Article 2 sur un total de 7 pour la série :

Discussion à propos de "De la génétique à Dieu" de Francis Collins ♥♥♥


 Introduction (Benoît Hébert)

Nous collaborons depuis plusieurs années avec la fondation BioLogos, fondée par Francis Collins, dans le but de montrer à l’église et à chacun que le christianisme évangélique est tout à fait compatible avec les découvertes de la science moderne, et des sciences de l’évolution en particulier.

Merci à Marc Fiquet d’avoir pris l’initiative de résumer pour nous cet ouvrage!! Marc est un chrétien engagé, lecteur assidu de ce blog et désireux de contribuer positivement à l’émergence d’une génération témoignant de l’harmonie possible entre la Science et la Foi.

 

Discussion à propos de « De la génétique à Dieu » de Francis Collins, par Marc Fiquet (2a/4)

Suite de l’article : https://scienceetfoi.com/discussion-a-propos-de-de-la-genetique-a-dieu-de-francis-collins-par-marc-fiquet/

Dans cette deuxième partie, Francis Collins aborde « LES GRANDES QUESTIONS DE L’EXISTENCE HUMAINE« , à savoir : les origines de l’univers, de la vie sur Terre et le génome humain.

les origines de l’univers

Partant du constat que l’homme au travers des siècles n’a eu de cesse de démontrer sa fascination du fonctionnement de l’univers et de ses origines au travers des religions ou de la philosophie, l’auteur en vient à cette question :

 serait-il envisageable que la science et la foi puissent cohabiter harmonieusement lorsque nous soulevons la très importante question des origines de l’univers ?

Pour répondre à cette question, il faudra d’abord revenir sur ce qu’est la démarche scientifique qui consiste à émettre des hypothèses et à les vérifier à travers différentes expérimentations. Ainsi, la science avance à tâtons, corrigeant ou affinant ses modèles de représentation du monde. Une des difficultés pour la foi est de s’ouvrir aux nouvelles pistes empruntées par la science alors qu’elle aurait intégré et figé une vision ancienne des choses à son système de croyance.

Des découvertes d’Einstein, en passant par le principe d’incertitude d’Heisenberg (le fait qu’il soit impossible de connaître à la fois la vitesse et la position d’une particule !…) nous remarquons combien notre conception de l’univers a été bouleversée et particulièrement encore davantage au cours de ces 70 dernières années, concernant son origine.  Evoquant la théorie des quanta et le monde des particules,  l’auteur en conclut que

ces nouveaux concepts présentent un défi majeur à ceux postulant que le matérialisme devrait l’emporter sur le théisme sous prétexte que le premier serait plus simple et intuitif. »
Le principe du « rasoir d’Occam » qui suggère que la meilleure explication à tout problème donné est généralement la plus simple, paraît aujourd’hui  avoir été reléguée aux oubliettes par les modèles étranges de la physique quantique.

S’en suit un bref descriptif de la théorie du big bang accompagné de son lot de questions scientifiques et théologiques, et pour Francis Collins

Les récentes découvertes portant sur l’origine de l’univers sont propices à inspirer une appréciation mutuelle entre théologiens et scientifiques.

Avant de conclure :

 Je ne vois pas comment la nature aurait pu s’autocréer. Seule une force surnaturelle se trouvant à l’extérieur de l’espace et du temps aurait été apte à la façonner.

Nous abordons ensuite la formation de notre système solaire et de la terre :

 Toutes les différentes étapes de la formation de notre système solaire sont désormais parfaitement retracées et peu susceptibles d’être révisées. Presque tous les atomes de votre corps ont un jour cuit dans la chaudière nucléaire d’une ancienne supernova – vous êtes réellement faits de poussière d’étoile

En soulignant la complexité et la fragilité du processus conduisant à la vie, la question « obsessionnelle » d’une vie extraterrestre est posée. Sans chercher à démontrer  quoique ce soit, l’auteur se contente de préciser que ces questions ne devraient pas troubler ni invalider quelconque théologie.

Il s’attardera davantage sur le principe anthropique :

Ce principe émet l’idée que notre univers ne serait finement ajusté que dans le but de donner naissance aux hommes.
Les observations laissent en effet perplexe ou admiratif devant l’infinitésimale chance qu’avait la vie d’émerger dans les conditions que nous connaissons :

  • Sans la très légère dissymétrie entre matière et antimatière créées aux tous premiers instants de l’univers, « l’univers se serait rapidement transformé en radiation pure, et les gens, les planètes, les étoiles et les galaxies n’en seraient jamais venus à exister.« 
  • Comme le souligne Hawking : « si le taux d’expansion, une seconde après le big bang, avait été plus faible, ne serait-ce que d’1/ 100 000 million de millionième, l’univers se serait effondré avant d’atteindre sa taille actuelle » – l’existence d’un univers tel que le nôtre tient donc à un fil.
  • L’ajustement des forces nucléaire régissant les atomes permet également de constater la très faible probabilité pour que les atomes de carbone puissent être formés au sein des étoiles, et sans eux toute forme de vie semblable à la nôtre s’avère impossible !

15 constantes physiques ont été recensées dont les valeurs  exigent une extrême précision pour permettre l’émergence de la vie.

Les 3 réponses habituelles qui sont faites au principe anthropique sont :

1. L’hypothèse des multivers.
Nous habitons un univers parmi une infinité d’autres, et c’est celui là qui recèle les bons réglages des constantes pour que nous puissions apparaitre.

2. Il n’y a qu’un seul univers, le nôtre – fruit du hasard
Et c’est par un extraordinaire coup de chance que les constantes physiques sont compatibles  avec l’émergence d’une vie intelligente.

3. Il n’y a qu’un seul univers, le nôtre – créé
L’ajustement fin des constantes physiques ne procède pas du hasard mais de la volonté et « de l’action de Celui ayant créé l’univers en premier lieu. »

Pour faire son Choix parmi ces trois scenarios, Francis Collins rappelle que de nombreux scientifiques mêmes athées comme Hawking reconnaissent souvent la dimension théologique de cette question.
Puis il s’engage dans une réflexion :

le point 2 est disqualifié par sa trop faible probabilité, il faut trancher entre 1 et 3.
Dans une démarche de logique rationnelle pure, la solution 1 semble se détacher mais « elle ne remplit aucunement les conditions du Rasoir d’Occam » (si chères à la logique).
Pour le point 3, l’acceptation d’un être surnaturel ne posera guère plus de problème à admettre qu’il soit également à l’origine du réglage fin des paramètres de l’univers.

Mais la prudence de Collins s’affiche encore dans sa conclusion :

aucune observation scientifique  ne peut fournir une preuve absolue de l’existence de Dieu. Toute personne disposée à envisager une perspective théiste de l’Univers pourra toutefois voir le principe anthropique comme un argument intéressant en ce qu’il favorise l’idée d’un créateur

 Concernant  l’hypothèse de Dieu dans le cadre de la cosmologie,  Il résume le raisonnement théiste suivant :

Si Dieu existe, il est alors surnaturel.
S’il est surnaturel, il n’est alors pas limité par les lois de la nature.
S’il n’est pas limité par les lois de la nature, il n’y a aucune raison qu’il soit limité par le temps.
S’il n’est pas limité par le temps, alors il se trouve dans le passé, dans le présent et dans le futur.

Toujours en recherche d’une vision cohérente (physique et spirituelle) du monde, et devant les excès des interprétations littérales de la Genèse, il conclura son chapitre par cet avertissement de Saint-Augustin sur les dangers de « transformer les textes bibliques en traités scientifiques irrévocables » :

 À l’égard des choses extrêmement obscures et se trouvant bien au-delà de notre vision, nous trouvons dans l’Ecriture sainte des passages pouvant être interprétés de manière très différente, et ce, sans que cela porte préjudice à la foi dont nous avons hérité. Dans de tels cas, nous ne devrions pas nous précipiter tête baissée à prendre si fermement position pour l’un des points de vue qui, s’il était amené à être sapé (à juste titre) par de nouveaux progrès réalisés dans la recherche de la vérité, nous entraînerait dans sa chute.

(Saint-Augustin de la genèse au sens littéral)

 


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