Article 3 sur un total de 3 pour la série :
Survol de l'"introduction à la science et à la religion" d'Alister McGrath
Dans une série d’articles, nous survolerons l’excellent livre d’Alister McGrath, malheureusement non traduit en français « Science & religion » une nouvelle introduction. McGrath y aborde de manière très simple et très vivante les grandes questions qui nous préoccupent sur ce blog, en examinant « les aspects historiques, théologiques, philosophiques et scientifiques de l’interaction entre ces deux domaines. »
Je synthétise ici en quelques mots des paragraphes entiers qui argumentent et développent chaque idée maîtresse.
Dans notre très bref survol du chapitre précédent, nous avons souligné l’importance d’étudier l’histoire des rapports entre science et foi chrétienne pour comprendre l’état actuel de la discussion.
Alister McGrath aborde dans le chapitre 3 le premier débat historique majeur :
Copernic, Galilée et le système solaire.
Freud a affirmé que l’humanité avait subi au cours de l’histoire des sciences trois « blessures narcissiques » majeures : celles de Copernic qui nous démontre que l’homme n’occupe pas le centre de l’univers, Darwin qui démontre que l’homme fait partie de la longue chaîne de l’évolution, et Freud lui-même en toute immodestie que l’homme n’est pas le maître de son propre univers. Mc Grath aborde plus tard dans son livre l’évaluation de la foi chrétienne faite par Freud.
La révolution copernicienne a joué un rôle essentiel dans l’histoire des rapports science/foi, et dans l’histoire de l’interprétation biblique. Jusque-là, les textes bibliques avaient été interprétés à la lumière du modèle géocentrique de Ptolémée, décrivant une terre fixe au centre de l’univers, autour de laquelle les astres dont le soleil tournent.
McGrath décrit ensuite les découvertes de Copernic (1473-1543), Brahe (1546-1601) et Kepler (1571-1630)
« Il ne fait aucun doute que le modèle héliocentrique du système solaire a obligé les théologiens à réexaminer la façon dont certains passages étaient interprétés. »
Mc Grath distingue trois façons majeures d’interpréter la Bible
- L’approche littérale : exemple « Dieu a créé le monde en six jours de 24 heures. »
- L’approche allégorique, déjà dès le Moyen-Age, les premiers chapitres de le Genèse sont compris comme des récits poétiques ou allégoriques desquels on peut déduire des principes théologiques et éthiques, mais pas des récits historiques.
- L’idée d’»accommodation » : la révélation prend place dans des formes et des manières anthropologiquement et culturellement conditionnées, et on ainsi besoin d’être interprétées correctement. Calvin a joué un rôle majeur dans la popularisation de ce principe. « De la même manière qu’une maman humaine se met au niveau de son enfant, Dieu s’abaisse à notre niveau. »
La complexité de l’histoire de Galilée
« Les vues de Galilée ont initialement été accueillies positivement dans les cercles élevés de l’église catholique, en partie parce que Giovanni Campoli, favori du Pape, les estimait hautement. La chute de Campoli du pouvoir a fait perdre à Galilée ses soutiens, et c’est ce qui a ouvert le chemin à la condamnation de Galilée par ses ennemis. »
« Le réel problème était la façon d’interpréter la Bible. »
L’église a rejeté les découvertes de Galilée au nom d’une interprétation littérale de textes comme Josué 10 :12-13, dans lequel Josué commande au soleil de s’arrêter.
« La Bible doit être interprétée « selon l’interprétation commune et la compréhension des Pères Saints et des théologiens éduqués. » L’interprétation de Galilée en terme d’ »accommodation » a donc été perçue comme une innovation et a été rejetée pour cette raison. On n’avait jamais interprété les textes ainsi !
Galilée, victime de la lutte contre le protestantisme :
« L’idée que la tradition catholique était non modifiable a été un argument essentiel de la lutte contre l’essor du protestantisme du temps de Galilée….L’interprétation de Galilée était nouvelle, et donc fausse pour cette seule raison…Si l’on permettait à l’enseignement de l’Eglise catholique de changer sur un thème important, cela ouvrait potentiellement les digues qui conduiraient à des demandes de reconnaissance en orthodoxie de la part des protestants dont l’Eglise catholique avait rejeté jusque là les enseignements pour « innovation ».
Accepter l’interprétation de Galilée de certains passages aurait miné sérieusement les critiques catholiques du protestantisme, dont l’accusation majeure d’innovation théologique…Galilée a eu la malchance de se retrouver au milieu de ce tir croisé. »
https://scienceetfoi.com/ressources/chap-4-les-phases-de-venus/
https://scienceetfoi.com/ressources/extraits-lettre-galilee-a-archiduchesse-christine/
3 Articles pour la série :
Survol de l'"introduction à la science et à la religion" d'Alister McGrath
- Pourquoi faire dialoguer science et théologie?
- Pourquoi étudier l’histoire des rapports entre science et foi?
- Galilée, une question d’interprétation biblique