Voici un article que nous repêchons de nos archives et qui propose de réfléchir à la loi morale comme argument plaidant en faveur de l’existence de Dieu.

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Dans mes derniers échanges avec un internaute, j’ai cité C.S. Lewis, certainement plus connu du grand public pour ses romans transformés en film comme « le Monde de Narnia » que pour ses écrits racontant sa conversion de l’athéisme au christianisme. Professeur à l’université d’Oxford, C.S. Lewis était un philosophe chrétien extrêmement inspirant, et sa lecture est spécialement jubilatoire ! Il est aussi connu pour ses discours à la BBC faits pendant la seconde guerre mondiale, lorsqu’il encourageait les anglais sous les bombardements à résister à la dictature nazie. Dans « les fondements du christianisme », C.S. Lewis évoque l’un des arguments qui l’ont fait basculer dans le camp des chrétiens : l’existence d’une loi morale universelle chez les hommes. Pour C.S. Lewis, cette loi morale pointe vers une loi morale parfaite dont Dieu est à l’origine. Cet argument a influencé bien des non croyants après lui.

Francis Collins est un chrétien évangélique et scientifique de renommée internationale : il a dirigé le projet pour la lecture complète du génome humain achevée en 2003. C’est d’ailleurs cette découverte qui apporte une confirmation spectaculaire à la théorie de la macroévolution et à l’ascendance commune de l’homme avec le reste de la vie. Le chimpanzé et l’homme ont bien un ancêtre biologique commun ! Avant d’être chrétien, Francis Collins était un athée convaincu, jusqu’à ce qu’il se pose de vraies questions à propos de la foi et de l’existence de Dieu. Voici quelques extraits de son livre « The language of God » récemment traduit aux éditions des Presses de la Renaissance (« de la génétique à Dieu »). Il y raconte l’influence qu’à eu sur lui la pensée de C.S. Lewis.

 

« Je n’avais jamais considéré sérieusement les arguments en faveur ou en défaveur de l’existence de Dieu.

Cette idée m’a hanté pendant plusieurs jours. Me considérais-je comme un scientifique ? Un scientifique tire-t-il une conclusion sans avoir examiné les données ? Pouvait-il exister une question plus importante pour l’homme que de savoir « s’il y avait un Dieu » ? Et pourtant j’en était bien là, dans une combinaison d’aveuglement volontaire et de quelque chose qui ne pouvait que se décrire comme de l’arrogance, puisque j’avais refusé jusque là d’envisager sérieusement que Dieu constitue une vraie possibilité. Tout à coup, tous mes arguments m’ont paru très fragiles, et j’avais l’impression que la glace se fissurait sous mes pieds. C’était une expérience terrifiante. …

[Dans ma recherche, je me suis procuré] Les fondements du christianisme de C.S. Lewis. Durant les quelques jours qui ont suivi, alors que je tournais les pages, j’ai lutté pour absorber le souffle et la profondeur des arguments intellectuels que ce savant légendaire mettait sur le papier. J’ai alors réalisé que toute ma construction s’opposant à la possibilité de la foi était celle d’un écolier…Lewis avait l’air de connaître toutes mes objections, parfois avant même que je ne les formule. Invariablement, il en parlait une ou deux pages après. Lorsque plus tard, j’ai appris que Lewis avait lui-même été athée, et qu’il avait voulu montrer le caractère illogique de la foi, j’ai réalisé combien sa pensée pouvait m’être utile dans mon cheminement. Ce cheminement avait aussi été le sien… »

 

 

Voici quelques extraits de la pensée de C.S. Lewis dans Les fondements du christianisme.

 

La question ici est : « Cette loi morale, n’est elle pas simplement un convention sociale, quelque idéal que nous enseigne l’éducation ? » Voici ce qu’en pense C.S. Lewis :

« Je crois que cette opinion relève d’un malentendu. Les personnes qui posent cette question admettent généralement que tout ce que nous avons appris de nos parents et de nos maîtres n’est qu’une invention humaine ; mais ce n’est pas le cas. ..Mais si certaines des règles enseignées ne sont que de pures conventions différentes suivant les pays, d’autres pourtant, comme les mathématiques, sont des vérités réelles. La question demeure de savoir à quelle classe appartient la loi naturelle.

Deux raisons permettent d’affirmer qu’elle est une vérité aussi réelle que les mathématiques. La première est que, comme je l’ai déjà dit dans le premier chapitre, malgré les divergences entre les idées morales d’une époque ou d’un pays quelconque, les différences ne sont pas réellement très grandes, et moins importantes que ne l’imaginent la plupart des gens. Vous pouvez repérer la même loi qui les inspire, alors que les pures conventions, tels que le code de la route ou la mode vestimentaire peuvent diverger nettement. L’autre raison est la suivante : quand vous réfléchissez aux différences existant entre la morale d’un peuple et celle d’un autre, croyez-vous que l’une d’elles soit toujours meilleure ou pire que l’autre ? Les changements intervenus ont-ils tous constitués des améliorations ? S’il n’en était rien, alors naturellement jamais ne se produirait le moindre progrès moral. Le progrès signifie non pas seulement un changement, mais un changement vers le mieux. Si aucun code d’idées morales n’était plus vrai ou meilleur qu’un autre, alors pourquoi préféreriez vous la morale des civilisés à celle des sauvages, ou la morale chrétienne à celle des nazis ? En fait, nous croyons tous fermement que certaines morales sont supérieures à d’autres…

Dés l’instant où vous affirmez qu’une morale est meilleure qu’une autre, vous vous référez au critère d’une morale supérieure vers laquelle elle tend davantage que l’autre. En réalité, vous les confrontez à quelque morale vraie, qui doit exister réellement, indépendamment de ce que pensent les gens. Vous considérez que les idées de certains sont plus proches de cette valeur extrême que d’autres. Exprimons cela différemment. Si vos idées morales peuvent être plus vraies et celles des nazis moins vraies, il doit exister quelque morale étalon qui sert de référence. La raison pour laquelle votre idée de New York peut être plus juste que la mienne, tient au fait que New York est un lieu réel, existant indépendamment de ce que pense l’un ou l’autre….

Bien que les différences entre les idées des gens concernant la bonne conduite nous fassent souvent douter de l’existence réelle d’un code de bonne conduite, ce que nous sommes obligés de penser à propos de ces différences prouve exactement le contraire. »

 

 
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