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Discussion à propos de "De la génétique à Dieu" de Francis Collins ♥♥♥


 Introduction (Benoît Hébert)

Nous collaborons depuis plusieurs années avec la fondation BioLogos, fondée par Francis Collins, dans le but de montrer à l’église et à chacun que le christianisme évangélique est tout à fait compatible avec les découvertes de la science moderne, et des sciences de l’évolution en particulier.

Merci à Marc Fiquet d’avoir pris l’initiative de résumer pour nous cet ouvrage!! Marc est un chrétien engagé, lecteur assidu de ce blog et désireux de contribuer positivement à l’émergence d’une génération témoignant de l’harmonie possible entre la Science et la Foi.

 

 Discussion à propos de « De la génétique à Dieu » de Francis Collins, par Marc Fiquet (1/4)

 

Ce livre qui est la traduction du titre original « The Language of God » propose une approche très convaincante d’une harmonie possible entre science et foi.

Certes, l’aura de son auteur Francis Collins y est pour beaucoup puisqu’il ne s’agit pas moins que du Directeur du projet international sur le séquençage du génome humain.

 

Mais la modestie et l’intelligence de ses propos, la sincérité dans ce qu’il livre de son parcours personnel sauront sans nul doute interpeler le lecteur à prendre ce même recul  pour atteindre l’objectif qu’il décrit en introduction : « Beaucoup seront surpris par ces sentiments supposant qu’un scientifique rigoureux ne saurait également croire en un Dieu transcendant. Ce livre vise à dissiper cette opinion, en affirmant que la croyance en Dieu peut-être un choix totalement rationnel et que les principes de la foi sont, en fait, complémentaires des principes de la science. »

 

L’ouvrage se révèle autant agréable que facile à lire, la clarté de la pensée exprimée ici sera corroborée par de nombreux témoignages vécus et les thèmes scientifiques abordés sont vulgarisés avec talent et très nettement tournés vers le « grand public ». Cela n’empêchera pas pourtant un scientifique chevronné intéressé par ces questions d’y trouver également son compte, en témoignent les critiques très positives formulées outre-Atlantique à la sortie de l’ouvrage en 2006 par des journaux réputés tels que « Science ».

 

Introduction

 

Après l’objectif défini tel que rapporté plus haut ainsi qu’un bref état des lieux qui aurait tendance à laisser apparaitre des scientifiques athées face à des croyants fondamentalistes s’opposant à la science, l’auteur enchaîne : « Voici donc la question centrale de ce livre : en cette ère moderne de la cosmologie, de l’évolution et du génome humain, la possibilité d’une harmonie hautement satisfaisante entre les visions du monde scientifique et spirituelle est-elle encore envisageable ? Je réponds par un oui retentissant. »

 

Forts de cette proclamation, laissons-nous alors convaincre par les 2 affirmations qui suivent:

 « La science est le seul moyen fiable que nous ayons pour tenter de comprendre le monde naturel […] Mais la science est impuissante à répondre à des questions telles que « Pourquoi l’univers est-il né? », Quel est le sens de l’existence humaine ? », « Que se passe-t-il après la mort ? » »

 

Réfléchir à ces questions contribue à nous « donner une certaine vision du monde » affirme F. Collins qui ne dissimule pas son souhait : « ce livre […] suscitera je l’espère, le désir de regarder les choses avec davantage de profondeur ».

 

 

 

1ere PARTIE – « L’abîme existant entre la science et la foi » 

 

C’est sur la base de son témoignage personnel que Francis Collins nous donne de mesurer le fossé qui peut séparer faussement la science de la foi.

 

Je ne donnerai pas ici tous les détails que vous pourrez retrouver dans le livre, mais ce qu’il y a d’intéressant à relever dans ce que rapporte le scientifique, c’est la motivation qui l’a amené à se poser les questions qui le menèrent à la foi, à savoir l’existence d’une loi morale attachée à la vie de l’homme.

 

« La foi n’a pas représenté une partie importante de mon enfance. J’étais vaguement conscient de la notion de Dieu […] Je fus progressivement convaincu du fait que les équations et les principes de la physique pouvaient expliquer tout ce qui se trouvait dans l’univers. »

C’est en 3eme année de médecine qu’une question existentielle hanta le jeune homme : « Un scientifique tire-t-il des conclusions sans tenir compte des données ? Saurait-il y avoir une question plus importante dans toute l’existence humaine que ‘Existe-il un Dieu ?' »

 

Se mettant alors en quête d’une réponse, ce sont les écrits de C. S. Lewis qui répondirent le mieux  à ses « agitations intérieures ». L’homme pourvu d’une conscience est en proie au bien et au mal, « Mais cette notion est-elle une qualité intrinsèque à l’être humain ou uniquement un comportement consécutif aux traditions culturelles ? »

Nous suivons alors le raisonnement de l’auteur dans son cheminement personnel, interpelé par l’altruisme qui démontre un amour désintéressé et l’exigence d’une loi morale supérieure, pour aboutir à la conclusion quelques pages plus loin : « La foi en Dieu me semblait maintenant plus rationnelle que la non-croyance ».

 

Mais pour devenir solide, cette foi devait faire face au doute. S’ouvre alors un chapitre dans lequel nous retrouvons des questions ô combien connues mais traitée ici avec beaucoup d’intelligence et de dignité.

Pour saisir pleinement la pensée de l’auteur, il faudra se reporter aux pages complètes, mais voici en substance son analyse sur ces questions :

 

« L’idée de Dieu n’est-elle pas uniquement un désir d’exaucement ? »

=> dit autrement, l’homme a-t-il inventé Dieu afin de répondre à son angoisse de la mort ?

Mais que faire alors de ces moments de nos vies où sans raisons apparentes, des sentiments d’émerveillement ou de mélancolie nous entraînent bien au-delà du monde matérialiste pour nous faire « pénétrer dans une dimension spirituelle indescriptible ? »

 

« Alors, que devons-nous faire de ces expériences ? Et quelle est cette sensation de mélancolie que nous ressentons vis à vis de quelque chose de plus grand que nous même ? Ne s’agit-il pas de rien de plus que d’une combinaison de neurotransmetteurs atterrissant précisément sur les bons récepteurs, déclenchant une profonde décharge électrique dans une partie du cerveau ? Ou est-ce [..] un panneau de signalisation placé au plus profond de l’esprit humain indiquant quelque chose de bien plus grand que nous même ? »

 

Ni la réponse freudienne, ni la réponse matérialiste à ces questions ne satisferont l’auteur :

« En terme logiques simple, si l’on accepte l’idée selon laquelle Dieu serait une entité que les humains pourraient désirer, cela exclut-il la possibilité que Dieu soit réel ? Absolument pas. »

 

Ne faut-il pas au contraire, à partir de « cet argument de vœu pieux » en déduire que « ce désir du sacré, aspect universel ô combien étrange de l’expérience humaine, ne soit en fait pas un désir d’exaucement mais plutôt un indice désignant l’existence de quelque chose nous dépassant ? Pourquoi nos cœurs et nos esprits auraient-ils un ‘vide correspondant à la forme de Dieu’ si cet espace n’était pas destiné à être comblé ? »

 

« Qu’en est-il de tout le mal fait au nom de la religion ? »

=> Pour répondre à cette situation d’échec qui fait souvent obstacle dans une démarche sincère de recherche de Dieu, F Collins propose deux réponses :

 

1. Tout d’abord savoir constater tous les bienfaits émanant des religions sans se focaliser systématiquement sur leurs dérives. Par exemple il relève l’abolition de l’esclavage grâce à la ténacité de Wiliam Wilberforce ou la lutte jusqu’à la mort de Martin Luther King pour le respect des droits civils aux Etats-Unis.

 

2. Il faut savoir dissocier la foi qui répond à la loi morale universelle, des représentants des églises ou des religions qui en tant qu’êtres humains faillibles manquent à l’accomplissement de cette loi : « L’eau pure et vierge de la vérité spirituelle est versée dans des conteneurs rouillés, et les manquements de l’Eglise à travers les siècles ne doivent pas être projetés sur la foi elle-même, comme si l ‘eau en avait été le problème ».

Juger de l’existence de Dieu uniquement sur ce qu’en font les hommes est un piège dans lequel il ne faut pas tomber : « Jugeriez-vous de la qualité de ‘La flûte enchantée’ de Mozart sur la base d’une interprétation d’élèves de cinquièmes n’ayant guère eu le temps de la répéter ? »

 

« Un Dieu aimant accepterait-il que la souffrance existe dans le monde ? »

=> S’appuyant sur l’ouvrage de CS Lewis ‘Le problème de la souffrance’, l’argument s’énonce ainsi : « Si Dieu était bon, il souhaiterait rendre ses créatures parfaitement heureuses, et si Dieu était tout-puissant, il serait en mesure de réaliser ce qu’il souhaite. Or les créatures ne sont pas heureuses. Par conséquent, Dieu manque soit de bonté, soit de puissance, soit des deux. »

 

Le lecteur est prévenu que cette question délicate trouve certaines réponses tout aussi difficiles à accepter, mais il s’avère tout d’abord important de constater que la plus grande partie des souffrances dans le monde est attribuée à l’homme lui-même, « inventeur des couteaux, des fusils, des bombes… » le libre arbitre qui nous caractérise est bien souvent au service de nos désirs égoïstes et nous mène dans bien des cas à désobéir à la loi morale.

« Dieu aurait-il dû restreindre notre libre arbitre afin de prévenir ce genre de comportement épouvantables ? »

Nous devrions plutôt convenir de l’illogisme qui caractérise notre propre pensée vis-à-vis de Dieu quand nous lui demandons à la fois de nous donner le libre arbitre (au nom de la liberté) et celui de nous le refuser (pour nous préserver).

 

Bien sûr les expériences douloureuses de la vie (conséquence du libre arbitre) sont parfois difficiles à accepter quand elle nous touchent de près (l’auteur partagera un exemple particulièrement violent pour sa vie personnelle) et nous serions enclins à demander à Dieu, miracle sur miracle pour que soient épargnées nos vies ou celles de nos proches, « mais pour l’essentiel, le monde reste tributaire des faits inexorables que sont le libre arbitre et l’ordre de l’univers physique. Alors que nous pourrions souhaiter qu’un tel sauvetage miraculeux se produise plus fréquemment, force est de constater que l’interruption de ces deux forces mènerait au chaos le plus total. »

 

Le débat monte ensuite d’un cran en évoquant assez rapidement les catastrophes naturelles, le processus évolutif qui mettent à mal notre appréciation d’un Dieu bon pour proposer un changement d’angle radical dans notre conception de la souffrance, nous invitant à l’exercice difficile d’en mesurer les avantages pour nos vies au travers de cette question cinglante : « Avez-vous davantage appris sur vous-même lorsque les circonstances vous étaient favorables, ou lorsque la vie vous obligeait à affronter des défis, des frustrations et des moments de souffrance ? »

Et de reconnaître : « Le concept selon lequel Dieu pourrait œuvrer à travers l’adversité n’est pas une notion facile, et ne peut trouver d’ancrage ferme que dans une vision du monde embrassant un point de vue spirituel. Le principe selon lequel nous mûririons grâce à la souffrance est, en fait, quasi universel au sein des grandes religions du monde. […] Cette prise de conscience peut paradoxalement être pour tout croyant source de grand réconfort »

 

« Comment une personne rationnelle peut-elle croire aux miracles ? »

=> Les miracles sont une composante de toutes les religions du monde, le christianisme avec la résurrection du Christ en fait un fondement essentiel.

« Comment peut-on accepter de telles allégations tout en prétendant être un homme moderne rationnel ? »

 

Pour répondre à cette question, Francis Collins nous propose une analyse emprunte tout à la fois du bon sens du scientifique et de la foi  du croyant.

Il explique comment l’usage du théorème de Bayes peut nous aider à y voir plus clair dans certaines situations dites miraculeuses et montre également une grande prudence à crier trop facilement au miracle dès que l’on ignore les causes scientifiques d’un fait ou que l’on substitue Dieu au hasard.

Par exemple un gagnant du loto ayant eu recours à la prière démontre-il une intervention divine ou une réponse purement statistique du fait du grand nombre de joueurs pouvant requérir l’aide de Dieu ?

Nous pourrions résumer sa position sur cette question par la citation suivante qui conclura pour nous la première partie du livre : « Si comme moi vous admettez qu’il puisse exister quelque chose ou quelqu’un en dehors de la nature, il n’existe alors aucune raison logique de penser que cette force n’ait la faculté, en de rares occasions, d’opérer une intrusion. D’autre part, les miracles ne doivent survenir que très rarement afin d’éviter que le monde ne sombre dans le chaos. »


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