Sous ce titre racoleur et provocateur (pardonnez moi !) se cache en réalité un problème philosophique plus profond que ce que l’on pourrait penser. Si Dieu n’existe pas et si nos pensées ne sont que le fruit d’une association de molécules organisées par le « Hasard », alors le bien et le mal, la justice et l’injustice n’ont que le fondement relatif que nous voulons bien leur donner en tant que société. Leur légitimité peut être remise en cause par chacun d’entre nous. Au fond est bien ce que je décide d’être bien, dans la pratique ce qui me donne le plus de plaisir. Les autres n’auront pas grand chose à me reprocher, si ce n’est que la recherche de mon bonheur pourrait bien contrarier la leur.
La pensée chrétienne est toute différente. Elle s’appuie sur ce que la Bible nous enseigne à propos de la nature et de l’homme. Dieu a donné à la nature des lois physiques au travers desquelles il agit en permanence. Quand il le souhaite, pour interpeler l’homme par exemple, Dieu peut bien entendu agir en dehors de ces lois, de manière subtile ou spectaculaire. Ces lois ont le mérite de rendre notre existence quotidienne possible. Leur régularité nous permet de nous organiser. La découverte de ces lois par la science fait partie du mandat divin de « dominer la terre », bien entendu dans le respect de ce cadeau de Dieu. Dieu a aussi donné à l’homme une loi morale révélée en partie dans l’Ancien Testament au travers des « 10 commandements », mais surtout dans la personne de Jésus-Christ, pleinement homme et pleinement Dieu. Tous les hommes ont « manqué le but », c’est la signification du mot « péché », mais cette loi morale reste gravée dans leur coeur par leur conscience. L’homme peut choisir d’étouffer cette voix intérieure, il peut rationnaliser sa rébellion. Dans son amour, Dieu continue d’appeler l’homme à se tourner vers son Fils Jésus. Bien entendu, l’homme reste libre de répondre positivement ou de rejeter cet appel. Pour le chrétien, il existe donc une base objective à la notion de bien et de mal, de justice et d’injustice. Cette référence se trouve dans la nature parfaite de Dieu manifestée dans le Christ.
J’aimerais au travers de cet extrait de « Beyond the firmament » de Gordon Glover vous faire découvrir cet auteur américain que j’affectionne particulièrement. Son bon sens est désarmant, son franc parler aussi.
Son livre est excellent, et à tous ceux qui lisent l’anglais, c’est une des meilleures lectures à faire pour tous ceux qui sont interressés par les problèmes d’interprétation de la Genèse en rapport avec les découvertes de la science. Il faut absolument visiter son blog et regarder la série d’excellentes vidéos tout à fait dans son style.
Dans une problématique volontairement exagérée, Gordon Glover traite du matérialisme philosophique, très souvent associé à l’athéisme évolutionniste.
L’univers matérialiste
Nous savons qu’il y a plus dans la vie que la matière physique, non pas parce qu’il serait possible de le prouver par déduction logique, mais par l’impossibilité du contraire. Le matérialisme, en tant que philosophie de vie, n’est tout simplement pas cohérent avec l’expérience humaine. Les réalités spirituelles qui transcendent l’univers sont nécessaires parce que, sans elles, l’univers serait moralement inintelligible et irrationnel. Les absolus immatériels tels que le bien, le mal, l’amour et la haine seraient sans signification, jetés en pâture au plus offrant. Dans ce type d’univers, chacun pourrait créer son propre système de moralité et il serait tout aussi valable que celui de n’importe qui d’autre. Cette idée à l’air plutôt séduisante, jusqu’à ce que le système de valeur de l’un n’empiète sur le système individuel de valeur d’un autre.
Par exemple, si quelqu’un disait qu’il faut tirer sur toutes les blondes, il n’existe aucune défense matérialiste contre une chose de ce genre. Toute tentative de montrer que c’est mal ou immoral ferait appel à des choses comme les droits de la personne, la liberté individuelle, le bien et le mal, la tolérance, l’acceptation des autres. Mais aucune de ces choses n’a de signification absolue dans un univers matérialiste. Elles peuvent signifier ce que chacun veut parce qu’elles ne sont que le produit de notre pensée, la création de notre imagination, qui est elle-même basée sur la chimie et la biologie. Le matérialisme interdit toute réalité transcendante qui existe en dehors de nos propres mécanismes. Des concepts comme le bien, le mal, le juste, l’injuste ne sont que des inventions humaines, issues de la nécessité d’un semblant d’ordre social pour le bien commun. Mais ultimement, ils ne sont que ce que nous disons qu’ils sont.
Si vous prétendez que le fait de tirer sur toutes les blondes est contraire à l’ordre social, un matérialiste peut tout aussi bien vous dire qu’il ne croit pas dans l’ordre social et que votre définition du bien ne s’applique pas à lui. En fait, s’il arrive à convaincre une majorité d’électeurs pour être d’accord sur l’exécution de toutes les blondes, il suffit d’en faire une loi, et qu’il en soit ainsi. Et s’il n’arrive pas à réunir cette majorité, tout ce dont il a vraiment besoin, c’est d’une minorité suffisamment puissante. Au fond, qui a besoin d’une majorité ? Après tout, dans un univers matérialiste, la seule autorité légitime est le pouvoir. La force fait le droit. Toute chose serait légitime, et toute autorité civile, familiale et ecclésiastique serait illégitime. Toute référence à une vérité transcendante est équivalente à la croyance au père Noël ou à la petite souris.
Ironiquement, les matérialistes jouissent aujourd’hui de la sécurité relative d’un univers moralement intelligible et tout en même temps, ils ne cessent de le déclamer audacieusement. Heureusement pour eux, ils n’auront jamais à faire face aux conséquences de leur propre philosophie parce que la plupart des gens, croyants ou non, savent très bien au plus profond d’eux mêmes qu’il y a des absolus moraux. C’est ainsi que la plupart des gens conduisent leur vie. Et même les athées les plus convaincus . Ils font leurs petites affaires dans la défiance tranquille de leurs croyances destructrices. Ils aiment leur famille, maintiennent une éthique dans l’exercice de leur profession, sont soumis aux autorités civiles, sont outragés par l’injustice humaine, ont compassion pour les autres, et ils croient que l’existence des hommes a un but et une signification.
Ce que ceci nous prouve ; c’est que le matérialisme, en tant que supposition, est en flagrante contradiction avec l’expérience humaine. Heureusement, certains matérialistes empruntent suffisamment d’idées aux croyants pour que leur monde athée ait un sens. J’ai donc l’idée que cela fait d’eux des croyants qui n’osent pas s’avouer. Lorsque vous discutez avec des gens comme ça, tout ce que vous avez à faire est de le leur faire remarquer et de les convaincre de « sortir de leur placard ». »