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Introduction

Lors d’échanges récents sur ce blog, un lecteur manifestait son besoin d’articles à propos de la réalité du péché et sur la manière de le vaincre. Dans un langage biblique, le péché est une force qui nous empêche d’être libre, nous poussant à accomplir des actes contre notre propre volonté. J’ai jugé opportun de partager cette fiche de lecture de Max-Alain Chevallier qui synthétise la pensée de Paul à ce sujet dans le Nouveau Testament.

Max-Alain Chevallier  a été enseignant-chercheur en Nouveau Testament à la faculté de théologie de Strasbourg et Président de l’Église Réformée de France dans les années 1970.


 

Max-Alain Chevallier, « La liberté chez Paul », dans : Souffle de Dieu, volume III, Paris, Beauchesne, 1991, p. 143-155.

Le vocabulaire lié à la liberté s’associe majoritairement aux écrits pauliniens dans le Nouveau Testament et se concentre principalement en Romains 7, 1 Corinthiens 7, Galates 4 et 5. Paul y développe sa thèse que l’homme n’est pas libre mais asservi, qu’il acquière sa liberté par grâce en Jésus-Christ.

 

1. Asservis

  • Asservis au péché – Pour MA Chevallier, Paul se sert d’Adam comme étant un type de l’humanité non comme cause héréditaire d’un premier péché. Paul présente le péché comme une aliénation de la chair. En termes plus modernes, quand le Moi domine ou décide de son « auto-nomie », l’homme perçoit en réalité ses propres limites, son incapacité à réaliser ses désirs même de dévotion. Il en vient à constater la prison de son corps « vendu (comme un esclave) au péché » (p.146).

 

  • Asservis à la loi – Si Paul a montré que les juifs ont pu tomber dans le piège de l’auto-justification (donc de l’orgueil) par la loi qui pourtant est sainte, ce piège demeure pour les chrétiens tentés de satisfaire le Moi par des pratiques légalistes au détriment du seul salut offert par grâce (cf Ga 2,16-21).

 

2. Libérés

  • Nous avons été libérés. Par Jésus Christ de cet esclavage du péché (poids de la chair et du légalisme). L’auteur Souligne l’aoriste utilisé dans le grec proclamant ces vérités, caractérisant le temps du passé. Pour Paul, c’est chose faite ! (L’aoriste en grec marque ce qui est ponctuel, il se rapproche du passé simple français).

 

  • Par la croix du Christ qui est présentée comme élément décisif dans la théologie de la croix de Paul. Ma Chevallier en rappelle les points principaux rattachés au contexte des Écritures (notions de sacrifice, rachat, solidarité filiale) avant d’insister sur des points plus « universels » qui montrent dans le Jésus crucifié « l’inverse de notre attitude de notre affirmation de soi de justification de soi » (p. 150). Jésus prend sur lui tout rejet, toute haine, toute question y compris ce qui touche à la présence de Dieu.

 

  • Appropriation – La croix met en évidence l’incapacité de l’homme. Paul trace alors la voie de la libération sous la forme d’un abandon par l’accueil de la prédication de la croix et l’engagement du baptême qui vient sceller la solidarité entre le Christ crucifié et nous.

 

3. Libres

  • Une grâce menacée – Si cette liberté est bel et bien acquise par grâce, nous devons cependant rester conscients et vigilants que nous la vivons dans des corps « exposés aux désirs de la chair » (p. 152)..

 

  • Une nouvelle obéissance – Mais nous avons reçu les « arrhes de l’Esprit » et selon Paul notre liberté consiste à obéir à la loi du souffle plutôt qu’à celle du péché ou de la chair. Et MA Chevallier dégage de la pensée de l’apôtre « une logique de salut » (p. 153) qui s’exprime au travers de la progression des temps et des modes des verbes qu’il emploie : de la croix du Christ comme un acte acquis dans le passé à la promesse de l’avènement futur du royaume de Dieu en passant par le présent de notre condition d’hommes libres en Christ, sans omettre les impératifs tels que « tenez ferme ! Marchez par l’Esprit ! »..

 

  • Se laisser mener par l’Esprit Saint sera l’exhortation finale de l’auteur à l’issue de sa réflexion à propos de la liberté chez Paul. Il ne faudrait pas que les impératifs de l’apôtre nous motivent à reprendre la main… Littéralement Paul nous invite à « marcher sous la poussée du souffle de Dieu » (p. 154), il s’agit donc bien de laisser l’Esprit produire son fruit en nous dont la caractéristique dominante est l’amour, et qui régira d’une manière nouvelle nos relations humaines « dans une authentique liberté intérieure et extérieure » (p. 154).

 

 

Crédit illustation : skeeze de Pixabay