Comme l’immense majorité de chrétiens évangéliques, j’ai très longtemps cru que Moïse était l’auteur indiscutable de la Genèse, et donc de Genèse 1-11 en particulier. Et comme la plupart des évangéliques, j’ai regardé d’un œil plus que méfiant toute affirmation ou tentative de laisser croire qu’il pourrait en être autrement. Quel argument avais-je à mon actif pour être aussi convaincu ? Pas grand-chose à vrai dire, mais sûrement un sentiment de sécurité dans l’option qui semblait la plus simple et la plus « évidente » a priori. Celle aussi qui était la plus largement répandue dans le contexte dans lequel j’évolue.

 

Comme un très grand nombre de spécialistes de l’A.T., j’ai aujourd’hui trouvé des raisons persuasives de croire que Genèse 1-11 a deux auteurs différents souvent qualifié de yahviste (J) et de sacerdotal (P). Je ne m’attends pas à ce que mes lecteurs évangéliques me croient sur parole, car il m’a aussi fallu qu’un grand nombre d’indices me soient présentés provenant du texte biblique lui-même, avec le plus souvent un retour au texte original. Je doute aussi qu’au format d’un blog, je puisse exposer toutes ces preuves issues de Genèse 1-11. J’espère tout au plus encourager ceux qui le souhaiteront à poursuivre leurs investigations dans la désormais très grande littérature disponible sur le sujet.

 

La vraie difficulté pour les évangéliques est que ces arguments pertinents sont souvent associés à une démarche théologique « libérale », qui remet en cause l’ »inspiration » des Ecritures par le Saint-Esprit. Heureusement, une nouvelle catégorie de théologiens est en train d’éclore, des croyants qui sont fermement attachés à la Parole de Dieu, mais qui ont aussi pris conscience de certains préjugés « fondamentalistes » d’interprétation, et qui sont aussi au courant des découvertes de la science et de l’archéologie qui remettent en cause certaines interprétations littérales et traditionnelles de Genèse 1-11. Pourquoi la Bible nous raconte-t-elle que l’homme et la femme ont été créés à partir de la poussière de la terre, alors que nous savons que l’homme et la femme ont été produits par un processus évolutif ? De même, il n’y a eu aucun déluge universel, les langues ne sont pas nées au pied d’une tour à Babylone.

 

Connaître les auteurs de ces textes inspirés, leur contexte culturel et historique est donc fondamental pour comprendre la Genèse.

 

La bonne nouvelle est que toutes ces informations sont aujourd’hui disponibles. La mauvaise est que cette information a du mal à se frayer un chemin dans la culture évangélique. Le paradoxe est que cette branche du christianisme connaît aujourd’hui la plus grande croissance. Il me paraît donc vital de faire un maximum d’efforts pour que cet enthousiasme s’accompagne d’une connaissance approfondie des Ecritures saintes, car « faute de connaissance, le peuple périt. »