Cet article fait partie des compléments du Livre Origines de Deborah et Loren Haarsma – Cliquez ici pour le sommaire –
La découverte de la loi de gravitation universelle par Isaac Newton a été l’un des plus grands progrès des sciences dans l’histoire. En combinant ces théories avec les données expérimentales réunies par d’autres scientifiques tels que Johannes Kepler, Newton a montré que le mouvement des planètes autour du soleil, que celui des satellites naturels des planètes, et que la chute des objet à la surface de la terre étaient décrits par les mêmes lois simples et universelles. Newton était convaincu que la loi universelle décrivant l’attraction gravitationnelle était une preuve de la conception divine de l’univers.
Alors qu’il est facile d’écrire les équations de Newton, il n’est pas toujours aussi facile de les résoudre. Elles sont faciles à résoudre quand il n’y a que deux corps qui s’attirent (par exemple le soleil et une planète). La trajectoire de chacun est alors facile à prévoir. Mais dés qu’il y en a trois ou davantage, le système d’équations est pratiquement impossible à résoudre par le calcul manuel. Il faut alors avoir recours à des approximations. Il est extrêmement difficile de prévoir si les orbites des planètes seront stables ou non. Il est alors tout à fait possible qu’une ou plusieurs trajectoires deviennent instables. Notre système solaire est composé du soleil et de neuf planètes (si on compte Pluton qui n’est plus officiellement qualifiée de planète depuis août 2006 et la publication de l’Union Internationale Astronomique), et beaucoup de satellites naturels et de petits objets qui sont tous en interaction. En définitive, les orbites sont-elles stables ou pas sur de longues périodes de temps ?
Newton s’est battu un certain temps avec cette interrogation. Il ne parvenait pas à une conclusion définitive, et finalement, il a fini par croire que les orbites autour du soleil étaient instables. A chaque fois que deux planètes passent au voisinage l’une de l’autre, il y a perturbation de l’autre orbite. Newton pensait qu’à force d’accumuler de telles perturbations pendant des centaines ou des milliers d’années, certaines orbites seraient instables.
Comment les savants pouvaient-ils résoudre ce problème ? L’une des propositions était que Dieu envoyait une comète dans le système solaire de temps en temps (tous les 20 ou 30 ans ou tous les siècles). Cette comète avait précisément la bonne masse et la bonne trajectoire pour corriger l’orbite des planètes et les rendre stables.
Une génération après Newton, Pierre de Laplace a poursuivi les travaux de Newton. Il a mis en place des solutions approximatives plus performantes des équations de Newton. Laplace était capable de prouver que les orbites des planètes dans notre système solaire sont stables, sur des périodes de temps beaucoup plus longues- sans qu’il soit nécessaire de faire appel à une « intervention » divine spéciale. Quand Laplace a présenté son livre de mécanique céleste à l’Empereur Napoléon, on raconte que Napoléon a demandé : « M. Laplace, comment se fait-il que le Créateur ne soit pas mentionné dans votre livre de mécanique céleste ? »
Laplace aurait répondu :
Sire, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse.
On a cherché a interpréter cette phrase énigmatique de bien des façons depuis deux siècles. Laplace a peut-être voulu dire :
1 « Je n’ai pas du tout besoin de Dieu. »
Laplace était pourtant catholique, alors ce n’est probablement pas la bonne explication.
2« Je suis meilleur scientifique que Newton », peut-être a-t-il voulu montrer qu’il avait été un meilleur scientifique que Newton, puisqu’il n’avait pas eu besoin de l’hypothèse de la comète « divine ».
3Ou bien Laplace a-t-il voulu dire quelque chose de philosophiquement provoquant, comme : « Nous n’avons pas besoin de Dieu pour expliquer le mouvement des planètes, maintenant que nous avons une explication scientifique. » Si c’est ça que Laplace a voulu dire, alors il était en accord avec la notion moderne (mais non biblique) qui affirme que Dieu n’est pas impliqué dans les événements pour lesquels nous disposons d’une explication scientifique.
4Ou peut-être encore que Laplace voulait dire quelque chose du genre : « Nous n’avons pas besoin de faire explicitement référence à l’action divine pour calculer l’orbite des planètes. »
Quelle que soit la bonne interprétation, cet incident a soulevé des questions intéressantes. Supposons que les résultats de Laplace aient été différents. Supposez que l’hypothèse de Newton ait été la bonne. Supposez que Dieu ait fait le système solaire de telle façon que les orbites soient réellement instables, et qu’elles aient besoin d’une « correction » épisodiquement. Les chrétiens considéreraient-ils que c’est une bonne chose ? Supposez que vous soyez encore vivant après que Newton ait publié son travail, mais pas Laplace. Supposez que vous ayez été conscients que la stabilité des orbites des planètes était un mystère irrésolu.
De quel côté auriez-vous espéré que l’aiguille tourne ? Auriez-vous espéré que les progrès de la science finissent par expliquer que les orbites des planètes sont stables ou bien instables ? La réponse traditionnelle offerte par la théologie chrétienne, c’est que Dieu est libre de faire ce qu’il veut. Nous ne sommes pas dans la position de dire à Dieu ce qui est mieux ou moins bien. Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, la plupart d’entre nous aurait à admettre qu’ils ont une préférence personnelle. La stabilité des orbites donne l’impression d’une meilleure conception initiale du système solaire. D’un autre côté, l’arrivée d’une comète avec exactement la bonne masse et la bonne trajectoire pour corriger celle des planètes aurait été une preuve puissante de la providence divine.
Le problème a été réglé. Laplace avait raison : les orbites sont stables sur de très longues périodes. Il reste encore beaucoup de problèmes scientifiques à résoudre. Quand on étudie la cosmologie, la géologie et la biologie aujourd’hui, nous sommes confrontés à de nouvelles énigmes. Comment le système solaire s’est-il formé ? Existe-t-il d’autres planètes que la terre susceptibles d’accueillir la vie ? Comment les formes modernes de vie se sont-elles formées ? Si on examine les données scientifiques à propos de toutes ces questions, et que nous pensons à leurs conséquences théologiques, il nous faut être honnêtes avec nous-mêmes. Nous abordons ces questions avec nos propres préjugés, avec nos espoirs sur la façon dont on répondra à ces questions en définitive. Nous ne sommes même pas tous d’accord sur ce que ces préjugés devraient être. La meilleur chose à faire pour minimiser l’impact de nos préjugés est peut-être de prendre conscience que nous avons, et de se souvenir de cet enseignement biblique qui nous dit que Dieu est souverain sur les processus naturels et sur les lois naturels, comme sur les miracles qui sortent parfois du cadre des « lois » (descriptives et non prescriptives) naturelles.
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Traduction avec autorisation : scienceetfoi.com
—Loren Haarsma, “Does Science Exclude God? Natural Law,Chance, Miracles, and Scientific Practice,” Perspectives on an EvolvingCreation; Keith Miller, ed. Wm. B. Eerdmans Publishing Company, 2003.
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