoir dans quel domaine la Bible fait effectivement autorité pour le chrétien. Il est donc impératif de bien comprendre ce que l’auteur du texte a véritablement voulu communiquer sous l’inspiration du Saint Esprit, afin que notre interprétation corresponde aux intentions du texte. Pour John Walton, la Bible ne contient aucune révélation d’ordre scientifique qui ait dépassé la connaissance du monde naturel qu’en avaient ses auteurs. Lisons-nous donc le texte de la bonne façon ? Nous avons le privilège de disposer de nombreux textes du Proche Orient Ancien mis à jour depuis la fin du 19ème siècle. Ces textes nous aident à mieux nous imprégner des genres littéraires du POA, bien que cette entreprise sera toujours très partielle.

L’idée est de ne pas manipuler le texte. La théorie des jours/époques qui interprète les jours de Genèse 1 comme une succession d’époques géologiques est un exemple flagrant de manipulation du texte biblique en matière d’interprétation.

Nous ne devons pas avoir peur d’être surpris par le texte, de ne pas en avoir épuisé toutes les facettes. Il nous faut sans cesse l’analyser à nouveau et remettre sur la table des interprétations que l’on tenait pour acquises.

Une analyse linguistique précise doit nous guider. Est-il par exemple légitime d’interpréter le verbe « bara » comme une création spéciale de Dieu, et « asa » comme une création à partir de matériaux préexistants ?

La comparaison attentive de différents textes peut également être d’un grand secours. Beaucoup ont interprété la création d’Adam à partir de la terre comme un acte spécial de Dieu, or un Psaume nous affirme que nous tous (et pas seulement Adam) avons été formés à partir de la poussière…cela donne à réfléchir !

De nombreux défis nous attendent une fois que nous avons réalisé que la science contenue dans la Bible est celle de ses auteurs ! Les connaissances nouvelles nous permettent d’affiner nos interprétations qui n’aboutiront jamais à des versions définitives.

En terme de communication concernant le fait que la Bible ne s’oppose en rien à l’évolution, John Walton insiste sur le fait qu’il faut bâtir la confiance de l’auditoire en affirmant lourdement la foi dans l’autorité de la Parole de Dieu, dans ce qu’elle cherche véritablement à nous communiquer. Il ne s’agit pas simplement de détruire les convictions profondes de nos auditeurs sans reconstruire derrière, et mettre en évidence la valeur de ce qui a été reconstruit.

Un récit biblique comme celui du déluge ou de la tour de Babel pourrait être comparé à un portrait cubiste de Picasso d’une femme dont nous disposons de la photo. Picasso dit sa vérité d’artiste quand il esquisse un portrait qui de notre point de vue est très différent de la photographie. Est-il raisonnable de chercher à reconstituer cette photo à partir du dessin cubiste ? Ne passe-t-on pas là à côté de la vérité qu’a voulue communiquer l’artiste ?


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