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Dans cet entretien avec le théologien suisse Pierre Bülher sur Campus Protestant, nous découvrirons comment la surprise et par extension l’humour peut être un choix pertinent pour un dialogue fécond entre science et foi.

 

Quand science et foi font système

Tiré d’un chapitre du livre Science et foi font système (Labor et Fides, 1992) dont Pierre Bülher et l’un des coéditeurs, ce titre est révélateur d’une démarche qui pourrait surprendre. Pourtant comme le théologien l’explique, elle est le résultat d’un programme de recherche interdisciplinaires  menée dans les années 1990 à Neuchâtel visant à montrer les liens dynamiques qui pouvaient exister entre la science et la théologie, c-a-d à proposer une alternative aux modèles soit de convergence qui font converger ensemble les 2 domaines, soit de séparation qui figent les deux domaines dans les sphères complétement séparées. (voir ici pour un rappel des modèles de relation entre science et foi).

 

Les rencontres inattendues en science

la bissociation est l’inverse de l’association, elle définit un évènement inattendu, un effet de surprise qui permet la résolution d’un problème. On peut résoudre un problème par analogie, mais aussi par bissociation. Un des exemples les plus célèbre de bissociation est celui d’Archimède et son légendaire Euréka ! Il trouve le moyen de vérifier si la couronne royale était faite d’or pur ou non en entrant un jour lui-même dans son bain. Il remarque le niveau d’eau qui monte et fait le lien entre le poids de son corps et le volume d’eau déplacé. Il est alors en mesure de calculer la densité de la couronne en la plongeant dans l’eau.

 

L’humour comme surprise

L’humour également peut agir comme élément de surprise pour créer un lien entre deux choses de manière inattendue. Le rire du bouffon met en rapport deux choses qui n’ont a priori rien en commun.

Il y a plusieurs manières de considérer l’humour, ainsi l’humour du sketch des inconnus à propos de la définition du rires et  des philosophes sur Arté (« l’antématique, la susmatique, la postmatique »  peut-être vu comme un premier niveau, ou degré de l’humour.  Chez le philosophe danois Kierkergaard, l’humour est la capacité pour l’être humain de prendre de la distance par rapport à lui même, de prendre  conscience qu’il est toujours en rapport avec des absolus. c’est la collision entre ces absolus et la finitude de l’être humain qui pour Kierkergaard peuvent susciter des  interactions créatives.

Pierre Bülher donne alors un exemple en racontant une petite histoire drôle dont la chute est de nature existentielle (à découvrir dans la vidéo) 😀

Cette histoire montre comment certaines situations inattendues dans nos vies peuvent venir faire surgir des questions existentielles ou nous interroger sur le sens.

 

Des exemples historiques

Il y a dans l’histoire plusieurs exemples où l’humour vient interroger la science d’une manière existentielle sous les traits de l’humour.

Thalès de Millet tombe dans un puits alors qu’il scrutait le ciel à la recherche d’indices astronomiques. Sa servante lui lance alors : « comment veux-tu comprendre le ciel si te ne comprends même pas ce qui est à tes pieds ? ». Cette question renvoie à la portée des découvertes scientifiques, le ciel éloigné par rapport à la proximité de nos vies immédiates.

Lorsque Kepler découvre que les trajectoires des planètes ne sont pas des cercles parfaits ce qui correspondait plus à son idée de la perfection divine, mais des ellipses, il fait alors référence à la mythologie et au nettoyage des écuries d’Augias et confesse qu’après toutes ses recherches, il ne lui reste plus que l’ovale  comme une « charretée de fumier ».

Plus proche de nous, le  Bilogiste Albert Jacquard  illustre bien l’attitude de scientifiques qui sortent du registre strict de la science pour proposer des petites narrations à caractère théologique.  A la fin de son ouvrage L’héritage de la liberté (seuil, 1986), que Dieu le créateur constate que son univers est ennuyeux, sans surprise et que c’est cela qui le conduirait à créer l’être humain, « enfin un être qui pourra me surprendre, qui pourra me sortir d’un ennui éternel ».

 

La connaissance scientifique n’est pas déconnectée de l’existence

Cette façon de considérer l’humour est une manière de relever que la connaissance scientifique doit aussi avoir une réflexion sur ses implications dans l’existence humaine et permettre à l’être humain de découvrir ses limites, la finitude par rapport à la démarche tant scientifique que religieuse et ainsi d’avoir par l’intermédiaire de la connaissance un éclairage sur son existence.

 

 


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