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Cet article se place dans la perspective chrétienne de l’évolution comme la décrit Denis Lamoureux dans son livre déjà présenté par Benoit Hébert « I Love Jesus & I Accept Evolution« 

Denis O. Lamoureux est professeur  de science et de religion à l’Université d’Alberta. Sa nomination à ce poste est le premier cas de titularisation dans cette discipline au Canada. Il détient trois thèses d’état (dentisterie, théologie et biologie). Lamoureux soutient que, si les limites du christianisme évangélique et de la biologie évolutive sont respectées, alors les relations qu’elles entretiennent sont non seulement complémentaires mais aussi nécessaires. Il est membre du conseil de direction de l’American Scientific Affiliation du Canada et membre de l’ASA (American Scientific Affiliation).

L’EVOLUTION HUMAINE

Dans son chapitre 6 « L’évolution humaine » Denis Lamoureux aborde la question sensible des caractéristiques qui séparent l’homme de l’animal et du fameux « instant précis » où un individu évoluant passerait du statut d’animal à celui d’humain.

Pour beaucoup, explique l’auteur, l’évolution de l’homme nous réduit à rien d’autre que des animaux dirigés par des pulsions physiques.

Il convient donc tout d’abord de rappeler les 4 fondements théologiques qui unissent tous les chrétiens :

  • Dieu est le créateur de l’humanité
  • Les humains sont créés à l’image de Dieu
  • Chaque homme et chaque femme est pécheur, rebelle à son créateur, pécheur envers les autres. Tous les hommes sont responsables de leurs actions et Dieu en demandera compte.
  • Jésus s’est offert pour la rédemption des péchés, il est le seul nom donné par lequel nous puissions être sauvés.

Les mignes suivantes traitent des preuves scientifiques inéluctables de l’évolution humaine. Plusieurs articles existants sur la question, je n’en ferai pas ici la description. Il est tout de même bon de relever que la vision purement scientifique (archéologie, génétique) des origines de l’homme dit moderne évoque que l’humanité trouve ses racines dans environ 1 000 à 10 000 individus vivant il y a environ 50 000 ans.

Je me focaliserai donc plutôt sur le sujet qui nous intéresse de plus près : A partir de quand pouvons-nous penser que l’homme porta l’image de Dieu et fut déclaré responsable de ses actes et donc pécheur ?

Denis Lamoureux poursuit en indiquant que la bible ne répond pas à ces questions modernes parce que l’origine de l’humanité y est décrite avec une vue de la science ancienne.

Dans le cas du développement de la vie embryonnaire, il semble d’ailleurs y avoir les mêmes difficultés à répondre à ces questions : A partir de quel stade le fœtus est-il porteur de l’image de Dieu, du péché ?  Cela reste un réel mystère pour nous.

Relevant à quel point ce sujet peut être sensible dans les différentes confessions chrétiennes aujourd’hui, le théologien présente 3 modèles compatibles avec l’évolution humaine et respectueux des 4 fondements cités plus haut, il encourage son lecteur à pouvoir faire son choix librement :

Le monogénisme évolutif

(Grec : monos : un ; genèse : commencement)

Cette position suggère que Dieu à un instant précis a sélectionné un couple d’individus parmi la population des pré-humains en cours d’évolution. Il leur implanta son Image ce qui les rendit en un instant moralement responsables.

Ils péchèrent par un acte de désobéissance. Les autres pré-humains s’éteignirent, toute l’humanité aujourd’hui descend de ce couple originel identifié comme Adam et Eve.

Billy Graham par exemple est à l’aise avec cette vue des choses.

Le polygénisme ponctuel

(Grec : polus : plusieurs)

Selon cette perspective, le Créateur à un stade précis de l’évolution, est intervenu pour implanter son Image dans tous les pré-humains existants (faisant d’eux des hommes) ou au sein d’un groupe de ces individus, les autres auraient disparu.

A ce moment précis, ces êtres seraient devenus moralement responsables et ils auraient tous péché très tôt.

Cette compréhension des origines suggèrerait qu’il y ait eu une génération de plusieurs « Adams » et « Eves »

Le polygénisme graduel

Cette approche affirme que l’image de Dieu et l’immoralité de l’homme se sont manifestées graduellement et mystérieusement au travers de plusieurs générations d’ancêtres évoluant.

L’origine de ces caractéristiques spirituelles qui définissent et distinguent l’humanité ne se limitent pas à un événement ponctuel dans le passé. Elles se seraient plutôt développées graduellement d’une manière similaire à ce qui se passe au niveau du processus embryonnaire. Ceci reste en fin de compte très mystérieux.

De ce fait, il n’y aurait jamais eu d’Adam ni d’Eve historiques.

La création évolutive (ou l’évolutionnisme théiste) adopte le modèle du polygénisme graduel.

Cette approche des origines de l’homme spirituel ne dépend pas de l’hypothèse que les premiers chapitres de la bible imposent une approche de concordisme scientifique.

A contrario, Les 2 autres modèles (le polygénisme ponctuel ainsi que le monogénisme évolutif) sont des modèles concordistes à différents degrés. Les deux se réfèrent à l’homme créé à l’image de Dieu et à une chute subite comme à des évènements ponctuels de l’histoire de l’homme.

Cependant, du fait que la bible présente un contexte de science ancienne (incluant une création de novo de l’homme) ces modèles tentent de faire cohabiter une vision moderne de la science (théorie de l’évolution) avec une vision ancienne.

Cette méthode d’interprétation est du même ordre que de demander à la NASA de s’appuyer sur une description de l’univers en 3-tiers comme décrite dans la bible, pour envoyer ses fusées dans l’espace.
Il s’agit là d’un usage inapproprié de la bible.

En respectant les limites et les objectifs à la fois du livre de la Parole de Dieu (la Bible) et du livre des œuvres de Dieu (la nature expliquée par la science) la création évolutive offre une approche complémentaire pour comprendre les origines spirituelles de l’homme qui en font un être unique.

Malgré nos propres limites pour comprendre entièrement comment les réalités spirituelles de l’image de Dieu et de la responsabilité morale de l’homme ont émergées au cours du processus évolutif menant à l’homme, nous savons avec certitude que nous sommes les seules créatures à porter l’image de Dieu et a avoir péché, ce qui nous donne à tous le besoin d’un sauveur.

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 Pour en savoir plus

sur les explications de Denis Lamoureux concernant la création évolutive, vous pouvez cliquer sur le tag de son nom  : https://scienceetfoi.comtag/denis-lamoureux/

Pour des informations concernant la vision 3-tiers de l’univers, voir cet article de Benoit Hébert :
https://scienceetfoi.com/ces-theologiens-de-la-t-qui-reconnaissent-que-genese-1-est-ecrit-avec-une-conception-ancienne-du-cosmos33/

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 Mon commentaire personnel

sur l’approche de Denis LAMOUREUIX :

Ce livre, dans un anglais tout à fait accessible à un niveau scolaire, mérite réellement le détour.

Bien entendu la démarche consistant à voir des versets de la bible emprunts de la vision scientifique du monde à l’époque de ses rédacteurs peut s’avérer choquant pour notre culture chrétienne  traditionnelle.
Sans jamais s’imposer, l’auteur fait preuve d’une grande pédagogie et confie au lecteur les expériences qui l’ont conduit à reconsidérer ses positions de croyant fondamentaliste convaincu pour adopter celles de la création évolutive.

Concernant ce chapitre 6, les questions posées sont pertinentes, mais j’avoue regretter le fait que Denis Lamoureux semble assimiler la question du péché en  particulier, à la nature quasi biologique de l’homme.

Peut-on réellement concevoir que l’embryon soit déjà pécheur, contaminé par les gènes de ses parents? Si cela était, cela implique que le péché soit comme une substance codée dans les gènes mais ça ne répond pas vraiment à la définition philosophique et morale du mal.

De plus cet héritage des parents contaminant la nature des générations suivantes pose un problème d’inerrance théologique important, car selon les Ecritures mêmes : « On ne fera point mourir les pères pour les enfants, et l’on ne fera point mourir les enfants pour les pères ; on fera mourir chacun pour son péché. » (Deutéronome 24:16)

Quant à porter l’image de Dieu, de quoi s’agit-il exactement ?

L’émergence de la conscience n’est pas abordée, ce qui me parait être une limitation importante pour soutenir les réflexions engagées ici.

En fait et très succinctement, je pense qu’il faut accompagner cette approche faite par un scientifique et théologien d’envergure par une lecture complémentaire philosophique et existentialiste comme a pu le présenter notre très cher ami Bruno Synnott en décryptant pour nous le travail entrepris par Paul Ricoeur entre autres.

Dans ce cadre philosophique, on perçoit très bien comment l’aspect de liberté dont jouit l’homme vis-à-vis de son créateur implique de soi-même la notion de péché (l’impossibilité pour l’homme de répondre par lui-même à toutes les exigences de Dieu) comment l’impact de la culture et le développement de la conscience chez l’enfant vont jouer un rôle dans l’influence du mal et la responsabilité morale de l’homme qui existe devant Dieu (contrairement à l’animal qui ne répond en rien à ces exigences spirituelles).

Ainsi le récit d’Adam et Eve peut prendre une dimension non pas historique – je subirais aujourd’hui les conséquences de la désobéissance de lointains parents par un mystérieux processus de transmission génétique ou autre – mais une dimension existentielle, notre propre expérience d’homme conscient et responsable devant Dieu, influencé par notre environnement, libre devant lui et incapable de faire toute sa volonté sans jamais chuter.

Tous avons donc besoin de l’œuvre de la Croix de Jésus pour communier avec notre Dieu créateur.

Dès que les hommes ont eu cette faculté de conscience, qui a bien entendu pu se forger graduellement au cours de l’histoire de l’évolution, ils ont donc été concernés par la réalité spirituelle du récit de la tentation et de la connaissance du bien et du mal comme nous le sommes encore aujourd’hui.

Voici 2 articles de Bruno Synnott qui aideront les lecteurs curieux ou intéressés à approfondir ces notions à peine effleurées ici.

L’Adam c’est nous

Le Salut des petits enfants