Jacques Arnould , dominicain français, né en 1961, est un philosophe, historien des sciences et théologien français, chargé de mission « sur la dimension éthique, sociale et culturelle des activités spatiales » au Centre national d’études spatiales (CNES). Jacques Arnould possède un diplôme d’ingénieur agronome et un doctorat en histoire des sciences et en théologie.(Description « Wikipédia »)
Jacques Arnould traite dans ce livre de la description et de l’histoire des mouvements antiévolutionnistes dits « créationnistes » et de leurs rapports conflictuels avec la science et la biologie évolutive en particulier. Après avoir fait un tour d’horizon des différents types de « créationnismes », l’auteur décrit l’émergence historique de ce mouvement aux E.U., le procès Scopes…puis nous en décrit l’extension de ce mouvement, en francophonie et partout dans le monde. Jacques Arnould aborde ensuite le créationnisme musulman.  Après cette analyse historique et sociologique, il entre davantage dans les questions de fond.

Jacques Arnould dénonce les méthodes pseudo scientifiques des créationnistes de la jeune terre. Les soit-disantes traces de dinosaures contemporaines de traces humaines, la remise en cause des méthodes de datation bien établies qui nous prouvent que la terre est ancienne…et il répond à quelques objections fréquentes de nature scientifique à propos de l’âge de la terre et de la théorie de l’évolution. Jacques Arnould traite aussi de la nature de la démarche scientifique et des méthodes d’interprétations de la Bible.  Avant de conclure, il résume ainsi sa position

« Dieu et Darwin, sans complexe. »

 

L’ouvrage de Jacques Arnould est très bien documenté, et je partage un certain nombre de ses préoccupations quant à l’influence des mouvements dits « créationnistes » dans la communauté évangélique dont je fais partie. Je suis toutefois mal à l’aise avec le ton sarcastique de l’auteur. Il dénonce sans ménagement ceux qui remplacent la science par des arguments non fondés et veulent l’imposer dans le système éducatif.

Je regrette toutefois qu’à aucun moment,  il ne soit aussi virulent pour évoquer l’utilisation tout aussi malhonnête de la théorie de l’évolution à des fins philosophiques athées. Pas un mot sur Dawkins ou Dennett. Cette dissymétrie de traitement est décevante, d’autant plus que si cet aspect du débat n’excuse rien, l’évolutionnisme  métaphysique explique en partie les réactions des milieux créationnistes à la théorie de l’évolution mal comprise.
Si je compare la démarche de Jacques Arnould avec celle de Francis Collins, ancien directeur du projet pour la lecture du génome humain et actuel directeur du NIH (National Institute of Health), je trouve dans l’attitude de Collins compassion pour des frères et sœurs dans la foi qui n’ont peut-être pas saisi toutes les découvertes de la science (Francis Collins est l’auteur de The Language of God , et fondateur de www.biologos.org ). Je ne retrouve pas la même empathie dans les propos de Jacques Arnould. Je crois pourtant que c’est dans cette attitude de cœur inspirée par celle du Christ que le fossé entre la science et une mauvaise interprétation de la Bible pourra se combler.

Benoît Hébert