Article 1 sur un total de 4 pour la série :
Introduction à l’introduction (!) :
Merci à Bruno Synnott de nous permettre par cette série d’articles d’élargir notre réflexion théologique et philosophique en nous présentant le « théisme ouvert ». Bruno excelle dans ce travail « d’exploration théologique » comme il aime à qualifier ses recherches. Cette série n’a pas pour but de prendre position en faveur du théisme ouvert, mais plutôt d’en comprendre les enjeux et les conséquences éventuelles dans notre compréhension de l’action de Dieu dans le monde. Les questions soulevées sont difficiles et ne font pas l’unanimité chez les chrétiens. Bien entendu, aucune présentation n’est totalement neutre. Abordons donc cette série dans un esprit de « théologie systématique »: une présentation de plusieurs options avec leurs forces et leurs faiblesses, en laissant le soin au lecteur de se faire sa propre opinion, et appliquons-nous l’adage : “Dans les choses essentielles : unité ; dans les choses secondaires : liberté ; en tout : charité.” (Benoit Hébert)
Qu’est-ce que le théisme « ouvert » ? Introduction (Bruno Synnott)
Cette nouvelle série d’article cherchera à répondre au dilemme suivant : Comment Dieu peut-il connaître le futur si celui-ci est contingent (i.e. qui peut arriver ou ne pas arriver) et encore non-existant ?
Si nous disons que Dieu est intemporel (i.e. qui est indépendant du temps et ne varie pas avec lui) et omniscient (i.e. qui sait tout ce qui peut être connu, par exemple l’issue de toute chose), dans quelle mesure peut-il aujourd’hui même changer le cours des événements qu’il a décrété (calvinisme) ou connu (arminianisme) depuis la fondation du monde ?
Cette interrogation à la fois herméneutique (nous verrons comment se comprennent les prédictions messianiques) scientifique (comment comprendre la matière, le temps, l’espace, etc.) et philosophique (déterminisme ou indéterminisme?) soulève un débat passionné parmi les évangéliques depuis une vingtaine d’années et remet en question les notions traditionnelles du théisme[1]. Cette réflexion a poussé des théologiens tels que J. Sanders, C. Pinnock, G. Boyd, T. Van Oord et d’autres à formuler une conception renouvelée du théisme, appelé théisme « ouvert ». Sans renoncer aux attributs divins d’omnipotence et d’omniscience, le théisme ouvert renonce à certains concepts sous-jacents hérités de la philosophie grecque en faveur d’une compréhension philosophiquement compatible avec la science contemporaine, mais qui semble sacrifier certains passages bibliques.
Nous examinerons la question à l’intérieur des balises du protestantisme évangélique. Nous nous attarderons d’abord sur les réponses apportées par les deux principales traditions évangéliques, la théologie néo-calviniste qui accentue la souveraineté divine, et la théologie arminienne-wesleyenne qui accentue le libre-arbitre. Nous verrons finalement comment le théisme « ouvert », qui est une variante récente du théisme « libre-arbitre » arminien, cherche à aller plus loin en prenant en compte les plus récents développements en théologie, en philosophie et en science.
Pour vous préparer à cette série, je vous suggère l’article « open theism » sur Wikipédia. Il est vraiment complet et surtout donne une multitude de références et liens externes. Voir aussi les articles « John E. Sanders » le principal promoteur actuellement, « Clark Pinnock », un théologien évangélique canadien qui est passé d’une vision très réformée du salut à une compréhension néo-arminienne, avec une passion pour le renouveau charismatique qui, disait-il, comblait un besoin profond en lui. Parmi les blogs consultés pour cette série, il y a l’excellent blog de Thomas Jay Oord que nous avons rencontré à Oxford (http://thomasjayoord.com/), et Graig A. Boyd (un anabaptiste évangélique que j’aime beaucoup : (http://reknew.org/). Chez les scientifiques, mentionnons l’apport du pasteur anglican et scientifique de renom John Polkinghorne qui croit que l’option d’une prescience « courante » et non « exhaustive » va dans le sens de la science moderne. Bref, une série qui s’annonce palpitante 😉
NOTES
[1] On entend par « théisme » l’idée d’un Dieu personnel interagissant directement ou indirectement avec sa création. Le théisme se distingue du « déisme » où Dieu crée le monde et le laisse suivre son cours sans intervenir.
4 Articles pour la série :
- Qu’est-ce que le théisme « ouvert » ? Introduction
- Le théisme « calviniste »
- Le théisme « arminien »
- Le théisme « ouvert »