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Le ciel c'est où ?


Le Ciel, c’est où ? Et Dieu… que sait-on de Lui ? Introduction à la série

(Une réflexion pastorale et « parascientifique » de Roger Lefèbvre)

Quand une famille perd un être cher, il n’est pas rare d’entendre un enfant demander : « Et maintenant, il est où, Papy ? – Il est parti au ciel, près du Bon Dieu. – Mais c’est où, le ciel ? – C’est là-haut, près des étoiles… » Depuis la première version du dessin animé Le Roi Lion, sorti en 1994, il n’est plus rare d’entendre des parents ajouter que le Papy décédé est devenu une nouvelle étoile dans le ciel. Et tout comme Simba, le jeune Roi Lion contemplant le ciel nocturne à la recherche de l’étoile de Mufasa, son père mort, voici désormais des enfants sondant le ciel à la recherche de l’étoile de leur aïeul. 

Pour leur part, quand des chrétiens perdent un être cher, ils ont l’habitude de se réconforter en affirmant : « Maintenant, il est au Ciel près du Seigneur. » Et bien sûr, ils ont tout à fait raison de le croire et de le dire. D’ailleurs, c’est aussi ma conviction concernant tous ceux qui ont donné leur vie au Seigneur au cours de leur pèlerinage terrestre. Pour les autres, nous ne savons rien de leur destinée, sinon que le Seigneur les traitera selon son amour et sa justice. 

Mais, chose curieuse, je n’ai jamais entendu des chrétiens s’interroger sur ce que nous appelons le Ciel, sinon pour dire que « c’est là où l’on se trouve dans la présence de Dieu. » Et ici encore, ils ont raison, et sans doute est-ce là l’essentiel de ce que nous devons savoir, puisque la Bible ne nous dit pratiquement rien d’autre qui puisse nous éclairer sur la nature du Ciel et de l’endroit où il se trouve.

Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort, afin que vous ne vous attristiez pas comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. En effet, si, comme nous le croyons, Jésus est mort et s’est relevé, alors, par Jésus, Dieu réunira aussi avec lui ceux qui se sont endormis.

1 Thessaloniciens 4.13-14

Une vie après la vie

Ce sont des passages bibliques comme celui-là qui nourrissent la conviction des croyants quant à l’existence d’une vie après la vie, faisant de cette espérance autre chose qu’un simple espoir. Car, quand on parle d’espoir, c’est quand on doute de l’existence d’une chose ou de son occurrence : « J’espère obtenir cet emploi. » Alors que l’espérance porte sur une chose certaine, mais dont on ne sait pas quand elle se réalisera : « J’attends le retour du Seigneur. » Bien que sans partager l’incrédulité des non-croyants, il semble toutefois normal que les chrétiens réfléchis, qui méditent sur le sens des Écritures, puissent se demander : « le Ciel, c’est où, c’est quoi ? » 

Indépendamment de toute réflexion chrétienne, on sait que depuis plusieurs dizaines de milliers d’années, Homo sapiens sapiens – et peut-être déjà Néandertal avec lequel il a cohabité quelques milliers d’années – ont enterré leurs morts avec divers ustensiles pouvant leur servir dans l’au-delà. Même si cette pratique semble n’avoir concerné que les personnages importants de leur époque, elle prouve au moins qu’ils croyaient à la survie des défunts dans un autre monde. Et sous une forme ou un autre, on retrouvera cette croyance dans la plupart des civilisations et des religions antiques. Tous ceux qui pratiquent la lecture de la Bible ne peuvent s’empêcher de penser à cet aperçu de la sagesse hébraïque :

Dieu fait toute chose bonne en son temps. Même il a mis dans leur cœur la pensée de l‘éternité [hébreu « ‘owlam », éternel, perpétuel, sans fin…], bien que l’homme ne puisse pas saisir l’œuvre que Dieu fait, du commencement jusqu’à la fin.

Ecclésiaste 3.11

Encore faut-il noter que dans le Nouveau Testament les chrétiens ne semblaient pas s’attendre à aller au ciel avant le retour du Seigneur. Car pour eux, comme pour les juifs de cette époque, la mort ouvrait plutôt sur le « séjour des morts », que les Grecs appelaient « les enfers » ; et qu’il ne faut pas confondre avec « l’enfer » des chrétiens : le lieu de damnation des réprouvés. Loin de se trouver au ciel, ce séjour des morts était situé en un lieu souterrain plus ou moins indéfinissable, où descendaient les âmes des défunts, en attendant le retour de Jésus et le jugement des nations. On retrouve d’ailleurs l’idée des morts séjournant dans un lieu souterrain, chez beaucoup de peuples différents.

Dans la Bible, la plupart des passages semblent présenter le séjour des morts comme un endroit qui accueille indifféremment les âmes de tous les défunts, justes ou injustes. D’autres versets, au contraire, semblent destiner cet endroit aux incroyants, alors que les justes rejoindraient « le sein d’Abraham ». Ainsi, Jésus raconte que

Le pauvre Lazare mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Le mauvais riche mourut aussi, et il fut enseveli. Dans le séjour des morts, il leva les yeux ; et, tandis qu’il était en proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein.

Luc 16.22-23

Mais rien ne dit que le sein d’Abraham, n’est pas un lieu distinct dans le séjour des morts, puisque l’on peut s’y parler d’un endroit à l’autre. Comme c’est une parabole, on ne sait pas si Jésus décrit une réalité, ou si ce récit en est seulement une illustration pédagogique qui reprend les croyances des juifs de son époque.

Cette dernière option est la plus plausible au regard des habitudes de Jésus.

Dans le même ordre d’idées, un débat subsiste à propos de l’état de conscience des défunts. Dans 1 Thessaloniciens 4.14, nous avons vu que l’apôtre Paul parle des morts comme de « ceux qui se sont endormis ». Jésus a fait la même chose à propos de son ami Lazare :

Jésus leur dit : Lazare, notre ami, dort ; mais je vais le réveiller. Les disciples lui dirent : Seigneur, s’il dort, il sera guéri. Jésus avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil. Alors Jésus leur dit ouvertement : Lazare est mort.

Jean 11.11-14

De tels versets est né l’idée que la mort est semblable à un sommeil. D’où la pensée que les morts demeurent inconscients jusqu’à la résurrection. 

Mais de façon très étrange, l’apôtre Pierre confirme plutôt un état de conscience capable de repentance et de conversion chez les défunts ! Une chose étrange, puisqu’il est le seul à suggérer que, entre sa mort et sa résurrection, Jésus serait allé prêcher aux âmes des incroyants de l’Ancien Testament.

Ayant été mis à mort quant à la chair, mais ayant été rendu vivant quant à l’Esprit, Jésus est allé prêcher aux esprits en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsque la patience de Dieu se prolongeait, aux jours de Noé…

1 Pierre 3.18-20

Comme pour compliquer davantage le débat, Jésus parle de son entrée immédiate au Paradis lorsque, sur la croix voisine, l’un des brigands lui dit :

Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne. Jésus lui répondit : Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis.

Luc 23.42-43

De façon sans doute discutable, certains croyants tirent parti du témoignage des personnes qui ont connu un coma dépassé pour confirmer cet état de conscience post mortem en arrivant aux portes du Ciel. L’apôtre Paul semble même le confirmer pour avoir fait le même voyage :

Je connais un homme en Christ, qui fut, il y a quatorze ans, ravi jusqu’au troisième ciel. Si ce fut dans son corps, je ne sais, si ce fut hors de son corps je ne sais, Dieu le sait. Mais je sais que cet homme (…) fut enlevé dans le paradis, et qu’il entendit des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à un homme d’exprimer.

2 Corinthiens 12.24

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