B_Noel-1Comme vous le savez, Noël vient du latin « natalis » qui signifie « Naissance ». Noël célèbre la naissance – la venue au monde – de Dieu en la personne de Jésus-Christ. À elle seule, la fête de Noël résume la différence entre la foi chrétienne et toutes autres croyances qui existent. Elle affirme qu’avec la naissance de Jésus il y a plus de 2000 ans, c’est Dieu qui s’est fait homme. Et cela afin que l’homme puisse le connaître personnellement « et » collectivement, pour former un peuple renouvelé à son image.

Cette naissance fut dès le départ « très » controversée, car Jésus-Christ fut crucifié par les autorités politiques de son temps. Cette apparente faiblesse du Christ ne doit pas nous égarer. S’il était venu en lion, révélant « hors de tout doute » qu’il est Dieu, ne serions-nous pas plutôt « forcés » de croire et d’obéir en Lui ? Cette humilité démontre un grand respect envers la liberté humaine. Dieu ne veut pas régner en tyran. S’il réclame le trône de notre cœur, c’est parce qu’il voit que sans lui nous périssons dans nos péchés.
Voilà une naissance qui, depuis les échos de la voix de Marie parcourant les rues de Jérusalem, jusqu’aux inlassables appels des évangélistes de par le monde, fait naître la même question : que ferons-nous de Jésus ? Depuis sa mort et sa Résurrection, la Bonne Nouvelle est proclamée. Chaque être humain est convié à expérimenter Noël, la naissance de Jésus dans « notre » cœur, dans nos pensées, dans notre vie. Quoi ?! Recevoir Dieu comme un bébé, quoi de moins menaçant ? Un geste ultime d’humilité afin d’ôter un maximum de barrières entre nous et lui. Car un jour, lors de son retour, c’est sous un autre jour que ce bébé se présentera. Sous la forme d’un Roi devenu Souverain sur toute chose et devant lequel tout genou devra fléchir (Ph 2.5-11). Lequel des deux Jésus voulez-vous recevoir ?

 B_Noel-2Pourquoi la foi chrétienne s’est-elle imposée sur la philosophie grecque et le judaïsme ?

 

Un philosophe que j’aime beaucoup, Luc Ferry, a écrit ceci :

les chrétiens ont inventé des réponses à nos interrogations sur la finitude qui sont sans équivalent chez les grecs, des réponses, si j’ose dire, si performantes, si tentantes qu’elles se sont imposées à une bonne partie de l’humanité » [1].

Vous l’aurez deviné : Luc Ferry est athée, ce qui ne l’empêche pas d’être très intéressant dans ses analyses philosophique[2]. Regardons dans cet article pourquoi le christianisme s’est imposé sur la philosophie grecque et même la religion juive.

 

J’avoue avoir été amusé par cette idée que les chrétiens auraient « inventé » le christianisme. C’aurait été tout un exploit – avouez ! – pour l’humble charpentier Jésus de Nazareth et ses disciples – de simples pécheurs à peine instruits – d’avoir à eux seuls supplanté les plus profondes analyses philosophiques des Platon, Aristote, Pythagore, Parménide et j’en passe. Et de réussir – en plus ! – à renouveler la religion vénérable et millénaire du judaïsme, celle qui nous a donné les 10 commandements, les psaumes de David, la sagesse de Salomon…

 

Ferry attribue aux premiers chrétiens le mérite d’avoir supplanté la philosophie en apportant « des réponses à nos interrogations sur la finitude ». Il veut dire que le christianisme aurait su, mieux que les philosophies ou religions, répondre aux sentiments universels d’être mortel, de prendre conscience de ses limites, de la fragilité humaine, en sachant que tôt ou tard la souffrance et la mort sont au rendez-vous.

 

Il est vrai en que la naissance de Jésus puisse soulager les âmes troublées devant la mort. Et tant mieux si, comme les autres religions, elle inspire l’homme à faire le bien et à faire de lui une meilleure personne. Mais ces deux accents ne résument pas tout le message du christianisme. Celui-ci va plus loin : le cœur de l’enseignement de Jésus-Christ – pierre d’angle du christianisme – c’est qu’avec Jésus Dieu est « parmi nous » ! (Mt 1.23) Et « Dieu sauve » (Mt 1.21)

B_Noel-3Le « salut », terme au multiple sens qui signifie « délivrance », « guérison », « rachat », « victoire »… ne vient pas de l’homme, mais de Dieu. Aucune capacité intellectuelle (philosophie grecque), ni aucune appartenance ethnique doublée d’une capacité à observer rigoureusement les commandements divins (religion juive) ne peut procurer le salut. Il est une grâce donnée « individuellement et collectivement » aux hommes qui le demandent. Il s’obtient par la foi, en reconnaissant son besoin devant Dieu, notamment le besoin d’être réconcilié et délivré du péché qui nous emprisonne si facilement.

 

Noël a détrôné toutes philosophies, toutes religions, toutes idoles. Par la seule puissance d’un enfant-Dieu, geste ultime d’amour de Dieu. Oui,

 

Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui échappent à la perdition et qu’ils aient la vie éternelle (Jean 3.16).

 

 

Pour comprendre la nouveauté du christianisme par rapport à la philosophie grecque, il faut savoir que dans la pensée grecque, les philosophes croyaient dans le caractère « divin » du monde. Ce monde leur apparaissait rationnel, harmonieux et ordonné. Les stoïciens par exemple contemplaient, au-delà du « cosmos » c’est-à-dire l’univers divin, le « logos » – l’intelligence ou rationalité divine qui régnait sur cet univers. Ils s’en approchaient par la contemplation du monde spirituel, et cherchait à harmoniser leur vie avec lui en prenant la place que la nature leur avait assignée. C’était le but de la philosophie de parvenir à « faire un » avec le logos, au moyen de la « raison » – l’âme pensante en eux.

Mais ce logos était impersonnel et le salut une « dépersonnalisation ». Dans l’évangile le plus philosophique, Jean, l’auteur, réalise que la perfection divine – ce « logos » – s’est fait « homme », est devenu l’un d’entre nous ! C’est cette affirmation révolutionnaire de l’apôtre Jean dans son évangile qui bouleverse toutes philosophies et toutes religions:

Au commencement était celui qui est le logos (la parole) de Dieu. Il était avec Dieu, il était lui–même Dieu.  Au commencement, il était avec Dieu. Tout a été créé par lui ; rien de ce qui a été créé n’a été créé sans lui. » (Jean 1.1-2).

 

Jusqu’ici, rien de trop choquant pour un philosophe. Mais Jean va bien plus loin :

Celui qui est le logos est devenu homme et il a vécu parmi nous. Nous avons contemplé sa gloire, la gloire du Fils unique envoyé par son Père : plénitude de grâce et de vérité !  (Jean 1.14).

 

Ce logos a été touché et entendu !

Celui qui est la vie s’est manifesté : nous l’avons vu, nous en parlons en témoins et nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée pour nous. –  Oui, ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Or, la communion dont nous jouissons est avec le Père et avec son Fils Jésus–Christ.  (1 Jean 1.2-3).

 

Quelle philosophie ou religion oserait, si je peux m’exprimer ainsi, faire de Dieu un simple homme ? Quel homme oserait-il se faire Dieu ? C’est pourquoi Jésus-Christ, l’unique Fils de Dieu invite le monde à venir à lui. Pas adhérer à « une seule » religion, mais à Dieu lui-même, parce que lui seul à vaincu la mort et est ressuscité des morts.

Et moi, quand j’aurai été élevé au–dessus de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi. Par cette expression, il faisait allusion à la manière dont il allait mourir.  (Jean 12.32-33)

B_Noel-4Jésus a détrôné définitivement toute la sagesse grecque qui tentait d’élever l’âme pensante jusqu’à la raison divine. N’est-ce pas à ces gens « intelligents » et sages selon la raison que Paul écrit les lignes suivantes :

En effet, ce qu’on peut connaître de Dieu est clair pour eux, Dieu lui–même le leur ayant fait connaître. 20  Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient dans ses œuvres quand on y réfléchit. Ils n’ont donc aucune excuse, 21  car alors qu’ils connaissent Dieu, ils ont refusé de lui rendre l’honneur que l’on doit à Dieu et de lui exprimer leur reconnaissance. Ils se sont égarés dans des raisonnements absurdes et leur pensée dépourvue d’intelligence s’est trouvée obscurcie. 22  Ils se prétendent intelligents, mais ils sont devenus fous. » (Romains 1.19-22).

Car le logos a été manifesté aux hommes en Jésus. Car celui qui nous dépasse, le Tout-Autre, Dieu lui-même s’incarne et s’offre à tous moyennant la foi.

 

 

Du côté des autorités juives, l’étonnement fut sans doute aussi grand d’entendre l’hymne johannique consacré à l’incarnation du logos. Selon la réflexion sapientiale juive (la sagesse), le logos, c’est-à-dire « la sagesse divine », personnifié poétiquement procédait de Dieu et existait avant la fondation du monde. Elle participait à cette création (Voir Proverbe 22.8). Cette sagesse agissait auprès de Dieu faisant « tous les jours ses délices » (Pr 8.30). Elle a été envoyée sur terre pour y révéler les secrets de la vie divine (Es 55.10).

 

Les juifs furent donc très choqués à leur tour d’entendre que le logos avait été « personnalisé » dans la personne de Jésus. Que la sagesse soit médiatrice entre Dieu et le monde, ok. La sagesse avait inspirée la Loi et nous l’avions reçu de Dieu pour y obéir. Mais que la sagesse devienne une personne vivante, jamais ! Surtout que Jean prend la peine de dire que ce logos était « au commencement » avec Dieu et qu’il était Dieu. Comment le Dieu créateur, qui est à l’origine de tout, pourrait-il devenir un simple homme ? Comment Dieu pourrait-il s’abaisser à ce point, au point même d’être crucifié ? Comment pourrions-nous délaisser l’usage de la Loi et des Traditions pour obéir aux enseignements d’un homme qui se faisait l’égal de Dieu ? (Jean 5.18).

 

Mais voilà que Dieu n’a jamais voulu qu’on observe « une loi »  ni même qu’on observe un Ordre intelligent, mais il a voulu qu’on « le » Lui cherche par la foi. « Celui qui cherche trouve ». Voilà donc la grande révolution du christianisme : Dieu se laisse maintenant connaître en Jésus dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science. » (Col 2.3). « En Jésus, la vie, lumière des hommes » (jean 1.4).

Dieu est devenu l’un d’entre nous pour éclairer les hommes et leur apporter la vie.

 

Je le disais plus haut, toutes les religions poussent l’homme vers Dieu. Dans la pensée biblique, c’est toujours Dieu qui descend vers l’homme. Le divin n’est plus à trouver dans un monde « intelligible », « extérieur », accessible via la raison ou la sagesse. Il n’est plus seulement un être personnel qui se préoccupe « d’en haut » du sort des hommes. Il se trouve par la foi dans le monde, immanent à lui par le Saint-Esprit, et aussi dans un être personnel « et » incarné, qui plante sa tente dans ce monde pour détrôner tout mal et toute injustice faite aux hommes et à Dieu lui-même. Laisserez-vous donc le péché (ce qui nous fait manquer la cible) régner ou laisserez-vous Noël le détrôner ? Si c’est ce que vous le voulez, le Saint-Esprit est là prêt de vous, écoutant votre prière.

 

Pour ceux qui se trouveraient en ce moment dans le vestibule de la foi, mais qui n’osent sauter, par crainte… Jésus dit : « n’aie pas peur ». « Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi ».

Si quelqu’un me fait confiance, ce n’est pas en moi seulement qu’il croit, mais encore en celui qui m’a envoyé. Qui me voit, voit aussi celui qui m’a envoyé. C’est pour être la lumière que je suis venu dans le monde, afin que tout homme qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. Si quelqu’un entend ce que je dis, mais ne le met pas en pratique, ce n’est pas moi qui le jugerai ; car ce n’est pas pour juger le monde que je suis venu, c’est pour le sauver. Celui donc qui me méprise et qui ne tient pas compte de mes paroles a déjà son juge : c’est cette Parole même que j’ai prononcée ; elle le jugera au dernier jour. Car je n’ai pas parlé de ma propre initiative : le Père, qui m’a envoyé, m’a ordonné lui–même ce que je dois dire et enseigner. Or je le sais bien : l’enseignement que m’a confié le Père c’est la vie éternelle. Et mon enseignement consiste à dire fidèlement ce que m’a dit le Père. (Jean 12.44ss)

 

Poursuivons donc cette révolution aujourd’hui en acceptant que Noël règne sur nos vies. Que Noël détrône nos idoles et nos philosophies. Expérimentons personnellement et collectivement cette bonne nouvelle comme certains l’ont accueilli ; ils ont cru en lui.

A tous ceux–là, il a accordé le privilège de devenir enfants de Dieu. Ce n’est pas par une naissance naturelle qu’ils le sont devenus, ni sous l’impulsion d’un désir, ou encore par la volonté d’un homme; mais c’est de Dieu qu’ils sont nés.  (Jean 1.12-13).

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 Joyeux Noël !
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Bruno (et toute l’équipe science et foi)