Article 3 sur un total de 3 pour la série :

Porter le message de l'évangile au cœur d’une création évolutive ♥♥♥


 

J’aimerais entrer un peu plus dans le vif du sujet : comment évangéliser en tenant compte d’une création évolutive ?

À terme, je présenterai un « plan du salut » qui tienne compte de l’idée d’une création évolutive (i.e. acceptant la théorie de l’évolution) en espérant que non seulement ce soit compatible avec l’évangile, mais que cela pourra prévenir quelques-unes des objections intellectuelles les plus redoutables.

Tout le monde sait que les objections les plus redoutables à la foi concernent la souffrance, notamment celle des innocents. Comment un Dieu bon peut-il laisser des innocents (bébés, enfants, personnes vulnérables, victimes de catastrophes naturelles, famine, guerre, etc.) souffrir ?

La réponse classique dit: la liberté. L’humanité souffre parce que, depuis belle lurette, elle s’est détournée de son créateur et de sa volonté. L’homme commet le péché (le mal commis) qui altère les relations et entraîne toutes sortes d’injustice (le mal subi).

Ok, parfait. Mais qu’en est-il des catastrophes naturelles, des famines, des maladies infantiles, des virus, de la prédation animale, du transgénérisme et j’en passe ? On parle ici du « mal naturel », c’est-à-dire la souffrance qui ne résulte pas de la volonté humaine.  Augustin a dit que cela est provient également de la liberté, celle du premier homme, Adam, qui entraîna l’humanité dans une corruption de nature suite à sa désobéissance. Celle-ci a eu un effet cataclysmique, corrompant la nature humaine et animale, terrestre, le climat, etc.

C’est là que ça accroche nos contemporains et qu’à mon avis il faille préférer l’explication d’une création évolutive pour expliquer le « mal naturel ».

Dans notre schéma explicatif du salut, il faut être capable d’intégrer les connaissances universellement reconnues sur l’évolution. Je ne parle pas de « l’évolutionnisme » comme philosophie athée, mais je parle de l’évolution comme « mécanisme de création » utilisé par Dieu.

L’idée de « création évolutive » implique plusieurs choses positives :eXploration_Theologique

D’abord que le monde est créé par Dieu. Dire qu’il est « créé par Dieu » implique plusieurs choses. D’abord qu’il est bon parce que créé par un Dieu bon. Deuxièmement qu’il n’est pas d’essence divine parce qu’il est « créé » (Dieu ne s’étant pas dupliqué). Troisièmement qu’il n’est pas éternel ; il ne subsiste pas lui-même, il existe (est tiré de) Dieu.

Ce n’est pas tout. Étant créé par Dieu, il est vivant. Il produit la vie. L’univers n’est pas statique, ce n’est pas une machine. C’est plutôt un laboratoire, une puissance de création capable de se diversifier partout dans l’univers, de s’adapter et même d’évoluer. Ok, ça cause de la souffrance, mais cette souffrance est intrinsèque à tout ce qui existe.

Faisons un pas de plus si vous le voulez bien. Dire que l’univers est vivant et comprendre son dynamisme à l’origine de toute diversité (animale et végétale), c’est reconnaître humblement que l’univers nous dépasse largement. L’observation le confirme. Nous sommes issus de la création. Nous sommes des créatures d’une création. Nous sommes dans la matrice. Nous pouvons certes, par notre science, explorer de mieux en mieux cette matrice, mais nous ne pourrons jamais nous y soustraire. Nous en faisons partie. Nous sommes une partie d’un tout, d’un ensemble intrinsèquement lié. En un mot : elle nous domine infiniment. Se penser plus grand qu’elle serait un délire despotique.

Revenons à Genèse 2-3 quelques instants. Dieu appelle l’homme à dominer cet univers. Le fait « qu’il appelle » l’homme à dominer montre que ce n’est pas un état de fait. C’est un but. C’est une possibilité, une possibilité « en Dieu » ou « avec Dieu », qui l’appelle à dominer.

Mais au départ, qui domine ? C’est le serpent qui domine l’homme. Il est bien plus rusé. Je parle qu’il est plus rusé que l’homme naturel, bien sûr. Nous avons déjà longuement montré qu’Adam est le représentant de l’homme naturel . 1 Co 15.47 l’affirme explicitement :

 le premier homme tiré de la terre est terrestre. Le second homme, lui, vient du ciel.

Adam était le terrestre, Christ le céleste.

Ainsi l’homme, issue de la nature, est dominé par elle. L’homme naturel ne peut s’affranchir de ce qui le dépasse, d’où la faillibilité d’Adam devant la tentation du monde. L’adam dépeint par le récit de la genèse est une créature faillible et limitée dans ses forces, quoique pourvu d’extraordinaires pouvoirs en Dieu.

Peut-être penserez-vous qu’en m’exprimant ainsi je fais de Dieu le responsable du péché de l’homme en l’ayant créé faillible et faible devant un monde qui le dépasse. Et bien non ! Dieu n’est pas « le » responsable. La Bible ne parle « d’un » responsable. La Bible évoque plusieurs facteurs qui ont conduit à l’entrée du péché dans le monde (Ge 3.1 ; Rom 8.17 ; Jean 9.2-3 ; Ja 1.14 ; 1 Co 15.21, etc.). Le but de Dieu n’a jamais été que nous dominions sur la nature par nos propres forces. Mais que nous vivions par la foi et répondions à son appel.

Comme je le mentionnais dans le deuxième article de la série, le péché s’accroche automatiquement au commandement pour susciter les mauvais désirs de toutes créatures libres (Rom 8.12ss). Comme c’est une réalité que Dieu connaissait d’avance (il ne faut pas le sous-estimer..), ce n’est évidemment pas sur le principe de la Loi qu’il justifie les hommes, mais sur le principe de la foi.

En d’autres mots, et je concluerai avec ceci : jamais Dieu n’a voulu que l’homme soit sans péché au regard de la loi, puisque la Loi est le parfait reflet de son être et que seul Dieu peut être fidèle à lui-même. Mais il a voulu que l’homme marche par la foi pour surmonter le péché qui, inévitablement, prend appui sur la Loi comme dit Paul, pour aliéner le sujet central de sa création.


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