crédit illustration : Peggy & Marco Lachmann-Anke de Pixabay

Introduction et commentaire (Science & Foi/Marc Fiquet)

Quand on s’intéresse aux questions science et foi, il peut être très utile de s’informer et de réfléchir aux différentes manières dont ces domaines pourraient interagir ou non. Chacun applique consciemment ou pas un modèle de relation entre ces domaines, il peut être enrichissant de chercher à l’évaluer ainsi que ceux utilisés par nos interlocuteurs.

L’article que nous présentons aujourd’hui fait partie des premiers « Faraday Papers » du Faraday Institute for Science and Religion de Cambridge. Il est signé par le directeur émérite de l’institution, le Dr Denis Alexander.

Denis Alexander part du constat que devant la complexité de chaque domaine et de leurs interactions, il n’est pas possible de proposer un modèle unique de relation. Cependant pour notre auteur, il est tout à fait possible de les évaluer, et il serait erroné de penser que tous se valent.

Quatre modèles de relation

Alexander propose une classification en 4 catégories assez proche de ce que propose le physicien et théologien Ian Barbour (voir notre série ici) :

  • Le conflit : la science et la religion sont en opposition fondamentale
  • La séparation stricte des magistères (NOMA). Les questions religieuses et scientifiques sont traitées séparément.
  • La fusion : « utiliser la science pour construire des systèmes de pensée religieux, ou vice versa. »
  • La complémentarité : La même réalité du monde est traitée sous des angles différents par la science et la religion de manière complémentaire.

Il n’est pas rare que l’on cherche à se dégager du conflit entre science et religion qui est pourtant devenu une posture assez courante et populaire. Alexander montre en quoi celle-ci tient plus à l’idéologie et à la rhétorique qu’ à une démarche qui irait de soi.

Dans les trois propositions suivantes, il met en avant les avantages de la complémentarité qu’on aime appeler dialogue chez Science & Foi, c’est également le modèle qui nous parait le plus pertinent.

La séparation a encore bonne presse dans certains milieux académiques en science comme en théologie, mais Alexander en montre bien les limites.

Quant à la fusion, elle peut s’exprimer sous différentes formes : le livre à succès Dieu – la science- les preuves, en est une bonne illustration en cherchant un lien direct entre la science et les preuves de l’existence de Dieu. L’approche très rependue dans le monde évangélique qui consiste à faire concorder certains versets bibliques avec les découvertes de la science moderne en est une autre forme.

Dans les catégories d’Alexander, le « créationnisme scientifique » d’une association comme Bible et science qui a animé en octobre 2022 un congrès à Mulhouse prônant une Terre jeune âgée de moins de 10 000 ans est à la fois dans le conflit (Bible et science moderne sont en conflit) et dans la fusion (prône une nouvelle « science » différente du consensus actuel en accord avec la lecture littérale de la Genèse). Chez Barbour, le « créationnisme scientifique » est seulement dans la catégorie conflit car une démarche qui dicte à l’avance les résultats de ses recherches ne peut se prétendre scientifique.

Consultez l’article pour en savoir plus sur chacun des modèles et pourquoi selon Alexander, la complémentarité entre science et religion s’avère plus solide que les autres modèles de relation.

Et vous, quel modèle vous parait le plus pertinent ?

Modèles pour articuler science et religion
Faraday Paper 3