Introduction (BH):

On entend souvent dire dans les milieux évangéliques: si personne n’était présent lors de l’évolution, comment peut-on savoir ce qui s’est passé? Si on ne peut pas reproduire l’histoire de la vie en laboratoire, la science ne peut rien en dire non plus…Cette idée repose sur une fausse conception de la méthode scientifique. Dans « Origines » publié par nos soins et disponible à la CLC ou sur amazon,  Déborah et Loren Haarsma, docteurs en physique, nous explique qu’il existe trois façons d’appliquer la méthode scientifique sur le schéma: observation, hypothèse, prédiction, test, invalidation ou validation de l’hypothèse: la science expérimentale, la science d’observation, et la science historique. Nous publions un extrait en rapport avec la science historique.

Trois méthodes d’investigation scientifique

Les trois méthodes d’investigation scientifique impliquent la construction de modèles (appelés aussi hypothèses ou théories). Un modèle scientifique a pour but d’expliquer le monde naturel par un jeu de relations de cause à effet. Il cherche à expliquer les résultats d’expériences et d’observations passées et à faire des prédictions sur ce que révéleront des expériences et des observations futures.

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Science historique

Une troisième méthode d’investigation scientifique est la modélisation du comportement passé d’un système, y compris des événements qui ont eu lieu avant qu’on ait pu les observer directement. En voici un exemple :

  • Une écologue se rend dans une forêt éloignée afin d’étudier son histoire. Elle commence par examiner un grand arbre qui est tombé récemment lors d’une tempête. Elle ramène une fine tranche du tronc au laboratoire et compte les cernes. Elle découvre qu’un cerne particulier datant de 131 ans est extrêmement fin (indication d’une sécheresse) et présente des signes de dommages modérés dus au feu. Elle fait l’hypothèse qu’une bonne partie de la forêt environnante a entièrement brûlé il y a 131 ans mais que cet arbre-ci a survécu. Sur la base du travail de son collègue qui étudie des incendies de forêt récents, elle fait des prédictions au sujet des autres arbres vivant dans la forêt : les plus grands montreront des dommages similaires dus au feu datant de 131 ans ; beaucoup des arbres plus petits se trouveront être âgés de 120-125 ans, ayant germé 5-10 ans après l’incendie. Pour vérifier cette prédiction, elle prélève des carottes de plusieurs arbres vivants et examine leurs cernes. Les résultats confirment sa prédiction : les arbres les plus vieux présentent des dommages causés par le feu il y a 131 ans, et une grande partie des plus petits arbres sont âgés d’environ 120 ans.

La science historique est courante en écologie, climatologie, astronomie, cosmologie, biologie évolutive, géologie et paléontologie. Le but de la science historique est de déduire l’histoire naturelle de systèmes tels que les forêts, les roches et les planètes. La science historique n’est pas directement accessible parce qu’aucun scientifique n’était sur place à l’époque pour faire des observations ; ces événements sont toutefois accessibles indirectement grâce aux traces qu’ils ont laissées. Comme un détective, un scientifique historique utilise les indices disponibles aujourd’hui pour en déduire l’histoire.

Comme la science d’observation, la science historique n’est pas contrôlée : les scientifiques ne pouvant pas remonter le temps pour modifier l’événement initial, ils doivent travailler avec ce qui s’est réellement produit. Les investigations de la science historique peuvent se répéter si de nombreuses situations historiques comparables sont accessibles à l’étude (telles que les nombreux différents arbres nés après le même feu de forêt). Dans certains cas, cependant, l’événement ne se répète pas (comme dans le cas de l’univers : il n’y a qu’un seul univers à étudier pour les cosmologistes), mais les scientifiques peuvent malgré tout découvrir des éléments de preuve qui les renseignent sur les processus naturels ayant eu lieu durant cet événement. La science historique peut être particulièrement utile pour vérifier si les lois naturelles demeurent inchangées au cours du temps, parce qu’elle récolte des données en rapport avec des événements qui se sont produits sur une échelle de temps aussi étendue que possible.

Fait important, la science historique fait des prédictions vérifiables, tout comme la science expérimentale et la science d’observation. Les scientifiques étudient couramment un seul système (tel qu’une espèce d’arbre ou un amas stellaire) ils construisent un modèle de son histoire et prédisent ensuite ce que de nouvelles observations leur montreront. Ces observations pourront porter sur d’autres systèmes similaires, ou elles pourront être faites sur le même système mais au moyen d’instruments différents. Dans un cas comme dans l’autre, les observations testent la prédiction, confirmant ou contredisant leur modèle historique du système.

Il faut les trois méthodes

Ces trois styles de science se mêlent les uns aux autres. Quand les expériences deviennent plus complexes et moins contrôlées, elles ressemblent d’avantage à la science d’observation. Les scientifiques pratiquant la science d’observation conduisent souvent des expériences en laboratoire qui les aident à mieux comprendre ce qu’ils découvrent. Les modèles utilisés dans la science historique dépendent d’observations actuelles, et l’observation de comportements actuels est plus utile si l’on a un bon modèle de l’histoire passée du système.