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Discussion à propos du "Labyrinthe des origines" d'Alfred Kuen


J’aimerais inaugurer une nouvelle façon de concevoir la discussion sur ce blog.

Mon but ne sera pas de prendre parti pour ou contre un livre, mais d’exposer la vision de l’auteur dans de courts résumés. Ce qui sera exposé ne correspondra donc pas forcément à ce que je pense. Cela ne correspond pas forcément d’ailleurs à ce qu’Alfred Kuen pense puisqu’à son habitude, il fait une synthèse d’opinions différentes.

J’entrecouperai ces résumés de questions ouvertes dont le but sera de nous faire réfléchir et  réagir.

Le premier livre choisi est donc le « Labyrinthe des origines » d’Alfred Kuen, aux éditions Emmaüs.

Source: Le regretté Philippe Gold Aubert a réalisé un excellent résumé de cet ouvrage sur son site. Je m’en servirai de point de départ pour notre première discussion.

http://www.science-foi.org/livres/kuen/print.htm

Chapitre 2 (suite): différentes lectures de la Genèse

 

« 3) La lecture concordiste
Le professeur Rohrbach, de Mayence, affirme sa foi dans le récit biblique de la Création, étonnamment correspondant aux faits actuels scientifiques, découverts jusqu’ici.

Beaucoup d’évangéliques y souscrivent, admettant une concordance fondamentale entre les données bibliques et scientifiques, valables pour tous les temps. Le déroulement des « Jours » correspond bien aux données de la science, si l’on admet que les « Jours » cités, correspondent à des périodes géologiques de longues durées, bien précisées par la science actuelle. »

L’ordre d’apparition de Genèse 1 correspond-il à ce que la science nous révèle ? Et si la correspondance était seulement partielle, aurait-elle encore un intérêt ?

Une branche de cette lecture pense à une évolution théiste. Dieu ayant défini les lois de la nature aurait alors laissé les différentes formes de vie se développer graduellement. Les théories des « jours-âges », et d’une création progressive sont aussi une forme de concordance. Elles impliquent des interventions périodiques de Dieu, suivies de longues périodes géologiques. Les soirs correspondraient à des périodes d’extinction de nombreuses espèces végétales ou animales.

Les chrétiens qui acceptent l’évolution sont-ils partisans de cette interprétation concordiste ? Que penser d’une action de Dieu a des moments particuliers pour donner le « coup de pouce » nécessaire ? Aurions-nous là la preuve de l’action divine dans la nature ?

Henri Blocher estime fausse l’idée qu’au 4e Jour seulement le soleil et les étoiles seraient « apparus », le terme écrit exprimant bien le sens de « créer » – bien que le texte n’utilise pas le mot important « bârâ » (= créé à partir de rien), comme pour les autres créatures.

 

Si Henri Blocher a raison et que le soleil n’a été créé que le 4ème jour, n’est-ce pas la fin de toute correspondance possible entre la science et le récit biblique ?

« 4) La lecture littéraire
Ce même auteur pense que le langage figuré n’est pas inférieur au texte littéral, et il propose « l’interprétation littérale » concernant la Semaine attribuée à l’œuvre de la création, en tant qu’arrangement artistique à ne pas prendre à la lettre, même si l’ordre indiqué correspond bien, grosso modo, avec la cosmogénèse. »

 

Y-a-t-il une différence entre interprétation littérale et littéraliste ? Le langage figuré est-il inférieur au langage littéral ?

Rohrbach, lui, parle de la théorie du Film, comme si l’auteur, tel un prophète le voyait se dérouler, Dieu lui parlant. A noter que, durant de longs siècles, ce chapitre a été lu et cru en Occident, comme étant l’ordre naturel de la Création. La lecture littéraire s’affranchit, elle, complètement du cadre chronologique, ce qui est difficile à accepter au vu de nos innombrables découvertes scientifiques modernes.

 

Pour quelles raisons Alfred Kuen trouve-t-il difficile de renoncer complètement à une interprétation chronologique ? Ses raisons sont-elles valables ?

 

5) Entre lecture littéraire et concordiste
Certains commentateurs pensent que l’étude des évènements de Genèse 1 est partiellement littéraire et concordiste. Comment pouvait-il y avoir un soir et un matin avant l’apparition du soleil? Ou des plantes et leurs fruits sans le soleil? L’esprit humain est friand de structures et de refrains… De la préparation à l’accomplissement, de la forme à la plénitude… On constate dans le récit comme un poème en 3 étapes successives : 1) la lumière séparée des ténèbres; 2) les eaux d’en bas et celles d’au-dessus du firmament; 3) le terre séparée des eaux. Le récit est construit sur 2 thèmes parallèles : à noter que cet ordre de la contingence est aussi fréquent dans le mode du fonctionnement scientifique (!).

Nous constatons bien une progression chronologique proche de ce que nous indique la science actuelle. Ne serait-il donc pas positif de combiner ces lectures dans un « concordisme modéré »? On constate bien qu’après des formes matérielles simples sont venus des développements de plus en plus complexes, pour aboutir à l’homme, ceci dans les deux formes de connaissance à notre disposition.

 

Cette façon d’interpréter la Bible ne donne-t-elle pas à la science le rôle ultime, celui de nous dire ce qui est concordiste et ce qui est littéraire ? Ne sort-on pas du fameux principe « sola scriptura »? Les croyants n’ayant pas les connaissances scientifiques modernes étaient donc condamnés à ne pas comprendre correctement ce texte ?

 

Ainsi l’auteur conclut ce chapitre par cette phrase : « Comment sortir de ce labyrinthe? »


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